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Les 10 commandements du karaoké
Ah, le karaoké!
Une activité qui démocratise le vedettariat en donnant, à tous et toutes, la chance, ne serait-ce que pour trois minutes, de monter sur scène, d’empoigner un micro et de pousser la chansonnette pour éblouir l’assistance, pour le meilleur ou pour le pire.
C’est un moment magique où l’on découvre cette bête de scène que tous et toutes cachent quelque part au fond d’eux, parfois peut-être pas assez profondément. Eh oui, la timide Sylvie de la comptabilité aurait pu être la prochaine Adele et le pas assez discret Philippe aux ventes se ferait revirer de bord assez vite par les juges de La Voix. En passant, est-ce que quelqu’un regarde encore La Voix?
Si le karaoké est une activité prisée par certains (mon collègue Hugo Meunier, que je salue bien bas!), c’est aussi une activité que d’autres redoutent comme on redoute chaque Noël notre cousine qui fait des retraites de yoga chaud en Thaïlande.
Pour vous éviter un faux pas qui pourrait vous coûter une amitié, votre job ou mon respect (attention, c’est difficile à obtenir, ça), voici un petit guide de survie pour le bar à karaoké.
1. Les performances de tes amis sur les réseaux sociaux, tu ne partageras point.
C’est déjà rough, se lever avec la gueule de bois, on n’a pas en plus besoin d’un reminder d’à quel point Gerry Boulet spinne dans sa tombe en entendant notre version de Un beau grand bateau.
Votre grand-mère a pas non plus besoin de vous voir vous faire aller le bassin en vous époumonant sur I Want Your Sex de George Michael, pauvre elle. Elle voulait juste savoir comment vont votre mère, votre père pis votre hamster. (Bien, merci de vous en formaliser.)
2. Ton ami.e timide, tu ne forceras point à prendre le micro.
T’as beau te dire qu’on est entre ami.e.s, pis qu’on fait tous.tes dur, monter sur un stage, pis prendre un micro, c’est quelque chose de super intimidant. Alors, si quelqu’un dit non, bin, c’est non.
Le consentement, c’est pas juste valable dans la chambre à coucher pis sur la banquette arrière d’une Tercel, guys.
3. Tout le catalogue de QUEEN, tu laisseras reposer en paix.
Y en a juste eu un Freddie Mercury pis, c’est plate à dire, mais y est mort. Non, Louis-Philippe, on veut pas entendre ta version fucking édulcorée de Somebody To Love.
Même si ta blonde te dit que tu l’as, genre, vraiment bien.
4. La limite des trois minutes et demie, tu n’excèderas point.
Cette règle vaut encore plus pour les chansons avec de beaucoup trop longs intermèdes musicaux, genre, The Chain de Fleetwood Mac. C’est malaisant pour tout le monde, de vous regarder vous dandiner en tapotant le micro sur votre cuisse, un sourire de Mona Lisa figé sur les lèvres.
C’est comme faire un eye contact avec un chien en train de pisser. Tout le monde a hâte que ça finisse pour retourner chez eux.
5. Les pronoms, tu laisseras intact.
T’es gai pour les trois prochaines minutes, pis c’est la beauté de la chose.
Ça fait que, laissez-vous pas impressionner par votre gang du HEC ou vos collègues en complets-cravates, ce soir, tout le monde feel like a woman comme Shania Twain, la reine incontestée du Canada.
6. Si une Hélène est dans la pièce, Roch Voisine ne peut y être aussi.
Ça fait depuis 1993 qu’on l’écœure avec ça, donnez-lui donc un break.
7. La chance aux autres, tu laisseras.
Écoute, moi aussi, si je pouvais, je chanterais le catalogue au complet de ABBA en ordre, dans le désordre pis en diagonale. Mais, Marie-Ève attend depuis 10 heures et demie pour entamer son p’tit bout de Marie-Chantale Toupin, pis le métro ferme bientôt.
Ça fait qu’enweye, passe le micro au prochain pis va donc t’hydrater un brin.
Tout le monde te voit siffler des gin-tonics comme si tu venais de terminer une traversée du désert.
8. La fin de la soirée, tu attendras pour les chansons de rupture.
Écoute, je suis vraiment désolée, que la fille avec un jacket en cuir pis un toupet de Bettie Page t’ait crissé là, mais la soirée est jeune pour brailler sur du Adele.
Attends qu’on apprenne à se connaître un p’tit peu, mettons.
9. Les germes ne s’inviteront point au bar à karaoké.
Je pensais jamais devoir l’écrire, mais t’sais, si tu t’es réveillé avec la goutte au nez pis du papier sablé dans le fond dans la gorge, c’est peut-être pas le temps d’aller crisser ta face à deux pouces d’un micro qui s’apprête à passer dans une centaine d’autres faces.
Je le sais que t’avais hâte de montrer à tes nouveaux amis de job que t’es game de chanter du Céline, mais tes amis ne seront plus tes amis, si tu leur donnes la gastro. Moi, en tout cas, je t’aimerais pas mal moins.
Je suis désolée de te le dire, mais pour toi, ça va être un « documentaire de true crime and dodo à 10 heures » kind of night.
10. Un Disney adult tu ne seras pas.
Bon, ce point est peut-être un brin controversé, mais je m’assume.
J’assume aussi que dans le fin fond de toi-même, tu le sais que L’air du vent, Je voudrais déjà être un roi, pis Comme un homme, c’est pas des si bonnes chansons, pis que t’es juste nostalgique de l’époque ou t’étais pas limite nervous breakdown parce que Simon t’as ghostée.
Fight me!