C’est un phénomène connu, la planète ralentit toujours entre Noël et le Jour de l’an.
Les commerces réduisent leurs heures, les gens prennent congé pour passer du temps avec leurs proches et à la télé, la programmation habituelle prend un break pour faire place aux mêmes onze films que vous regardez chaque année et une ribambelle de spéciaux du temps des Fêtes préenregistrés.
Les Netflix, Crave et Prime Video de ce monde se gardent parfois quelques balles dans le fusil pour la saison festive, mais leurs nouveautés à grand déploiement ne suffisent pas pour combler toutes ces heures passées sur le divan à roter l’orgie alimentaire de la veille.
Esprit des Fêtes oblige, je vous ai donc concocté un petit guide de séries potentiellement passées sous votre radar en 2024 pour vous simplifier la vie.
Joyeuses Fêtes!
À tout seigneur, tout honneur : on commence avec une série québécoise un peu loufoque, mais pas conne.
J’adore le jus raconte l’histoire de Mathieu Mailloux (François Ruel-Côté), un jeune wannabe entrepreneur en série avec autant d’enthousiasme que de mauvaises idées qui se retrouve à travailler pour la compagnie de boissons énergisantes de Lino Zoparelli (Peter Miller), un ancien joueur de hockey disgracié et inexplicablement passionné de volleyball.
À cheval entre la comédie absurde, la nostalgie d’un passé pas-si-lointain et une satire de la culture de l’entrepreneuriat contemporain, J’adore le jus trouve le moyen de divertir tout en faisant réfléchir. C’est baveux, mais aussi audacieux et intelligent.
Maintenant que les heures de grande écoute sont désertées, investissez-en quelques-unes dans ce petit bijou offert exclusivement sur Noovo.
Un autre fleuron de chez nous, un coup parti? C’est plate parce que malgré le fait qu’elle est excellente, cette série est passée complètement inaperçue à cause de son format.
La médiatrice raconte l’histoire de Catherine (Mylène Mackay), une médiatrice populaire sur les réseaux sociaux qui prône le concept de la « séparation bienveillante », mais qui doit passer à travers l’implosion de son propre couple. Mis à part la prémisse très drôle et ironique, La médiatrice explore la question de l’intégration de l’identité professionnelle et personnelle à travers l’identité en ligne (un concept relativement nouveau à tous ceux et celles qui ne sont pas nés dedans).
Les épisodes ne faisant même pas dix minutes, ça se regarde d’un trait en buvant un verre de vin et en faisant cuire le souper pour la visite.
Oui, au Québec, peu nombreux sont ceux qui possèdent un abonnement à Paramount+ et le volume de contenu ne justifie pas toujours la dépense, j’en conviens. Toutefois, leurs séries sont pour la plupart bien écrites et solidement ficelées, comme cette adaptation du célèbre balado Boomtown, mettant en vedette Billy Bob Thornton, Jon Hamm et Demi Moore, la comeback kid de 2024.
Landman explore les multiples dangers et la complexité morale (et légale) de l’exploitation pétrolière au Texas. Non seulement elle met en vedette une brochette d’acteurs iconiques, elle est écrite par Taylor Sheridan lui-même (Yellowstone, Tulsa King, Hell or High Water), une des figures les plus incontournables de l’écriture télévisuelle de notre génération.
C’est un peu (parfois beaucoup) adolescent, ça fait aussi très souvent KA-BOOM et on y voit moult personnages mourir par le feu. Bref, c’est excellent. Un peu comme un Game of Thrones version empire du pétrole. Gisement is coming.
Si vous recherchez quelque chose d’un peu plus coquin (mais pas trop), la nouvelle adaptation du Decameron de Giovanni Boccaccio par Netflix vous tiendra au chaud dans notre belle contrée enneigée.
En gros, ça raconte l’histoire d’une gang de riches qui s’enferment dans un domaine isolé pendant la peste noire et qui finissent par succomber à leur propre débauche.
ET QUI N’AIME PAS VOIR DE NOBLES PÉTEUX MANGER DE LA MISÈRE?
Rappelez-vous la COVID : alors que la fin du monde approche, qu’y a-t-il de mieux à faire que de manger, boire et baiser? Ça peut sembler une bonne idée à première vue, mais on devient vite notre propre pire ennemi à force de vivre sans but.
Vous allez rire, grincer des dents, célébrer, mais vous vous trouverez aussi chanceux que notre apocalypse à nous soit relativement bien gérée.
Adaptée du roman de Viet Thanh Nguyen ayant remporté le Pulitzer en 2015, The Sympathizer raconte l’histoire d’un espion de l’armée communiste du Vietnam qui rencontre un flamboyant agent de la CIA (joué par Robert Downey Jr.) dans l’exercice de ses fonctions et qui se retrouve un peu malgré lui à jouer sur les deux tableaux et à s’exiler aux États-Unis où sa nouvelle vie clash un peu beaucoup avec celle qu’il a toujours connue.
C’est plus compliqué que ça, mais il faut regarder la série pour en saisir les nuances.
Ce qui est bien avec The Sympathizer, c’est que la série pose un regard décomplexé sur un chapitre pas trop glorieux des relations internationales qu’on a souvent tendance à oublier voire carrément ne pas connaître. Oui, c’est un peu pointu et intello comme histoire (ce qui explique pourquoi la série n’a jamais vraiment fait jaser autour de la machine à café), mais ça s’écoute beaucoup mieux en rafale que de semaine en semaine.
Bon, OK. Le monde en parlait quand même au printemps, mais c’est mon choix pour la série dont tout le monde parlait, mais que personne n’a vue.