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Le FME 2021 ou la renaissance du Festival de musique émergente
Il y a quelque chose dans l’air à Rouyn-Noranda… Mes amis-collègues Billy, Alex et moi descendons de notre voiture louée, après y avoir passé plus de 7 heures. On a les jambes engourdies, mais le coeur à la fête.
«Il y a tellement plus de vie que l’an dernier», dis-je en apercevant des guirlandes colorées, des scènes au milieu des rues de la ville et des gens tout sourire qui se promènent sur les trottoirs.
Il faut dire que l’été dernier, le FME est un des seuls festivals qui a pu avoir lieu, pendant la brève période où la vie culturelle avait repris son cours, entre deux vagues de pandémie.
« Cette année, c’est une édition au trois quarts normale », nous lanceront régulièrement les bénévoles au fil de notre séjour. En cette 19e édition, plus d’enclos comme l’an dernier. Une dizaine de lieux diffuseront plus d’une soixantaine de spectacles au courant de la longue fin de semaine du travail. De l’impressionnante scène extérieure sur les berges du lac Osisko au sous-sol du Petit Théâtre en passant par la 8e rue, le FME nous a encore une fois réservé de belles surprises.
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La flamme de Lido Pimenta
Notre festival a commencé en force avec le spectacle de Lido Pimienta, qui a mis le feu au Poisson Volant, une magnifique scène extérieure sur le bord du lac Osisko. La chanteuse d’origine colombienne établie à Toronto depuis une douzaine d’années s’est présentée sur scène avec toute l’énergie et l’ardeur qu’on lui connaît.
Le spectacle de Lido Pimienta […] a lancé notre FME de façon festive et dansante.
Celle qui a remporté le prix Polaris pour son album La Papessa sorti en 2016 a interprété des chansons de son nouvel album Miss Colombia. La flamboyante chanteuse a entrecoupé ses pièces de propos engagés et féministes, ajoutant du même coup tenir à interpréter un morceau composé pour le prestigieux Lincoln Center for the Performing Arts de New York. « Les places les moins chères coûtent 500$. Comme c’est très loin d’être accessible à tout le monde, je veux que vous puissiez en profiter un peu! », a-t-elle expliqué, humblement fière d’avoir été approchée pour un tel mandat.
Le spectacle de Lido Pimienta, que nous avons déjà rencontré dans le cadre d’une séance photo avec Félix Renaud en septembre dernier, a lancé notre FME de façon festive et dansante.
La joie contagieuse de Calamine
À l’instar des artistes de l’an dernier, les musiciennes et les musiciennes semblaient ravi.e.s d’enfin pouvoir remonter sur scène. Après avoir dû mettre leurs activités en présentiel sur pause pendant de longs mois de couvre-feu et de distanciation, la joie de se tenir devant de vrais humains était palpable.
Vendredi soir, le sous-sol du Petit Théâtre n’était pas assez grand pour contenir toute la joie, toute la bonne humeur, tout le sourire de la rappeuse Calamine.
À force de danser comme on le fait, nous aussi on a des fesses en fer!
Le spectacle est déjà commencé lorsqu’on y arrive enfin, un peu passé minuit. Malgré l’heure tardive, l’énergie du public, masqué et contraint de respecter une certaine distanciation, est impressionnante. Calamine est entourée de trois musicien.ne.s, dont une saxophoniste. « C’est pour les butchs et les féminines. Tous mes potes trans et les goldstars. Scorpio ascendant gemini, l’destin peut se démener. Moi j’ai flushé Co-Star. C’est pour les pauvres et les démunis. » chante la rappeuse queer, féministe et anti-capitaliste établie à Hochelaga. «Je swipe jusqu’à Rosemont. Yeah je swipe swipe jusqu’au Mile End. Toutes les côtes y faut j’monte. J’ai les deux fesses en fer man.».
À force de danser comme on le fait, nous aussi on a des fesses en fer!
Le naturel désarmant de Ariane Roy
Samedi matin. La nuit a été courte sous le ciel de Rouyn. Café, déjeuner en vitesse puis cap sur le Poisson Volant, la magnifique scène aux abords du lac Osisko. Lorsqu’on arrive sur le site, Ariane Roy a déjà pris le stage d’assaut. Sa voix riche et sa guitare énergique résonnent comme si rien d’autre n’existait.
C’est aussi ça la beauté des festivals: (re)découvrir les artistes qui nous font vibrer.
Il y a plusieurs artistes qui ont marqué ma première vague de pandémie et Ariane Roy en fait définitivement partie. Sa chanson Adèle a tourné en boucle entre les quatre murs de mon appartement, comme un petit point de repère rassurant et enveloppant. Sur la scène du Poisson Volant, qu’elle habite avec son énergie et son charisme désarmant, ses arrangements ont quelque chose de plus rock. Café en main et sourire aux lèvres au milieu des familles, des jeunes et moins jeunes spectateur.trice.s, je revisite complètement son répertoire. C’est aussi ça la beauté des festivals: (re)découvrir les artistes qui nous font vibrer.
Celle qui a été sacrée Révélation Radio-Canada en chanson 2020-2021 est assurément une artiste à suivre, tant dans nos oreilles que sur scène, si vous le pouvez.
L’éclectisme de Robert Robert
Sa musique a quelque chose d’électro, de pop, de sexy et de doux.
Après la performance d’Ariane Roy, c’est Robert Robert (Arthur Gaumont-Marchand de son vrai nom) qui monte sur la scène du Poisson Volant. Celui qui s’est d’abord fait connaître comme DJ un peu partout sur la planète a récemment lancé un 4e album qui vaut le détour: Silicone Villeray. Co-réalisée par Hubert Lenoir, l’œuvre rend hommage au quartier où il vit. Le premier extrait, La nuit se plaindre, est d’ailleurs un duo avec Hubert Lenoir.
Le public du FME, composé de familles des alentours, de jeunes professionnel.le.s de l’industrie de la musique, de journalistes, et d’amateur.trice.s de musique de partout au Québec, est aussi éclectique de Robert Robert. Sa musique a quelque chose d’électro, de pop, de sexy et de doux.
Si certaines chansons sont plus dansantes, comme MP3 pour les fleurs de printemps et d’autres un peu plus posées comme Indigo, elles sont toutes efficaces à leur manière. La preuve: je chantonnerai des petits bouts de chansons de Robert Robert tout au long de la journée.
La fougue lit af de Ragers
Bien que nous avions hâte à plusieurs spectacles, Alex et moi avions une place très spéciale dans nos cœurs pour le spectacle de Ragers. Si notre collègue Billy nous accompagnait au FME comme journaliste, il était également sur place comme artiste et membre de Ragers. Puisque nous ne l’avions encore jamais vu sur scène, nous avions hâte de remédier à la situation et surtout, de danser nos vies!
C’est finalement à la salle des Chevaliers de Colomb que le quatuor a trouvé refuge pour un spectacle lite AF.
Si le groupe montréalais devait initialement jouer à la presqu’île du lac Osisko, la météo en a décidé autrement. C’est finalement à la salle des Chevaliers de Colomb que le quatuor a trouvé refuge pour un spectacle lite AF. Leur musique, un éclectique mélange de pop urbaine, de rap et d’instruments live leur a valu d’élogieuses critiques par des médias tels que The Fader, Complex et XXL Magazine.
C’est devant une foule énergique que Ragers a mis le feu à la scène, interprétant ses chansons en anglais et en français, dont Tant qu’à y être, un premier EP dans leur langue maternelle.
La soirée se conclut avec un show caché de Robert Robert, qu’on a eu la chance de revoir et réentendre, dans une ambiance complètement différente que celle de la matinée.
L’an prochain, le FME fête ses 20 ans, ce qui promet d’être inoubliable.
Après la performance, direction Morasse, le mythique diner de Rouyn qui sert « La meilleure poutine du monde », rien de moins.
C’est le cœur gros que nous avons quitté Rouyn-Noranda dimanche, la tête pleine de découvertes et de souvenirs.
L’an prochain, le FME fête ses 20 ans, ce qui promet d’être inoubliable. Après cette édition « au trois quarts habituel », on espère que le festival pourra tenir un édition à 100% normale. Et même plus!