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Quoi regarder si vous n’avez pas le goût de regarder la même série télé que tout le monde
J ’ai une confession à vous faire : j’ai jamais été un gars de gang.
C’est pas que je n’aime pas le monde (au contraire), mais j’aime m’intéresser aux choses qu’on n’essaie pas de me vendre à grands coups de campagnes marketing sophistiquées et onéreuses (allô, Stranger Things). Quand tout le monde trippe sur la même série ou sur un phénomène culturel en particulier, il y a de fortes chances que vous me trouviez en train de regarder ailleurs.
Bon. Ça arrive que j’y aille avec la famille, comme le veut l’expression canonisée de La Guerre des clans (certains projets sont indéniables), mais, en général, les foules m’effraient.
Si je vous parle de ça aujourd’hui, c’est pour vous dire que c’est correct si vous n’avez pas d’opinion sur Antigang ou Occupation Double. Que vous avez le droit de regarder autre chose et que vos choix en divertissement sont susceptibles d’inspirer vos amis et collègues à s’intéresser eux aussi à autre chose. Vous pourriez même faire carrière comme curateur de divertissement : j’en suis la preuve vivante.
Il y a deux semaines, je vous ai parlé des séries les plus attendues de l’automne. Aujourd’hui, je vous ai plutôt préparé une sélection des séries que personne (ou pas mal moins de monde) n’attend, mais qui m’ont l’air d’en valoir le détour.
Boots (Netflix, 9 octobre)
Une série militaire LGBTQ+? Vous non plus n’y aviez pas pensé à celle-là, hein? Inspirée par le mémoire du vrai de vrai ex-marine LGBTQ+ Greg Cope White The Pink Marine, Boots raconte l’histoire de Cameron (Miles Heizer), un jeune homme dans le placard avec les idées un peu emmêlées, qui décide de se joindre à l’unité d’élite de l’armée américaine.
Ce qui est intéressant, à propos de cette série, c’est qu’elle réunit deux univers complètement aux antipodes sans nécessairement (du moins à première vue) les juger incompatibles. Le ton complice et irrévérencieux laisse entrevoir un mariage plutôt heureux entre les besoins du jeune Cameron et la structure rigide de l’armée.
Une série qui rassemble au lieu de polariser, qui dit oui?
Devil in Disguise : John Wayne Gacy (Peacock, 16 octobre)
Alors que la nouvelle saison de la très malaisante série de Ryan Murphy Monster nous offrira un Charlie Hunnam aux abdos d’acier dans le rôle du tueur schizophrène Ed Gein (ouin, je sais), je vous invite plutôt à regarder la série Devil in Disguise : John Wayne Gacy qui, elle, ne sexualise pas du tout le tueur sadique et cauchemardesque qu’était l’homme aussi connu sous le nom de Pogo le Clown.
J’accueille avec beaucoup de soulagement la rigueur narrative de cette série qui ne revamp pas John Wayne Gacy en icône LGBTQ+, comme l’avait fait Murphy avec Jeffrey Dahmer en 2022. La série est produite par Peacock, un distributeur malheureusement indisponible au Canada, mais elle devrait apparaître sur un service quelque part à l’automne. Selon mes recherches, Illico+ avait les droits de diffusion au Canada pendant un bout. Sinon, surveillez aussi Disney+.
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Down Cemetery Road (Apple TV+, 29 octobre)
Une adaptation du roman de Mick Herron à propos d’une grosse soirée dans un petit voisinage britannique tranquille où une maison explose et une jeune femme disparaît dans une série d’événements en l’apparence non consécutifs. Sarah Tucker (jouée par la toujours brillante Ruth Wilson), une autre jeune femme qui s’emmerde profondément dans son bonheur domestique, devient obsédée avec l’idée de retrouver la disparue.
Les Britanniques l’ont, l’affaire, avec les thrillers atmosphériques et intellos. Ici, non seulement la plume de Mick Herron est un gage de qualité en elle-même, mais le concept d’une protagoniste qui enquête sur la soirée où sa réalité très rigide s’est envolée en fumée me semble une variation plutôt originale sur un thème familier. Une série qui allie paranoïa et conspiration au réel souvent très suffocant de la télévision anglaise.
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Mukbang (Ici Tou.tv,30 octobre)
Plusieurs lecteurs le savent déjà, l’œuvre de Fanie Demeule est traversée d’une tension sourde et de personnages souvent en guerre avec eux-mêmes. Je n’ai pas lu Mukbang, mais la sensibilité de Demeule appliquée au concept d’un personnage qui réalise des vidéos où elle engorge des quantités astronomiques de nourriture pour un auditoire virtuel me semble un mariage qui va de soi.
Si vous aimeriez une mise en bouche (c’est voulu), un pilote de trois minutes est disponible depuis un an sur ICI Tou.tv, mais prenez note que Larissa Corriveau (qu’on pouvait voir dans le rôle de Morphea) a été remplacée par Sophie Desmarais. Cette exploration des relations mère-fille ne s’annonce pas pour toutes les sensibilités, mais j’ai de hâte voir les univers hitchcockiens de Fanie Demeule prendre vie à l’écran.
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Dérive (Crave, 13 novembre)
En voilà, un projet intrigant qui ne ressemble à rien d’autre. Jean-Philippe Perras (le pas fin dans L’empereur) campe le rôle du pianiste Daniel Major, un genre de Jean-Michel Blais en plus tourmenté, qui s’effondre sur scène en plein concert. Visiblement hanté par quelque chose qu’il ne comprend pas, il se met à faire des terreurs nocturnes qui lui font craindre pour sa sécurité, mais aussi celle de ses proches.
Un thriller psychologique intimiste avec un personnage dont la vie semble en apparence complètement sous contrôle? Je dis oui. L’angle de la déconstruction du succès me plaît énormément. En parallèle, le cinéaste américain Jordan Peele promet de l’explorer dans le monde du sport à travers son nouveau film Him et refaire l’exercice dans le monde qui se veut relaxant de la musique néo-classique me semble un terreau fertile à explorer.
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