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Quel est l’avenir du dating?

À quoi ressemble l’avenir du dating?

Le futur de nos relations intimes se trouverait, en partie, dans nos liens avec l’intelligence artificielle... et avec nos amis.

Par
Myriam Daguzan Bernier
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L’autrice est sexologue. Pour encore plus de conseils éclairés, visitez son compte Instagram et son blogue La Tête dans le cul.

Dans notre époque de grands chamboulements et de nouvelles qui nous donnent envie de flipper des tables, il y a fort à parier que la solitude pèse lourd et que bien des gens sentent le besoin de connecter avec d’autres personnes, que ce soit pour ventiler… ou frencher. (Quoi? Ça change les idées! 💁‍♀️)

Toujours est-il que ce climat incertain n’empêche ni les gens de dater ni le dating de se transformer. À quoi peut-on s’attendre dans un futur proche? À l’invasion de l’IA, c’est certain, mais aussi à de nouveaux espaces de rencontres et à un retour des connexions purement amicales.

« Je sors avec un robot! »

Que ce soit via le film Her (2013) ou encore Ex Machina (2014), on a pu voir que les humain.e.s sont amplement capables d’avoir de profonds sentiments pour des entités animées par l’intelligence artificielle. On ne s’étonnera donc pas de savoir que des milliers – que dis-je, des millions – de personnes s’éprennent de compagnes et compagnons virtuels, avec lesquel.le.s se crée un lien extrêmement intime. Pour donner une idée, Xiaoice, une petite amie virtuelle chinoise, comptait plus de 660 millions d’utilisateurices en 2021. Replika, une application servant à clavarder avec des compagnons virtuels, pour sa part, en a environ 30 millions à ce jour. Ça en fait, des gens en couple avec un robot!

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Sans surprise, cette popularité grandissante est, entre autres, due à la pandémie qui a isolé beaucoup de gens qui ont alors pu se tourner vers ce type d’application pour briser la solitude. De plus, ces relations, amplifiées par la puissance des outils d’IA, sont hyper efficaces pour créer des liens très forts et offrir un espace d’échange ouvert et sans jugement. De plus, dans une étude de 2022 qui s’est penchée sur l’application Replika, on a étudié les interactions de 14 utilisateurices à la lumière de la théorie de l’attachement.* Résultat? Il n’y aurait pas de grandes différences entre les liens que l’on crée avec la machine versus les autres humain.e.s. Par contre, on spécifie que, comme ce sont surtout des jeunes qui utilisent l’app, il y a un risque de dépendance, mais également que cela nuise à leur développement psychologique.

Et il ne faudrait pas oublier que ce type d’application ne veut pas toujours le bien de vos données privées, comme en témoigne cette analyse que fait chaque année la fondation Mozilla.

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« Siri, trouve-moi un chum/une blonde! »

Si fréquenter un robot vous laisse de glace, vous pourriez tout de même y faire appel pour améliorer votre dating game. C’est la nouvelle tendance chez plusieurs applications de rencontre qui testent actuellement le concept de wingman ou wingwoman. Ou, pour être fancy, des dating concierges.

En somme, c’est une expérience hyper personnalisée, incarnée dans une sorte de coach virtuel (ou matchmaker) qui peut s’assurer de comprendre vos besoins, vos goûts, vos « icks » et, pourquoi pas, vos blocages et traumas. Le fondateur de l’application Bumble va même plus loin et suggère que, dans un avenir rapproché, ces robots pourraient même dater à votre place en rencontrant d’autres dating concierges, question de vous trouver votre match parfait.

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Dans un article du Financial Times, on apprenait que, du côté de Tinder, l’idée de développer un tel outil émerge directement d’une importante baisse de nouveaux et nouvelles utilisateurices. Mais pas que.

Un sondage réalisé en 2024 auprès des usagers et usagères de l’application rapporte que le 3/4 des gens ont vécu un burnout. Là-dessus, 40 % blâment leur incapacité à trouver un match.

Les gens sont fatigués des applications de dating et ça se ressent. Ce qui nous mène au point suivant.

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Dater en toute amitié

De nombreuses personnes délaissent actuellement les applications de dating pour plutôt se tourner vers les applications ou les circonstances de dating… d’ami.e.s! Ce phénomène se voit aussi en clinique sexologique. Les gens ont besoin de contacts sociaux et de retrouver des connexions significatives. Pas pour rien qu’un groupe comme Célibataires Villeray a fait son arrivée sur Facebook pour offrir une alternative aux applications de rencontre et combattre la dating fatigue. D’ailleurs, dans une entrevue à la radio, la fondatrice du groupe et d’autres membres indiquent que les matchs amoureux ne sont pas toujours au rendez-vous, mais l’amitié et le sens de communauté? Absolument!

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On voit d’ailleurs une résurgence des rencontres IRL. Que ce soit pour contrer la solitude créée par la place qu’a prise le télétravail dans nos vies ou pour sortir la tête de nos multiples écrans, les gens ressentent un fort besoin de connecter « en vrai ». Ce qui n’empêche pas, cela dit, que d’autres espaces de dating – amical ou amoureux – se créent en ligne.

Sortir des sentiers battus

Parmi les tendances remarquées dans le futur du dating, on voit que la VR (réalité virtuelle et non pas véhicule récréatif, quoique you do you🚙) et l’AR (réalité augmentée) vont prendre une place importante. Organiser une première rencontre dans un café virtuel à l’autre bout du monde? Se découvrir, morceau par morceau, via la réalité virtuelle et des simulateurs sensoriels? Why not, coconut.

Plutôt que d’y aller avec les sempiternels mêmes lieux de rencontre, on peut explorer des espaces à son image, qu’ils soient réels ou fictifs. On peut d’ailleurs aussi y emprunter l’apparence que l’on veut, de la plus réaliste à la plus excentrique.

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Pour les gens qui ont plus de difficultés à entrer en contact avec les autres ou qui sont plus introvertis, cela peut donner l’occasion de faire des rencontres dans un environnement relativement plus « contrôlé et sécuritaire » (les guillemets sont importants, car malheureusement, personne n’est à l’abri de possibles violences sexuelles dans ces espaces virtuels).

Revenir à la base

On a beau s’intéresser aux tendances, il ne faudrait – en aucun cas – que ceci vous paraisse une injonction de plus à se plier à de nouvelles façons de dater. Le paysage du dating est déjà assez rushant merci; ce que j’entends en clinique me fait régulièrement soupirer de découragement. Par contre, ces mouvances peuvent nous renseigner sur les besoins des personnes qui datent : se voir en vrai, remettre l’amitié de l’avant, lâcher les applications pour revenir à ses besoins, explorer de nouvelles façons de connecter, mettre la technologie de son côté, etc. Bref, y a de quoi à faire avec tout ça.

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Mais l’important. Attendez, je me reprends. L’IMPORTANT (je ne vous crie pas après, mais, des fois, ça nécessite un caps lock bien senti ✌️), c’est de bien s’entourer, de pouvoir échanger sur le sujet, d’avoir un espace pour ventiler si ça devient trop lourd et de s’écouter. Parce que dater peut être demandant, oui, mais c’est anormal si ça devient une corvée épuisante et décourageante. J’ajouterais aussi que, à une époque où les tech bros mènent le monde, on a aussi le droit de dire non à tout ça et de trouver des façons, disons, plus organiques, de rendre le dating le fun, inspirant et énergisant. On en a bien besoin. 💜

*On s’entendra sur le fait que 14 utilisateurices, c’est un très petit échantillon. C’est donc à prendre avec un grain de sel.