.jpg)
Le meilleur du pire de la pandémie
Il y a cinq ans presque jour pour jour, le gouvernement sommait la population québécoise de rentrer chez elle et félicitait les introvertis d’avoir parti la mode de la distanciation sociale et de ne pas aller dans les 5 à 7. Une semaine plus tard débutait le tout premier confinement servant à aplatir cette fameuse courbe et qui m’a rappelé ce que j’aimais le plus dans mes études en littérature : l’absence de travail d’équipe. C’est pas pour pointer quiconque du doigt, mais disons qu’on a rapidement su qui avait la tâche « d’imprimer le travail ».
Moment hautement traumatisant où on a découvert la voix de gestionnaire de nos conjoint.e.s en assistant à leurs réunions sur Zoom sans notre consentement, la pandémie aura amené son lot d’événements marquants.
Des mains brûlées par le Purell aux danses d’Horacio Arruda en passant par les combats dignes du UFC pour du papier de toilette, on a collectivement constaté qu’on ferait pas long feu dans l’univers de Mad Max.
Pour souligner les 5 ans de cette période historique, je vous propose qu’on revisite des moments qui nous ont soudés pendant la pandémie. Qui nous ont fait rire, pleurer, serrer les mâchoires, dire « voyons donc câlisse » et autres émotions tout aussi valides. Empoignez vos emotional support sweatpants, votre masque fait avec des retailles de t-shirt et votre réserve de rouleaux de papier de toilette parce que les cas d’infection à la COVID-19 sont en hausse et qu’avec la fonte des glaces, de nouveaux virus pourraient faire leur apparition et provoquer l’éclosion de nouvelles maladies qui nécessiteront un nouveau confinement pour limiter les cas.
Mais ne vous en faites pas, ça va bien aller ☺️🦄🌈.
Le deuxième assassinat de John Lennon
Stunt pour faire la promotion du navet à gros budget Wonder Woman 1984 ou maladresse digne d’une Marie-Antoinette qui encourage le peuple affamé à manger de la brioche?
Une chose est sûre, le projet pandémique de Gal Gadot a réussi à nous unifier malgré l’isolement afin de collectivement haïr cette vidéo qui apparaît dans le dictionnaire sous la définition du mot « cringe ».
Honnêtement, je ne sais pas c’est quoi le pire. Zoë Kravitz, Maya Rudolph et le précieux Pedro Pascal qui semblent avoir été pris en otage par la nouvelle interprète de Wonder Woman? James Marsden et Sia qui auditionnent pour le rôle de « pire personne à croiser au karaoké »? Jimmy Fallon?
Au début de la vidéo, Gal Gadot explique que la pandémie a fait d’elle une grande philosophe et qu’elle constate que le virus affecte tout le monde, de manière égale. Oui, oui. De leurs manoirs et jardins luxuriants, des célébrités nous ont regardé dans les yeux (sans rire) pour dire : « Moi aussi, j’ai de la grosse peu-peine », avant d’entamer les premières notes du classique de John Lennon qui devait faire le poulet de rôtisserie dans sa tombe.
On dira ce qu’on veut, mais la pandémie aura au moins eu comme effet positif d’affaiblir le culte de la célébrité et de nous forcer à poser un regard plus critique sur des millionnaires qui s’enrichissent avec notre sempiternel besoin de divertissement devenu encore plus fort alors que nous n’avions pas le droit de faire autre chose que de regarder Netflix.
.png)
Au nom du Père, du Fils et du Super Soaker
Il aura bien fallu une pandémie mondiale pour répondre à la question : comment ramener les gens à l’église?
La réponse? Des fusils à eau.
Pour vrai, cette photo réchauffe mon coeur aigri de catholique non-consentante et non-pratiquante parce que je sais qu’elle aurait donné une crise cardiaque à Maurice Duplessis.
Des gens? Qui s’amusent? À l’église? Interdit. Par contre, je m’avoue déçue : il me semble que l’image aurait été encore plus réussie si le prêtre avait porté des lunettes de soleil et un trench coat en cuir. Vous pouvez pas me dire que j’ai pas raison.
Mais pourquoi s’arrêter au baptême? Pourquoi pas des hosties distribuées avec un fusil à t-shirt? De l’eau bénite dans une sarbacane? Un prêtre qui fait du body surfing après son sermon? Une danse à dix dans le confessionnal?
Appelez-moi! J’ai des idées et beaucoup trop de fanfictions érotiques inspirées par l’univers d’Anne Rice.
.jpg)
Les ostrogoths s’envoient en l’air
Le 30 décembre 2021, François Legault a la job très peu enviable d’annoncer aux Québécois que pour le nouvel an, ils devront se contenter d’une partie d’Among Us sur Zoom ou – horreur – écouter le Bye Bye en direct. Pendant que le Québec fait le deuil de trinquer avec ses proches pour se souhaiter une année 2022 un peu moins confinée, un gars qui ferait un excellent sujet de podcast de true crime a décidé que les règles, c’était juste pour les losers qui n’ont pas assez d’abonnés sur TikTok.
Avec sa gang formée d’influenceurs, de crypto bros, d’anciens participants à des téléréalités et autres personnes en voie de trouver le remède au cancer, James Awad est monté à bord d’un avion nolisé de la compagnie Sunwing en direction de Cancun.
Et puisqu’il n’y avait aucun adulte à bord, les choses ont rapidement dérapé : aucun masque, danses lascives, vapotage, pas le temps d’niaiser!
Confinés dans leurs chaumières, les Québécois ont pu visionner le tout sur la page d’OD Scoop pendant les pubs du Bye Bye 2021.
Le backlash ne se fera pas attendre. Jaloux de ne pas avoir été invités à ce party aérien, les médias, François Legault et Justin Trudeau condamnent les actes de ces grands génies et pimentent nos futures soirées de Scrabble en nous faisant découvrir le mot « ostrogoth ». Malgré ces remontrances qui auraient squeezé un « pardon mononc’ » de mes lèvres tremblantes, les p’tits va-nu-pieds ne s’assagissent point une fois débarqués en sol mexicain. Toujours grâce au travail digne des plus grands détectives de la page OD Scoop, on apprend que les bros d’Awad ont présenté de faux passeports vaccinaux, ont tenté de fausser leurs tests de COVID en sniffant de la Vaseline et se seraient livrés à des actes sexuels devant des familles.
Après s’être fait bannir de toutes les compagnies aériennes et avoir rushé pour revenir au Québec (ç’a dû coûter cher de Uber), James Awad a savouré l’attention médiatique qui s’est abattue sur lui… mais qui n’aura malheureusement pas suffi à faire décoller sa carrière musicale. Zut.
.jpg)
Kara-pas-OK
À en croire l’insistance de mon collègue Hugo Meunier lors des 5 à 7 URBANIA, le désir de pousser la chansonnette est parfois assez difficile à réprimer. C’est sans doute ce même désir inéluctable qui a convaincu une bande d’irréductibles du karaoké à se rendre au bar de Québec le Kirouac, le 20 septembre 2020, entraînant une éclosion catastrophique de cas de COVID-19 qui s’est soldée par un décès.
Lors d’un point de presse, le ministre de la Santé Christian Dubé a dû enfiler son costume de Captain Obvious en rappelant à la populace que de se passer un micro dans lequel on postillonne en livrant sa meilleure interprétation de Je suis malade risquait de résulter en une ironie digne d’une toune d’Alanis Morissette. Même chose pour Fever de Peggy Lee et Down With the Sickness pour les interprètes plus edgy qui ont calé une Coors Light de trop.
Si l’établissement a fermé ses portes en 2022 pour potentiellement faire place à une coopérative d’habitation, on aimerait toutefois vous rediriger vers ce code de conduite du karaoké, si jamais le monde devait à nouveau brûler. Ça devrait vous éviter de devoir chantonner : « Doctor, doctor, give me the news, I’ve got a BAD CASE OF COVID-19! ». De rien.
.jpg)
Flipper en visite à Venise
Je l’avoue, je suis moi-même tombée dans le panneau. Mais tandis que le monde tel qu’on le connaissait s’évaporait de plus en plus et que l’on craignait de devoir se torcher avec notre tuque Arc’teryx, la nappe qu’on a héritée de notre grand-mère ou notre animal de compagnie (désolée, Milou), l’image d’un dauphin vivant sa best life dans les canaux de Venise a rallumé quelques étincelles d’espoir dans notre marasme collectif.
Oui, l’image du touriste le plus poli de l’histoire de la ville inondée était truquée. Mais d’autres, montrant la nature reprenant ses droits sur un monde industrialisé à mort, étaient vraies. Pensons à ces études démontrant qu’en 2020, le niveau de pollution de l’air était à son plus bas tandis qu’un virus nous a forcé à aller réfléchir dans notre chambre. Ou à ces animaux sauvages qui, comme les femmes si les hommes disparaissaient pendant 24 heures (lol), ont soudain trouvé le courage de visiter nos villes, nous donnant l’impression d’être dans un zoo inversé.
Alors que nous faisons face à une pandémie de plus en plus redoutable d’écoanxiété, celle de la Covid-19 aura eu ceci de positif qu’elle nous a démontré que les dommages causés par le capitalisme n’étaient peut-être pas aussi irréversibles qu’on le croyait. Qu’en prenant un moment pour s’arrêter, pour repenser à nos priorités et pour remiser nos pick-ups jackés, que le Romano-Fafard n’aurait peut-être pas besoin de prendre son envol pour trouver une nouvelle planète où déménager six milliards de tatas.
Que si les six milliards de tatas s’extirpaient de la sempiternelle routine métro-boulot-dodo, qu’on aurait une chance de survivre.
Et de nager avec un dauphin dans le lac du parc La Fontaine.
.jpg)
La fin de la vérité
Avant même l’arrivée de l’Internet et sa démocratisation via les téléphones intelligents, des groupes se sont formés autour de croyances alternatives. Des conventions d’amateurs du paranormal aux théories entourant l’assassinat de John F. Kennedy, l’humanité a toujours cherché à créer des récits alternatifs pour diverses raisons, allant d’un besoin quasi-pathologique d’expliquer des phénomènes célestes au désir de se protéger d’une réalité souvent cruelle et inhumaine.
Alors que le premier cas de Covid-19 n’était pas encore déclaré, on assistait déjà à une importante dérive dans certains recoins d’Internet, particulièrement via des groupes qui remettaient en question la forme de la Terre (pour la dernière fois, elle est en forme de beigne et les États-Unis sont dans l’trou). Puis, advint le confinement avec son nombre d’heures infini à passer sur l’écran de son cell, nous rendant esclaves d’un algorithme qui carbure aux émotions fortes plutôt qu’à quelque chose d’aussi plate que la vérité, le gros bon sens n’ayant pas encore été inventé par Pierre Poilievre.
Un nouveau virus, celui-ci encore plus agressif, s’est alors répandu : celui de la désinformation.
Infectant des membres de notre entourage, il s’est éventuellement retrouvé dans les veines de célébrités d’ici. La comédienne Anne Casabonne s’est insurgée contre un vaccin qu’elle a qualifié de « grosse marde » tout en nous obligeant à nous imaginer le pénis de Paul Arcand alors qu’on essayait juste de manger nos toasts à l’eau de javel. Guillaume Lemay-Thivierge s’est prononcé contre le vaccin avant de tenter de corriger le tir en prétendant qu’il cherchait à encourager l’achat local (RIP le Panier bleu). Lucie Laurier, autre star de Nitro, un film qui a su redéfinir le 7e art au Québec, s’est acoquinée avec des créateurs de contenu complotistes et s’est fait qualifier de « danger public » par la journaliste Isabelle Hachey. Finalement, les tenaces jumeaux Tadros ont vu en la pandémie leur « time to shine » et ont tenté de se hisser au haut d’un empire de désinformation et de survivalisme, à défaut de se hisser au haut des palmarès.
Depuis, force est de constater que le monde post-Covid est avant tout un monde post-vérité où une foule de réalités connexes tentent d’effacer celle dans laquelle nous vivons, soit celle des hommes lézards et des extra-terrestres transgenres.
.png)
Les câlins emballés de Bianca Gervais
« Life in plastic, it’s fantastic », chantait le groupe Aqua alors que j’étais beaucoup trop jeune pour comprendre le sous-entendu sexuel de l’hymne au film de Greta Gerwig. Impossible toutefois de savoir si c’est ce que la comédienne et animatrice Bianca Gervais chantonnait lorsqu’elle a élaboré ce prototype qui lui a permis d’enlacer son père alors que la pandémie faisait rage.
Le crush d’enfance d’un journaliste d’URBANIA qui tient à conserver l’anonymat est toutefois loin d’être la seule à avoir recouru à ce stratagème pour se rapprocher de ses êtres chers… et enfin savoir comment se sentent les spermatozoïdes lorsqu’ils échouent dans un condom. En effet, aux quatre coins du monde, des bâches de plastique auxquelles des manches ont été fixées ont permis à des familles de se serrer fort sans risquer que leur prochaine rencontre se fasse dans un Urgel Bourgie.
Une histoire touchante pour tous… sauf peut-être les Home Depot de ce monde qui auraient sans doute aimé que Patrick Groulx soit encore dans le coin pour organiser un de ses fameux rassemblements de câlins.
Vous l’aviez pas vue venir cette référence-là, hein?