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FME 2020 jour 3 : la fin, « C’est triste, pareil »

Trois jours et un trio transportés par les artistes.

Par
Laïma A. Gérald
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Samedi matin. Troisième et dernière journée du FME. On est déjà nostalgiques, mais prêt.e.s à en profiter à fond.

Aujourd’hui, la météo est moins moche et c’est moins probable que nos plans soient contrecarrés à cause de la pluie (qui est vraiment un des sujets principaux du week-end)

À 15h, on reçoit Gab Bouchard à notre émission de radio quotidienne. Il nous parle de son magnifique premier album Triste pareil lancé juste avant le confinement, de son bonheur d’enfin le partager avec le public et de son show de jeudi soir qui a dû être annulé à cause de l’orage, maudit.

LES COUPS DE COEUR DE LAÏMA : Anachnid

En règle générale, j’aime les shows cachés, les événements mystérieux dont on apprend les détails au dernier moment, bref, tout ce qui me donne l’impression de vivre à l’époque de la prohibition et des speakeasy. J’étais donc vraiment heureuse d’avoir un billet pour la performance d’Anachnid, un show caché dont le lieu serait révélé quelques heures avant.

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J’apprends alors que l’auteure-compositrice interprète autochtone se produira au Parc botanique À Fleur d’eau (encore un endroit bucolique, j’aime ça.). Vêtue d’une longue robe noire vaporeuse, les cheveux longs défaits et des lunettes de soleil, Anachnid apparaît sur scène avec puissante, charisme, magie. Elle parle avec émotions de ses origines Oji-Crie et Mi’gmaq, de son animal totem, l’araignée et de sa connexion profonde avec les corbeaux. À cet instant précis, des corbeaux se mettent à croasser vigoureusement au-dessus de nos têtes. Anachnid fait de la magie et nous entraîne avec elle. Elle offre une musique sensuelle, teintée d’électro-pop, de trap et de soul, qui se mêle à des bruits animaliers, des tambours et des flûtes, qui ne font qu’un avec la nature qui nous entoure. Je suis captivée, presque hypnotisée par sa performance. Elle clôt son spectacle avec une chanson en hommage aux femmes autochtones disparues. Je quitte le parc, bouleversée, les yeux rivés vers le ciel nuageux où volent toujours les dizaines de corbeaux invoqués par la chanteuse.

Aliocha

S’il y a un artiste que j’ai écouté pendant mon confinement, c’est bien Aliocha. Il a sorti son deuxième album Naked en mars, et il a instantanément tourné en boucle dans mes oreilles. Si je n’ai pas écouté la chanson Naked 100 fois, je ne l’ai pas écouté une fois!

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La musique d’Aliocha est à la fois minimaliste et sophistiquée. J’adore l’esprit des années 60, un peu rétro, qui teinte ses chansons, tout en ayant des arrangements contemporains. En fait, c’est totalement mon genre de son.

En arrivant sur scène, le chanteur annonce d’emblée que c’est la première fois qu’il présente ce spectacle devant un public. Je me trouve tellement chanceuse d’être là. Je me laisse porter par ce spectacle doux et enveloppant, mais très énergique à la fois. Aliocha est heureux d’être sur scène et ça se sent. Je suis comblée et rejoins les ami.e.s, le coeur léger.

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LES COUPS DE COEUR DE MEL : KNLO et Brown Family

En soirée, Billy et moi assistons au spectacle où s’enchaînent KNLO et Brown Family. C’est encore une fois un spectacle où il est difficile de rester assis. Je me nourris donc de l’énergie des musiciens, si heureux d’être devant un public pour la première fois depuis des mois. C’est un beau moment, tout simplement, et pour un bref instant, on oublie toutes les restrictions sanitaires pour se laisser aller dans la mélodie… sur notre chaise.

LES COUPS DE COEUR DE BILLY: « J’ai copié Mel sans faire exprès »

KNLO

Ça a beaucoup de sens pour quiconque me connaît que mes coups de coeur soient les mêmes que ceux de Mel.

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Même quand j’étais pas trop intéressé par le rap québ (il y a de cela bien des années), mon coeur a toujours fait une exception pour KNLO. Peut-être parce qu’on partage le bagage de jeunes biraciaux au Québec, mais surtout pour son champ lexical extrêmement vaste, qui ne bannit aucune langue, si le mot se prête à la rime, et ses références idiosyncratiques nichées.

Sur scène, on retrouve notre Craq’nuques comme on l’aime, tout en danse et en sourires. Comme je le faisais remarquer à Mélanie, ça doit être facile garder la pêche quand on est sur scène avec sa femme (la très talentueuse Caro Dupont) et ses meilleurs amis (Vlooper et Eman). Confortable partout, il a vraiment trouvé de bons moyens de faire participer la foule au spectacle, si bien que l’on oublie qu’on a les fesses scotchées à une chaise.

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Gab Bouchard

La première fois que j’ai entendu Gab Bouchard, je suis tombé en amour. J’étais allé à son spectacle de lancement, en mars, sans me douter que ce serait le dernier auquel j’assisterais pour quelques mois. Ayant dû annuler sa tournée à cause de la crise sanitaire, j’étais très heureux de savoir qu’il jouerait plusieurs fois par jour lors du festival. Je me suis donc dit que ça serait le show idéal pour clore mon expérience du FME.

Yves (remember him?) nous attendait devant pour nous amener au show de Gab, qui devait être en extérieur. La météo n’étant pas particulièrement clémente à Rouyn ce week-end, la performance fut déplacée au Club de l’âge d’or (no joke), salle inusitée, mais en même temps parfaite pour le côté un peu ludique du chanteur.

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J’avais demandé à Gab durant le jour si le confinement avait apporté des changements à son set, mais je ne me doutais pas qu’il y en aurait autant! En version réduite (voix, guitare, clavier et batterie), le trio nous a réellement fait oublier pendant quelques instants que ça faisait des mois qu’on n’avait pas eu droit à ça. Tous et toutes distancé.e.s, on dansait en chantant lors de « Tu m’connais trop bien », on a plané lors d’un jam instrumental aussi intense qu’éthéré.

Retour à l’hôtel avec les oreilles qui sifflent, le cerveau un peu ramolli par cette fin de semaine intense et le coeur un peu aigri que ce soit déjà la fin. Comme chante Gab, « C’est triste, pareil ».