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Pile ou face – Annie-Danielle Grenier

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Ce texte est extrait du #26 spécial Médias sociaux.

Les réseaux sociaux ont bouleversé notre quotidien. La vie de plusieurs s’est littéralement transformée grâce — ou à cause de —Facebook et Twitter. Pendant longtemps, Facebook a été le seul contact d’Annie-Danielle Grenier avec le monde extérieur.

«J’ai toujours été une fille super active. À 24 ans, je commençais à me tailler une place dans mon domaine, la danse. Parallèlement, je travaillais à temps partiel à l’hôpital Sainte-Justine pour arriver à payer les factures, je faisais de la politique jeunesse… Puis, soudainement, je suis tombée malade. J’ai attrapé deux virus et je ne m’en suis jamais remise.

Personne ne savait ce que j’avais exactement. Aucun médecin n’arrivait à poser un diagnostic précis, ce qui a fait que je n’ai pas eu droit aux assurances. Peu à peu, j’ai tout perdu. J’ai dû retourner vivre chez mes parents, parce que j’étais incapable de travailler et d’arriver financièrement, mais aussi parce que c’était rendu dangereux pour moi de vivre seule, étant donné que je m’évanouissais souvent. J’ai perdu pratiquement tous mes amis. Même les cartes de Noël virtuelles que j’envoyais restaient sans réponse. Les gens n’aiment pas les personnes malades. C’est plate, c’est inconfortable. Plusieurs entretiennent des préjugés, croient que tu fais semblant ou que c’est dans ta tête que ça se passe. En gros, ma vie sociale a pris un gros coup.

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C’est ici que Facebook est entré en ligne de compte. Quand tu es pris à la maison, que tu n’as jamais la force de sortir, un réseau social comme celui-là peut te permettre de garder un contact avec le monde extérieur. Avant d’être inscrite, je voyais seulement mes parents ou presque et je parlais aux peu d’amis qu’il me restait environ une fois par mois. Après mon inscription, je me suis mise à communiquer avec des dizaines de personnes pratiquement chaque jour. Tranquillement, j’ai renoué avec des anciens collègues et des copains. Il y a eu des moments où c’était déprimant, d’être confrontée à la vie «normale» de ces gens-là, à ce qu’ils étaient devenus et à ce que moi je n’étais plus. Pendant qu’eux mettaient des photos de leur nouvelle maison, de leur bébé, de leur mariage ou de leurs voyages sur leur profil, moi, j’avais de la difficulté à survivre à la routine et j’essayais de me trouver des statuts pas trop pathétiques…

Malgré ça, Facebook m’a aidée à me sentir mieux, car dans les moments les plus difficiles, il y avait toujours quelqu’un pour m’envoyer un petit mot d’encouragement. Les gens me disaient ce que la gêne ne leur permettait pas de me dire lorsqu’on était face à face. On m’a dit que j’étais courageuse, que j’étais forte, alors que jamais je n’aurais cru pouvoir projeter cette image. Je n’ai pas arrêté d’être malade grâce à Facebook, mais cet outil m’a certainement permis de mieux vivre avec ma nouvelle réalité.»

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La suite à lire dans le #26 spécial Médias sociaux.

Autre témoignage de Pile ou Face : Patrick Delisle-Crevier, Rachelle Houde, Francine Deshaies.

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