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Avant, il n’y avait rien. Du moins, pas grand-chose. Puis, les frères jumeaux Tomus et Tomulus ont eu la bonne idée de créer MySpace.
Tomus, jaloux de Tomulus parce que celui-ci avait plus de friend requests, tua son frère, hacka son compte et droppa le «?us?» à la fin de son nom. Tom était né et il pouvait régner en maître absolu sur son Empire…
22 mars 2010 11:11
Transportons-nous en mars 2005.
L’artiste-anciennement-connu-sous-le-nom-de-Ghislain-Poirier et moi sommes dans une automobile et nous parlons technologie. La conversation doit ressembler à ceci:
–Moi: Coudonc, as-tu vu ça, cette affaire-là de MySpace? J’ai vu que Prefuse 73 pis MF Doom avaient ça? C’est quoi?
–Poirier: Je m’en suis fait un moi aussi la semaine passée. En gros, c’est comme une plate-forme web pour que les musiciens puissent partager des tounes et des photos, pis discuter de leur musique. Un peu comme un dossier de presse en ligne, mais ouvert à tout le monde. Tu devrais t’en faire un toi aussi…
–Moi: Ouin, mais je suis pas musicien…
–Poirier: Pas grave. En te logguant, t’as accès à plus de contenu.
Je n’ai pas immédiatement suivi les conseils du maître, mais j’étais tout de même curieux. Plus les semaines passaient et plus le réseau routier de l’Empire prenait de l’expansion. Des communications étaient maintenant possibles avec des villes dont nous ignorions jusqu’alors l’existence. Ces endroits se nommaient: Omnikrom, Numéro (sans # dans le temps) et John-E-5. En Gaule, ils se nommaient Butter Bullets, Yelle et Charly Greane.
Pour eux, les voies myspaciennes étaient de train de devenir le moyen le plus efficace pour relayer de l’information et au-delà de tout ça (nous le découvrirons plus tard), elles constitueraient aussi le ciment de cette civilisation.
Pendant un an, j’ai résisté à la toute-puissance de l’Empire, même si, plus souvent qu’autrement, je me retrouvais à espionner ce qui se déroulait dans ses camps. Les stratèges de guerre myspaciens m’intriguaient au plus haut point. Puis, un jour de juin 2006, mon ami réalisateur Gabriel Allard-Gagnon, celui-ci me demanda:
–As-tu ça, toi, Guindon, un MySpace?
–Non.
–En tout cas, tu devrais!
–Pourquoi?
–Ben… c’est hot!
L’âge d’or de l’empire
La splendeur de sa rhétorique m’avait épaté et j’ai alors compris que m’ouvrir un profil MySpace pourrait m’aider à promouvoir mon blogue personnel. L’effet fut exponentiel. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire «View My Profile», le réseau routier de MySpace traversait déjà ma ville nouvellement fondée de toutes parts. Ainsi, le trafic généré était fabuleux économiquement parlant et de nouveaux partenaires commerciaux engendraient des exportations et des importations.
Cette prospérité toute récente avait de nombreux avantages: une pléiade d’habitants commencèrent à peupler ma ville, plusieurs accords de libre-échange eurent lieu et bientôt toutes ses sphères d’activité entrèrent en pleine ébullition, abreuvée par un aqueduc qui comblait notre soif de savoir culturel.
À l’hiver 2006-2007, cette civilisation connaissait son apothéose sans le savoir et son influence était omniprésente: dans le langage courant, dans les changements de valeurs, dans la philosophie, dans les habitudes vestimentaires, dans le commerce, etc. MySpace était à l’apogée et rien ne semblait pouvoir menacer les fondements de l’Empire.
Rien, sauf lui-même…
La suite à lire dans le nouveau Urbania Spécial Médias Sociaux, déjà en kiosque.
Autres extraits du numéro spécial Médias Sociaux : La brebis noire, Nouveau salon mortuaire, Portrait non autorisé, Qu’est-il arrivé avec Genviève Dionne ?