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Auparavant repaire de beuverie entre hommes, en raison d’une loi de Maurice Duplessis qui y interdisait l’accès aux femmes, la mythique taverne québécoise est maintenant considérée comme un lieu plus ou moins salubre dans lequel il fait bon se retrouver pour ingurgiter quelques bocks glacés. Bien au-delà de ce qui la différencie au sens légal d’une brasserie ou d’un bar, la taverne se définit officieusement par son incroyable capacité à figer le passé dans tout ce qu’il a de plus miraculeux : des prix dérisoires, des tables collantes et, surtout, des affiches de bières désuètes en guise de décoration.
Décidés à trouver la plus authentique taverne qui soit, nous poursuivons cette évaluation approximative des plus prodigieux débits de boisson avec le bar Des Ormeaux, une grande réussite de Tétreaultville.
AMBIANCE
En dévalant la brillante rue Hochelaga vers notre lieu d’amusement convoité, nous tombons sous le charme d’une horde de commerces qui fait chaud au coeur.
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Un jeu de mots tellement bon qu’il en devient violent.
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Une addition qui parait simple, mais qui pourrait en fourrer une couple à Hochelag.
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Difficile de résister à ce menu écrit en Comic sans MS.
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Nouveauté dans le monde des comptables : le montant d’un rapport d’impôts se calcule en nombre d’ordinateurs que tu as chez vous.
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Signe d’un dépérissement brutal de nos valeurs québécoises, la mode vegan a fait son chemin jusque dans l’extrême est de la ville. On parle ici d’un point de non-retour.
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En tournant au coin de la rue Des Ormeaux, nous apercevons la devanture de notre bar, qui a sans doute été designée par un illustrateur de Safarir en 1995.
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Après avoir tenté instinctivement de forcer la porte en tirant comme des défoncés, on réalise qu’on n’entre pas au Des Ormeaux comme on le veut. Ici, vous êtes chez eux.
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La musique qui nous casse les oreilles lorsqu’on pénètre l’endroit dérange par sa facture hip-pop désagréable. Un seul coup d’oeil à la liste des chansons les plus jouées vous convaincra que ceci n’est pas qu’une manigance du hasard.
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Heureusement, notre beau Gildor est toujours là pour nous sauver.
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SERVICE
En ce vendredi soir particulièrement pas occupé, c’est Mélanie qui a la mission de peser sur un buzzer lorsqu’un client sonne et, accessoirement, de nous abreuver convenablement.
Souriante et très serviable, notre serveuse nous gâte avec un jeu de mot classique de la taverne québécoise, mais ô combien rassurant.
« Je te prendrais une grosse », demande-je, candidement.
« Malheureusement, elle est pas sur le menu », me répond-elle, sourire en coin, oeil droit sur le bord de cligner.
ALCOOL
Après avoir précisé le genre de grosse qu’on voulait, Mélanie sort l’artillerie lourde : la Sainte Trinité des breuvages houblonnés.
Difficile d’être mieux sur la Terre en ce moment.
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PRIX DÉRISOIRE
Avec 20$, t’as assez pour te gunner deux grosses Labatt 50 pis te gâter avec un 5$ aux machines.
Impressionnant.
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La petite Canadian à 3,50$ s’avère aussi une pas pire aubaine, contrairement au Breezers à 6,50$. Le petit buck en fût à 2,75$ devrait à lui seul vous convaincre de faire 37 minutes de char sur la chic rue Hochelaga pour venir boire une bière jaune qui manque de pétillant. Heureusement, il y a du sel sur place.
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Pour ceux qui n’aiment pas l’activité bien trépidante de boire sa bière en attendant de l’avoir finie, les mercredis au bar Des Ormeaux semblent être l’option la plus pas pire pour avoir un niveau de fun notable en dépensant pas trop.
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BOUFFE
La petite fringale nocturne du vendredi soir s’installe tranquillement.
« Y a tu de la bouffe ici? » demande-je à notre excellente Mélanie.
« À part moé, y a rien à manger », répond-elle, avec un sourire en coin à peu près similaire à y a 12 minutes.
Décidément, le bar Des Ormeaux se magasine une place DE CHOIX dans ce classement.
PROPRETÉ
Bien poussiéreuse, cette plinthe électrique bosselée s’agence plutôt bien au sol blanchi de calcium et au mur approximatif.
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Si les cicatrices au visage d’un humain sont le reflet de ce qu’il a vécu, il en est de même des trous, des scratchs et des glitchs de peinture d’un mur.
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Si ce bar était un humain, il serait un vétéran qui a connu le Golfe, le Kosovo et qui a failli pousser sa luck jusqu’en Afghanistan.
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L’intérieur de sa tête est poussiéreux. Il a besoin d’une aide psychologique pour traiter ses traumatismes.
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CLIENTÈLE
2-3 piliers de taverne accoudés au bar, 2-3 gars dans la trentaine qui jouent une game de dards entre deux breaks de cigarettes, voilà l’essentiel de la faune qui nous entoure ce soir. Ça manque d’action, et c’est tant mieux.
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DÉCORATION/MOBILIER
Juché au milieu du bar, le conduit d’aération en métal est synonyme de réussite dans le monde de l’architecture moderne.
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Avis aux intéressés, ça débouche ici.
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Autre chose de très beau : l’air climatisé le plus subtil de l’histoire.
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Vue latérale.
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Il n’y a pas que le métal qui règne au Des Ormeaux, il y a aussi le rock.
On y trouve notamment cet imprimé qu’on retrouve dans les apparts de tous les mononcles célibataires de 60-65 ans.
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Sauf dans des discussions entre auditeurs de CHOM, il est assez rare que la fierté canadienne RUSH soit accompagnée du mot BRAVO.
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Rock et hockey : voilà les deux seuls intérêts importants de tout pilier de taverne.
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Des prix époustouflants.
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La décoration artisanale fait bonne figure également. Les deux seules femmes à part Mélanie qui viennent annuellement au bar seront conquises par ce brillant aménagement féministe.
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Beau aussi.
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Super!
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Plus abstrait, mais tout aussi convaincant.
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TOILETTES
Tout près des toilettes, ce congélateur pique la curiosité.
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La vie peut être décevante parfois.
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Les portes western qui mènent aux toilettes sont d’une beauté rurale à couper le souffle.
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Cet objet ventilé rappelle la déco métallique du bar. Habile.
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La saleté du plancher des toilettes rappelle celle du plancher du bar. Habile.
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Ce cadenas pique à peu près autant la curiosité que le congélateur du corridor, donc pour éviter d’être déçus, nous ne tenterons pas de l’ouvrir de force.
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RAPPORT À LA TECHNOLOGIE
Signe indiscutable que l’évolution technologique contamine tranquillement toute la métropole, il y a deux machines Interac au Des Ormeaux.
Ridicule.
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Mais pas aussi ridicule qu’un compteur ÉLECTRONIQUE de dards…
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Au moins, le filage ostentatoire nous rassure.
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La powerbar fait ici un hommage à Vertical Limit, film d’alpinisme classique des temps modernes avec l’excellent Chris O’Donnell.
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BILAN DE L’ÉVALUATION
Franchement ivres, nous prenons soin d’écrire sur une napkin le résultat de nos différentes observations. Pour chacun des 10 critères, la taverne bénéficie d’emblée d’un total de cinq points, auxquels sont ajoutés ou retirés des points en fonction des motifs précédemment évoqués.
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Bilan de l’évaluation : 77/100
BONUS : Une terrasse de sept pouces (+1)
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De la vaisselle pas faite (+1)
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Interdiction de fumer (-1)
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Du personnel à qui on doit rappeler qu’il est interdit de fumer (+1)
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Gestion responsable (-1)
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Pas interdit de jouer à trois machines (+1)
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Pas interdit d’en acheter (+1)
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Une playlist qui commence TRÈS bien (+1)
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Le journal du peuple (+1)
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LOOOOOOOOOOOOOOOOOOOL (+1)
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Note finale : 83%
Classement
Bar des chums : 92 %
Bar de nos aïeux : 86,49%
Sel et Poivre et Bar Des Ormeaux : 83%
Bar Rocky : 81,45%
La Caserne 40 : 79%
Gaspé Broue et Funki Munki : 78 %
Bar Dickson et Bienvenu Bar Salon : 77 %
La Chic Régal : 76,5 %
Taverne La-Paz : 76 %
La Remise : 71%
Bar Le Gagnant : 70 %
Brasserie Québécoise 2006 : 66 %
Primetime : 65 %
Bar 99 : 61 %
Bruno Sport Bar : 60%
VV Taverna : 49 %
Idéation et/ou photos : Olivier Boisvert-Magnen, Dyllan Labonté-Morin, Maxime Desroches, David Labrosse et Youness Elhariri.