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 Les pires gaffes de 2024

Une année très cringe qui nous a collectivement donné le ick. 

Par
Audrey Boutin
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Faut qu’on se parle, la gang. L’année dernière, en faisant mon recensement des pires gaffes de 2023, je vous avais demandé de vous comporter comme des gens civilisés, en 2024. Et, force est d’admettre que ma demande a eu autant d’impact qu’une célébrité passée date qui annonce qu’elle se part un podcast exclusif à Patreon. C’est correct. Je suis pas fâchée, juste déçue.

Tout d’abord, 2024 est l’année officielle du retour en vogue d’opinions politiques pas très mindful et encore moins demure qui, du temps de mes jeunes années embrumées au cégep, auraient valu à ses détenteurs un rafraîchissant shampoing dans les toilettes du vestiaire des gars. Ainsi, après avoir passé l’entièreté des années 1980 à donner des accents russes aux méchants dans les films de bras, les médias américains prennent désormais de longues lichées vaguement érotiques sur les chaussures de Vladimir Poutine pendant que Pierre Poilievre qui souhaite tant diriger le Canada semble incapable de le différencier du royaume de ce même Vlad. Et ça, c’est sans mentionner la réélection de Trump contre Kamala Harris, qui avait adopté le très controversé programme politique d’être une femme racisée, et les goblins du Parti républicain qui ont accusé leurs collègues démocrates de contrôler la météo avec… je sais-tu, moi, des drones manipulés par George Soros?

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Avant que je ne vous dévoile ma liste des pires gaffes de 2024 (eh non, les exemples précédents n’ont pas fait la cut), j’aimerais que vous me rendiez un service en 2025. Un service qui devrait vous éviter de vous ramasser sur ma liste des pires gaffes de 2025. Une journée par semaine, éteignez vos cellulaires. Parce que le monde qui sied dans votre paume n’est point celui dans lequel nous vivons. Après tout, Mark Zuckerberg lui-même ne laisse pas ses enfants aller sur Facebook.

Et si quelqu’un refuse de boire un verre qu’il vous offre, c’est habituellement un signe qu’il y a un étron dedans.

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Vous n’êtes point des nageur.euse.s olympiques, vous n’êtes pas obligé.e.s de vous vautrer dans la merde.

Allez, place à la rigolade! Et par pitié, j’aimerais ne pas me faire menacer de poursuite cette année. Lol.

Crédit : Cogeco Média
Crédit : Cogeco Média

Les thirst traps indéfendables de Sébastien Delorme

Je l’avoue parce que sinon, les gens de mon entourage vont le faire pour moi, j’avais un gros crush sur Sébastien Delorme quand il jouait le valeureux et un peu simple Poupou dans District 31. Que voulez-vous, c’était la pandémie, il ressemble vaguement à Christian Bale et portait des jeans qui laissaient voir de quel côté il portait… son gun. Son gun, oui.

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Par contre, mon crush a connu le même sort que Poupou (too soon?) quand le comédien a décidé, pour une raison que seul Dieu et lui-même connaissent, de poster sur ses réseaux sociaux des thirst traps qui nous ont collectivement fait sentir comme quand un couple d’amis nous annonce son intention de s’adonner au libertinage.

À mi-chemin entre le papa en vacances et le fuck boy à Tulum pendant la semaine de relâche, on ignorait si on devait rire, se rincer l’œil (avec de l’eau de Javel) ou envoyer nos sympathies à son ex Julie Perreault.

Questionné sur les raisons l’ayant poussé à tuer la libido du Québec en entier, le principal intéressé est demeuré vague, un peu comme votre collègue qui jure que la dick pic qu’il vous a envoyée était destinée à son médecin… sauf si vous êtes intéressé.e. Stunt publicitaire pour faire la promotion d’Indéfendable, une série qui nous fait dire « my God que District 31, c’était plein de nuances » ou typique accident de boomer qui comprend pas trop comment ça marche, les réseaux sociaux? Peu importe la raison, on invite le comédien à valider ses posts avec ses enfants, la prochaine fois.

Non, Séb. Ça, c’est ta blonde.

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Jeremy Filosa est dans la lune

« Je ne suis pas conspirationniste, mais…», s’est exclamé le commentateur sportif Jeremy Filosa sur les ondes du 98,5 lors d’un segment de l’émission Le Québec maintenant. Nous rappelant notre oncle qui affirme « qu’il n’est pas raciste, mais…» pendant qu’on attend après lui pour se servir une nouvelle portion de gelée de canneberge à Noël, Filosa a ensuite dit que, comme tous ces gens qui font leurs propres recherches dans la bibliothèque de l’école de la vie, il ne croyait désormais plus que les Américains avaient marché sur la Lune.

S’en est suivi un solide deux minutes de malaise où l’animateur Philippe Cantin s’est clairement demandé à quelle heure c’était socialement acceptable de se servir un verre de scotch pendant que Filosa se demandait qu’est-ce que la NASA attendait pour envoyer d’autres fusées sur la Lune si elle avait été capable de le faire par le passé. Écoutez, je travaille pas pour la NASA, mais je suis pas mal convaincue que la réponse est la même que celle que me donnerait mon chum si je lui demandais pourquoi on retourne pas en Europe l’été prochain.

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Si Filosa a été sanctionné après avoir commis le crime de dire des niaiseries dans un micro sans être Joe Rogan ou assis dans une voiture dans un stationnement désert de centre d’achat, je dois tout de même lever mon chapeau à l’animateur.

En tant que personne qui s’intéresse depuis des lunes (ha!) aux théories du complot, je trouve ça vintage de commencer à croire en 2024 qu’on n’a jamais été sur la Lune.

Pensez-y : pendant que des politiciens élus ne ressentent aucune gêne à questionner des scientifiques sur la possibilité qu’il y ait des bases extraterrestres sous l’eau ou que l’éclipse de cette année était un signe de Dieu qu’il était contre le mariage gai, je trouve ça presque cute qu’il se soit arrêté là-dessus.

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En tout cas, je sais pas pour vous, mais je sais quel album de Tintin lui offrir à Noël.

Willy Wonka s’en va au Fyre Festival

Un personnage qui ressemble à un fan de Nine Inch Nails caché derrière un miroir. Des images générées par l’intelligence artificielle taquées sur les murs. Une comédienne au bout de sa vie qui fait de son mieux pour distribuer de la joie et des jelly beans à des enfants dans un entrepôt où on imaginerait Walter White faire un deal avec des monsieurs qui portent des chaussures pointues en peau de crocodile. Voilà ce qui attendait les habitants de Glasgow qui se sont rendus au Willy’s Chocolate Experience en mars dernier.

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Derrière cette tentative éhontée de faire une passe de cash suivant la sortie du film Wonka avec Timothée Chalamet, un film vu par le fort impressionnant nombre de « absolument personne », on retrouve la firme House of Illuminati, un nom qui sied pas mal plus à un congrès où du monde s’obstine sur la forme de la Terre, des ateliers de fabrication de p’tits chapeaux en aluminium ou un channel YouTube qui s’intéresse un peu trop aux Juifs.

Une fois arrivés sur place, des parents choqués par les décors qui ressemblaient autant aux publicités distribuées sur le web que je ressemble à Margot Robbie ont fini par contacter les autorités.

Honnêtement, l’introvertie en moi est vraiment ravie d’apprendre qu’en Écosse, on peut appeler la police quand on est pris dans un événement où on ne veut pas être. Pardonnez-moi pendant que je fais mes valises. Si l’organisateur, Brian Coull, déplore aujourd’hui que les gens se soient plaint de cet événement sur lequel il avait travaillé aussi fort qu’un gars hétéro qui passe la balayeuse en espérant scorer à soir, on a du mal à avoir pitié de lui quand on apprend qu’il n’en était pas à son premier rodéo. Effectivement, en 2021, Brian Coull avait organisé une sorte de Village du Père Noël pour des enfants handicapés qu’il avait annulé à la dernière minute. Je dis ça je dis rien, mais voler l’argent des enfants handicapés, c’est pas mal l’affaire qui te garantit une visite de trois fantômes, le soir de la veille de Noël.

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Le régime de Trump

On connaît tous.tes de près ou de loin un grand-père légèrement sénile qui écoute le mauvais poste de radio, qui dit des affaires sur « les ethnies » qui nous font sourire comme la Joconde pendant le souper du dimanche soir et qui a mis la télécommande une couple de fois dans le réfrigérateur sur un paquet de viande à lunch expiré depuis le dernier mandat de Trudeau père.

Et disons que c’est pas mal dans ce contexte-là que je m’attendrais à entendre un monsieur de 78 ans s’exclamer que les personnes racisées ont mangé tous les chiens et chats errants d’une banlieue américaine quelconque.

Eh non. En 2024, au lieu de garder nos propos qui feraient rougir le propriétaire d’un F-150 adorné de poétiques autocollants « Fuck Trudeau » pour le repas de l’Action de grâce, on les garoche sur scène au beau milieu d’un débat où l’on doit prouver qu’on est apte à être en possession des codes nucléaires. Pour ceux et celles qui vivent sous une roche ou qui viennent de se réveiller d’un coma, c’est au beau milieu d’un débat l’opposant à la vice-présidente Kamala Harris que Donald Trump, un homme reconnu coupable d’agression sexuelle, de fraude et d’incitation à la violence, s’est mis à hurler que des personnes racisées mettaient des chiens saucisses dans leurs pains à hot dog.

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Malgré ce discours emprunté à un néo-nazi (un vrai de vrai néo-nazi, là, pas quelqu’un sur Internet qui a une opinion différente de la vôtre au sujet de Star Wars) qui aurait dû le faire échouer dans un sanitarium à sécurité maximum, le peuple américain a décidé de placer Trump dans la Maison-Blanche pour qu’il y écoule ses vieux jours. En espérant que son staff se souvienne de mettre des plastiques sur les sofas.

Danse comme si personne te regardait

Bon. On va arrêter de tourner (sur la tête) autour du pot et on va en parler, de Raygun, cette breakeuse australienne qui a haussé le moral de la population planétaire en nous faisant croire que nous aussi, avec un peu de volonté et d’huile de coude, on pourrait se qualifier pour les Olympiques. Avec des mouvements évoquant la grâce de ces chorégraphies que ma soeur et moi composions pour le plus grand plaisir de nos parents sur la dernière cassette des Spice Girls qu’on venait de déballer le matin de Noël, Raygun a été à la discipline ce que les recettes de Ricardo sont à la cuisine asiatique : crissement blanche.

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Beaucoup de controverses circulent autour de la manière avec laquelle l’Australienne de 37 ans est parvenue à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris : pot-de-vin, manigances de son mari lui aussi b-boy, bon vieux racisme, etc. Si certains la défendent en affirmant que le breakdance est tout simplement une discipline encore trop peu connue dans le « land down under » où les gens sont trop occupés à se battre contre des araignées de la grosseur d’un berger allemand pour apprendre des hot moves, Internet a fait ce qu’elle fait toujours et a fini par blâmer les wokes et la culture du « trophée de participation » pour expliquer le numéro incongru.

Par contre, en tant que personne ayant été victime d’intimidation au secondaire en raison de mes intérêts étranges (pas si cool, lire, quand tu viens de la Rive-Sud de Montréal), j’aimerais exprimer ma sympathie pour celle qui s’est fait niaiser pour les dix prochaines années.

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Après tout, dans un monde où les jeunes ont peur de boire et d’avoir du fun au cas où les preuves de leur laisser-aller devaient échouer sur les réseaux sociaux, j’admire le courage de Raygun d’être montée sur scène et d’avoir fait de son mieux, allant même jusqu’à mimiquer des bâillements alors qu’elle se faisait clairement massacrer par son adversaire. À l’ère des réseaux sociaux où l’image prend le pas sur la personne, Rachael Gunn nous a rappelé que le ridicule ne tue pas et je pense qu’on devrait tous lâcher un peu plus notre fou en écoutant Dancing on my own à tue-tête.

Et tant qu’à répandre du positif, soulignons l’incroyable victoire de notre b-boy canadien Phil Wizard à la même discipline. Parce que, avouez-le, quand le breakdance a été annoncé aux Olympiques, vous ne vous attendiez pas à ce que le Canada décroche l’or. Me semble qu’on n’a pas tant de street cred, sauf peut-être pour le Achy breaky dance.

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You had one bouleau

Mesdames et messieurs, la plus grosse gaffe de 2024. Je l’ai gardée pour la fin parce que 1. c’est la plus grosse et 2. j’ai aucune idée par où commencer.

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Depuis quelques années, la carrière de Guillaume Lemay-Thivierge s’apparente à un très lent accident de voiture filmé avec une caméra placée sous la carrosserie, un plan dont il a fait sa signature dans District 31 (moi non plus, je ne m’attendais pas à autant parler de District 31 dans cet article). Après s’être étouffé deux fois avec ses pieds sur la place publique au sujet d’un vaccin pas assez québécois à son goût (il aurait préféré l’acheter au Marché de Noël allemand de Québec) et au gala des Gémeaux, il a trouvé un troisième pied à se rentrer en travers de la gorge en allant prendre un mental health walk dans le bois, un truc habituellement prescrit aux gens pour leur éviter de faire des niaiseries. Que voulez-vous, c’est pas de la science, ça ne marche pas à tous coups.

Pensant faire une blague qui lui aurait valu tous les Olivier, un one-man show, une tape dans le dos d’Yvon Deschamps et une émission de rénovation à Canal Vie, le comédien déchu s’est pris en photo aux côtés d’un bouleau arborant le mot favori des p’tits gars de 13 ans qui punchent du gyproc après avoir perdu à Call of Duty. Le backlash ne s’étant pas fait attendre, Guillaume Lemay-Thivierge a tenté de nous passer un sapin (ça, c’est un bon jeu de mot avec un arbre, prenez des notes) en affirmant n’avoir jamais vu le mot gravé dans l’écorce de l’arbre, malgré le fait que ce dernier était mieux cadré qu’un plan d’Andreï Tarkovski (j’essaie de me racheter de mes blagues de District 31).

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Pris entre l’arbre et l’écorce (c’est tellement pas difficile), Guillaume Lemay-Thivierge a tenté de faire appel auprès de Tout le monde en parle, du bottin de l’UDA et de Kirikou lui-même, mais le mal était fait et on lui a enlevé sa très enviable place à titre d’animateur du Chanteur masqué. Et je pense pas qu’on puisse tomber plus bas que se faire enlever l’animation d’une émission où des vedettes auxquelles on n’a pas pensé depuis le Bye Bye 2013 chantent déguisées en pâté chinois généré par l’intelligence artificielle et mes cauchemars.

Il ne nous reste donc plus qu’à lui souhaiter une meilleure année 2025, tout en recommandant à ses proches de ne pas le laisser sans surveillance avec le sapin.