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La gentillesse est plus payante que vous le croyez
Lorsque je pense à quelqu’un qui a du succès, je n’ai pas tendance à penser à quelqu’un de gentil. Mon esprit se tourne plutôt vers des gens comme Anna Wintour, Ellen DeGeneres ou Jeff Bezos, qui force ses employé.e.s à uriner dans des bouteilles à cause de leurs conditions de travail.
Alors que les employé.e.s du service à la clientèle s’épuisent au travail, les dirigeant.e.s encaissent les gros bonus. On peut donc être porté.e à se dire : « Ah! Pour réussir, je dois être désagréable, parce que les gens au sommet se conduisent ainsi. C’est l’attitude des gagnant.e.s! »
Nous sommes réuni.e.s aujourd’hui parce que j’ai envie de prêcher le contraire : ces gens réussissent malgré leur attitude repoussante. Car être gentil.le, c’est plutôt payant.
Juste la base
Dans une société où le sablier s’écoule encore plus vite que les potins sur QCScoop, « les autres » peuvent rapidement dégringoler dans notre liste de priorités alors qu’on peine à trouver du temps pour soi.
On garde un meilleur souvenir des « Wow! Quelle gentille personne! » que des « Ouf, cette interaction sociale n’a pas été plaisante! »
Mais dans le contrat social, un minimum de courtoisie est requis afin de se différencier des animaux. Et encore là, je connais des chiens pas mal plus gentils que certains humains.
Bien que certain.e.s s’en sortent en criant après les autres comme des cabots qui aboient après les voitures, nous sommes simplement plus heureux de croiser des gens attentionnés en général.
C’est la meilleure façon de marquer les autres. On garde un meilleur souvenir des « Wow! Quelle gentille personne! » que des « Ouf, cette interaction sociale n’a pas été plaisante! »
On sait jamais qui va aboutir où
À moins d’avoir une boule de cristal, on ne peut prédire le futur. Ça veut dire que tou.te.s vos collègues, ami.e.s et connaissances pourraient vous être utiles plus tard. Si vous vous les mettez à dos pour nourrir votre égo, vous brûlez des ponts qui seront difficiles à reconstruire.
Même dans un égocentrisme assumé, nous avons besoin des autres pour nous aider ou nous donner de la job. C’est pour cette raison que même dans un acte total de nombrilisme, la gentillesse rapporte plus qu’on le pense.
Vous ne savez jamais quels sont les contacts que possède une personne que vous croisez.
Non seulement le futur pourrait mettre des gens du passé sur votre chemin, mais vous ne savez jamais quels sont les contacts que possède une personne que vous croisez. Cette semaine, une spectatrice régulière de ma soirée d’humour m’a dit : « Connais-tu cette personne? J’étais bénévole dans un festival cette année et elle n’a vraiment pas été fine avec moi. Elle était hautaine et brusque. Je n’ai vraiment pas aimé ça. »
Et moi, je ne vais pas mettre des gens que mes habitué.e.s n’aiment pas à la programmation. Le manque de civisme de cette personne qui m’était inconnue lui a fait perdre du temps de scène et un cachet.
Si la gentillesse ne fait pas partie de vos réflexes, voici une courte liste de suggestions pour faire une meilleure impression auprès des autres : présentez-vous à tout le monde près de vous, efforcez-vous de vous souvenir de leur nom, prenez de leurs nouvelles de temps à autre, dites merci et ayez des discussions positives et motivantes.
Ç’a l’air niaiseux, mais en posant ces quelques gestes, vous serez déjà en train de vous distinguer!
Il ne manque pas de terrien.ne.s
Sur cette planète surpeuplée, il ne manque pas de compétition. Pour chaque projet, des tonnes de candidat.e.s sont disponibles. Parmi les gens qu’on pourrait approcher, les premiers éliminés sont ceux qui ne nous donnent pas envie de collaborer avec eux.
Il y a quelques années, je travaillais sur une émission de télé qui recevait des invité.e.s connu.e.s. J’ai assisté à des discussions très franches où des producteurs rejetaient certain.e.s artistes pour des raisons qui n’avaient aucun rapport avec leur talent : « Ah non, lui, il va nous piquer une crise avant le tournage », « Elle, elle va nous choker la veille », « Si on prend lui, toute l’équipe va devoir faire semblant de rire de ses blagues malaisantes », « Ah non, cette fille va nous faire sentir comme si on lui en doit une »… C’est vrai dans le milieu de la télé, mais aussi dans tous les autres domaines.
Il ne manque pas de Terrien.ne.s sur cette planète. On va donc généralement prioriser les personnes gentilles simplement parce qu’elles sont plus plaisantes à côtoyer.
Qui vous aidera lors de votre chute?
Les gens qui sont insupportables lors de leur ascension attirent des gens similaires, des individus aussi insoutenables qu’eux, prêts à prendre leur place à la première occasion.
Pourquoi les autres prendraient-ils de leur précieux temps pour vous aider alors qu’ils peuvent soutenir des gens qui les ont bien traités?
Il suffit d’une crise économique, d’une restructuration ou d’un simple hasard pour se retrouver en péril. Lors d’un moment de vulnérabilité, qui sera là pour vous si vous avez laissé un goût amer dans la bouche de tous les gens qui vous entourent?
Pourquoi les autres prendraient-ils de leur précieux temps pour vous aider alors qu’ils peuvent soutenir des gens qui les ont bien traités?
« Est-ce que je peux faire quelque chose pour t’aider? »
Les lignes qui suivent vont manquer d’humilité, je vous préviens.
La preuve que la gentillesse paie, c’est moi. Avant de devenir humoriste, j’étais actuaire. Laissez-moi vous dire qu’un humain avec un problème d’élocution qui a passé 10 ans devant Excel n’a aucune aisance naturelle sur scène. Je n’étais pas le cheval sur lequel j’aurais misé en commençant cette course.
Mais l’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas encore eu à me chercher un emploi d’appoint, c’est que j’ai décidé que j’allais rendre ça le fun pour les autres de travailler à mes côtés. Je me suis inspiré des mots de l’animateur américain Conan O’Brien : « Soyez gentils. Travaillez fort. De belles choses vont vous arriver. »
L’une des phrases que j’aime répéter est : « Est-ce que je peux faire quelque chose pour t’aider? »
J’ai obtenu un stage parce que j’ai aidé des productrices télé à aller chercher des bouteilles d’eau alors que tout le monde restait assis sur sa chaise. Durant ce court moment, je me suis distingué.
J’ai été l’invité d’honneur d’un évènement où j’aurais pu passer mes journées dans ma chambre d’hôtel, mais lorsque j’ai su que la réception peinait à accueillir les festivaliers et festivalières qui arrivaient en masse, je suis allé donner un coup de main aux bénévoles.
Je pense que si j’avais émis un nuage d’amertume, d’égo et de négativité en général, je n’aurais jamais été en mesure d’annoncer ma prochaine mini-tournée. Mon nom serait sur la liste de ceux et celles qui ont tenté leur chance sans succès.
Je ne crois pas au karma. Je ne pense pas que les gens faisant preuve de gentillesse reçoivent systématiquement du positif. Je pense aussi que des ordures s’en sortent trop souvent avec une belle vie. Par contre, si vous voulez donner le goût aux gens de passer du temps en votre présence, ça aide d’être gentil.le.