Elle est apparue sur l’écran de ma télévision comme une comète, un beau vendredi soir de printemps, en 2022. Je ne l’ai pas du tout vue venir et une fois passée, je me suis demandé si je l’avais hallucinée.
C’est pas 100 % de sa faute, elle incarnait Tatiana dans Les petits rois, une drôle de série.
Dans Avant le crash, elle s’appelait Camille. Dans La collecte, elle s’appelait Julie. Dans À cœur battant, c’était Annabelle. Dans votre tête, elle s’appelle peut-être : « Ah oui, elle. Elle est pas mal bonne ». Son premier personnage principal se nomme Emma, mais après avoir vu les premiers épisodes d’Ils vécurent heureux sur Crave vous allez (enfin) l’appeler par son nom : Chanel Mings.
« Le personnage d’Emma est très proche de moi. Ses dilemmes, ses conflits intérieurs, je me suis tout de suite reconnue en elle. Elle est plus impulsive que moi, on n’a pas le même parcours, mais elle m’a interpellée dès la lecture du scénario », raconte la principale intéressée, attablée au café de la Cinémathèque québécoise, à quelques heures de la première médiatique.
Ils vécurent heureux raconte l’histoire d’Emma et Léo (interprété par Lévi Doré, alias Chouchou), qui décident de se marier à l’âge de 25 ans. Tous deux issus de familles très différentes, ils se promettent de s’aimer différemment et de ne jamais répéter les erreurs de leurs parents. Sauf que les bonnes intentions sont une chose et la vie adulte en est une toute autre.
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Devenir Emma
C’est possible que vous n’ayez pas encore entendu parler de Chanel Mings. Son parcours vers votre écran est somme toute atypique. Franco-ontarienne d’origine, elle a grandi sur la base militaire de Borden, près de la ville de Barrie.
Chanel a fait son école secondaire à Ottawa avant de se diriger au Cégep Marie-Victorin pour ensuite faire l’école de théâtre du Cégep Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse. Elle obtient son premier rôle important dans Les petits rois peu de temps après. « Écoute, j’étais vraiment heureuse que ce projet-là voit le jour parce que ça a été tourné pendant la pandémie. Il y avait tellement d’insécurité et d’instabilité, à ce moment-là. C’était une énorme opportunité pour moi et j’avais peur qu’on n’y arrive pas », se souvient la jeune actrice.
De la barmaid au grand coeur d’Avant le crash à la bagarreuse déchirée d’À coeur battant, ça fait maintenant trois ans que Chanel saisit toutes les occasions de faire valoir l’étendue de son talent au petit écran, mais c’est la première fois qu’elle incarne le personnage principal d’une série. Oui, Tatiana était l’un des personnages principaux des Petits rois, mais il s’agissait d’un récit choral avec une dizaine de protagonistes. Une sorte de Watatatow pour la génération Z.
« On m’a invitée à auditionner pour le rôle d’Emma. J’ai trouvé ça extrêmement flatteur. Quand je l’ai eu, Lévi m’a dit qu’ils avaient vu beaucoup d ’Emma, alors je me suis tout de suite sentie en confiance avec eux », explique Chanel.
En février, trois mois avant le début des tournages, elle apprend qu’elle a le rôle. À ce moment, la pression monte. Pour se préparer, Chanel a regardé Simple comme Sylvain, Fleabag et l’adaptation de High Fidelity avec Zoë Kravitz. Et ça paraît dans son interprétation : Chanel est à la fois naturelle et charmante. Les moments de grande émotion arrivent sans crier gare.
« Léo vient d’une famille parfaite, Emma d’une famille chaotique. Elle ne veut pas reproduire ce chaos-là dans sa relation, mais elle en a aussi besoin pour se sentir vivante. C’est quasiment génétique. C’est quasiment inné. Ce paradoxe me parlait beaucoup. J’aime les personnages compliqués. Je ne ressentais pas une grande distance face à ce qu’elle vivait. On est différentes, elle et moi, mais Emma m’a beaucoup appris », explique Chanel.
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L’amour au temps de la multiplication des modèles romantiques
Après Empathie, Ils vécurent heureux s’avèrera-t-elle un deuxième coup de circuit pour Crave? Signée Audrey Béland, Guillaume Girard et Juliette Gosselin (qui en sont tous plus ou moins à leurs premières armes en écriture), la série met de l’avant un visage beaucoup plus humain et moins rigide de la génération Z.
On y parle d’éclatement des modèles romantiques au sens large (fallait s’y attendre!), mais on y observe aussi de jeunes personnes en amour gérer les inévitables travers de la vraie vie. Les conflits d’horaire aux moments inopportuns (genre, en pleine lune de miel), la jalousie, les mauvaises idées, les amis un peu trop accaparants L’écriture et l’interprétation sont d’une tendresse et d’une justesse qui ne parlera pas qu’aux jeunes ; elle parlera à tous ceux qui ont déjà été jeunes.
« Se marier à 25 ans, c’est courageux. Être en couple, c’est déjà quelque chose de courageux. Avoir à comprendre comment l’autre fonctionne, ses points faibles, l’aimer quand même et vouloir bâtir quelque chose avec, je trouve ça vraiment fort. Quand t’es dans la vingtaine, c’est dur de te projeter loin avec quelqu’un », philosophe l’interprète d’Emma.
Une des grandes forces d’Ils vécurent heureux, c’est que le fardeau dramatique ne repose pas uniquement sur les deux protagonistes. Même si le courant passe visiblement entre Chanel et Lévi, le courant passe aussi avec les autres personnages, dont notamment Emma et Francis (Robin L’Houmeau) qui interprète un rockeur un peu fuckboy. Mention honorable aussi au thriller érotique sous-jacent entre Madeleine Péloquin et Frédéric Millaire Zouvi. Michael Douglas et Sharon Stone peuvent (littéralement) aller se rhabiller.
« Les gens qui ne se reconnaissent pas dans le portrait très lisse de l’amour dans la culture populaire vont s’y retrouver. Ils vont voir une romance chaotique, avec des jeunes qui doutent, qui sont à la recherche, mais pour qui le bonheur est quand même possible », affirme Chanel.
Ils vécurent heureux, ça commence le 25 septembre sur Crave. Quant à Chanel Mings, apprenez son nom tout de suite : vous pourrez vous vanter de l’avoir connue avant qu’elle ne devienne la star de l’heure!
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