L’autrice est sexologue. Pour encore plus de conseils éclairés, visitez son compte Instagram et son blogue La Tête dans le cul.
Ouf. Quelle fucking année, peut-on se le dire. Si, en 2025, on souhaitait avoir un certain contrôle sur sa sexualité pour, peut-être, réussir à contrer le chaos ambiant, qu’en est-il pour 2026 ? Est-ce que l’IA sera connectée à nos bobettes ? (Réponse courte : oui.) Aura-t-on encore besoin de romance guimauvée ou est-on un peu plus terre à terre ? (Ou les deux ?) Let’s see.
THÉRAPIE OU… CHATGPT ?
La première chose que je me suis dite en faisant cet exercice est : « coudonc, vais-je perdre ma job ? » La question se pose, car l’IA fait maintenant partie de nos vies, et pas à peu près. Selon un rapport annuel de la Harvard Business Review, l’utilisation première de l’intelligence artificielle chez le public en 2025 a été pour… faire de la thérapie. Ma collègue Vanessa Destiné se dit d’ailleurs en relation d’aide avec ChatGPT et, si l’on en croit ce document, elle n’est manifestement pas la seule !
Si je vous parle de ça, c’est que l’IA s’insinue partout dans nos vies, incluant bien sûr notre intimité. Et 2026 n’y échappera pas.
On prévoit que de plus en plus de gens se serviront de logiciels d’intelligence artificielle pour obtenir des conseils sur la sexualité. On parle même de digital threesome, puisque l’IA s’insinue dans le traditionnel couple à deux pour spice up les relations sexuelles.
On s’en servira aussi pour trouver du soutien après les ruptures difficiles et pour savoir comment mieux dater. D’après l’application Happn, l’IA servira d’« emotional training » (entraînement émotionnel), pour exprimer plus facilement ce qu’on ressent. Oh, by the way, le therapy talk comme préliminaire est aussi dans les tendances à surveiller. L’intelligence émotionnelle is the next sexy thing. Pour vrai.
Toujours du côté de l’IA, il y a évidemment toute la technologie intelligente qui s’insère maintenant dans les jouets sexuels. Des gadgets qui s’adaptent de façon ultraprécise au corps, aux sensations voulues, aux mouvements, etc. Il y aura de plus en plus d’appareils connectés et sophistiqués à porter pour capter les réponses du corps et renseigner les jouets sur vos besoins particuliers.
SELF-CARE INTIME ET PLANÉTAIRE
Parlant consommation de jouets, la prochaine année marquera vraisemblablement la normalisation de l’utilisation de ces petits amis pratiques. Non seulement les ventes vont continuer à exploser, mais leur usage sera ciblé, entre autres pour la santé. Car avoir des orgasmes ou juste du plaisir sans pression, ça aide la santé mentale et physique. On voit donc de plus en plus la valeur ajoutée de ces objets dans nos vies, dans une perspective de bien-être.
On se préoccupe d’ailleurs aussi de la santé de la planète, puisque de plus en plus de personnes se tournent vers des alternatives plus vertes, jouets sexuels inclus.
L’intérêt pour une sexualité éco-consciente est bien réel et le marché s’adapte en conséquence : condoms véganes, lubrifiants à base d’ingrédients naturels, jouets sexuels durables, etc. Et, bien sûr, des emballages plus eco-friendly pour vendre ces beaux produits.
Tout ça tombe à point : l’éco-dating ou la rencontre éco-responsable est encore trendy.
ABRACADATING !
Ahhh, le dating ! Impossible de faire des prédictions sexos sans creuser ce sujet crucial qui fait couler encore beaucoup d’encre. Comme on l’a vu plus tôt, on sait déjà que l’IA s’en mêlera, entre autres, via le simple fait de se tourner vers des ChatGPT et consorts en ligne, pour mieux arriver à connecter… en chair et en os. Mais aussi via les fameux dating concierge sur les applications de rencontres qui proposeront de plus en plus d’options de personnalisation pour vous assurer une expérience concluante.
Sinon, l’application Plenty of Fish semble avoir eu bien du fun à concocter un lexique des trends populaires chez ses utilisateurices. Retenez ces cinq mots :
ChemRIZZtry : rester ouvert.e à ressentir une chimie non prévue avec une personne. De la chemistry avec du rizz, quoi.
Curveball-crushing : dater hors de son type habituel ou de sa checklist. Parce que oui, ça arrive de se pogner une balle courbe et elle est pas obligée d’être poche.
Love-loreing : dérivé de dating for the plot (j’adore !), on reste dans une date pour l’histoire qui va venir avec. Bref, on sort son ou sa scénariste intérieur.e et on enjoy le récit légendaire qui en résultera à notre prochain souper d’ami.e.s.
Truecasting : aller à une date de la façon la plus authentique possible. « Salut, voici qui je suis, si t’aimes pas ça, on passe au suivant ou à la suivante. Sans rancœur, mon p’tit cœur. » (Hé là là.)
StAtuS-flexing : laisser tomber les situationships pas clairs et clarifier les relations, question de rassurer tout le monde. (J’en entends applaudir.)
PVI : je rêve d’entendre vos traductions québécoises de ces expressions ! (Please, faites-le.🙏)
SORTIR DE SA ZONE DE CONFORT
Parmi les autres pratiques qui seront populaires dans le dating, on retrouve le digital detox dating ou la rencontre de désintoxication numérique (un terme très peu vendeur, would not recommend). Comme on sait que des tas d’ados et de jeunes adultes embrassent le retour du flip phone, ce n’est pas surprenant de constater que l’envie de connexion hors ligne soit tendance. Joindre un club de crochet, aller à un vernissage, boire un thé au café du coin, et ce, dans l’optique de rencontrer des gens live. Je sais, ça fait peur, mais vous êtes capables. 💪
Tant qu’à vivre aussi dangereusement, il sera aussi possible d’explorer le Hot-Take Dating, c’est-à-dire une rencontre au cours de laquelle on confronte nos valeurs en discutant politique et sujets chauds.
Dans l’état actuel de notre monde, il est un peu plus difficile de « passer outre », et tant mieux ; mettre cartes sur table, ça peut être payant. Ou, du moins, éclairant.
Sinon, il y a toujours le solo partnership ou sologamie. De plus en plus de gens souhaitent mettre de côté les relations amoureuses pour apprendre à mieux se connaître et faire du travail sur son développement personnel. C’est vrai qu’au final, la plus longue relation que vous aurez, c’est toujours bien avec vous-même. Autant la vivre avec quelqu’un.e que vous avez appris à aimer avec ses bons et ses mauvais côtés. (Bref, pratiquez l’autocompassion, ça fait du bien.)
De quoi sera fait 2026 dans son ensemble ? Ça reste à voir. Mais du côté des sexualités, on peut constater une envie d’approfondir la connaissance de soi et de l’autre et de brasser les cartes différemment. Il y a une claire volonté de revenir à des connexions plus vraies, plus senties, mais aussi un besoin de jeu, d’inconnu, de surprise. Tout ça avec un petit (grand) fond d’intelligence artificielle pour se sécuriser et se valider.
Bien curieuse de voir l’évolution de tout ça. Et l’avenir nous dira si ma job sera remplacée par l’IA ou pas. Pour l’instant, je n’ai aucune crainte : on est encore humain.e.s, trop humain.e.s*, pour s’en passer.
*Clin d’oeil au livre Humain, trop humain (1878) de Friedrich Nietzsche.

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