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Vendredi matin. Le ciel de l’Abitibi se dégage au-dessus de nos têtes. Après la pluie torrentielle de la veille, on est content.e.s d’apercevoir quelques éclaircies. On est reposé.e.s, on est motivé.e.s et surtout, on est prêt.e.s à se mettre de la musique live plein les yeux, les oreilles et le corps au complet.
Mélanie, Billy et moi circulons dans les rues du centre-ville de Rouyn, beaucoup moins animées que lors des éditions précédentes. Normal : le FME accueille habituellement 35 000 festivalier.e.s, mais pandémie oblige, ce sont plutôt 3000 personnes qui sont sur place cette année.
Mais on ne se laisse pas atteindre et les autres festivalier.e.s non plus : la musique est reine et Rouyn est notre royaume.
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LE COUP DE COEUR DE LAÏMA : ROSIE VALLAND
Après avoir animé notre émission de radio quotidienne sur les ondes de CFME, la radio événementielle du festival, on saute dans notre voiture de location et on se dirige vers le spectacle de Rosie Valland, au Centre de plein air du Lac Flavrian. Juste le nom de l’endroit, avec ses accents bucoliques, me relaxe. Après avoir roulé 20 minutes sur une route de garnotte, pensé qu’on était perdus, fait demi-tour, puis réalisé qu’on était corrects finalement, on arrive au bord d’un lac, dans un parc verdoyant et chaleureux. Des bénévoles nous indiquent que l’on peut s’asseoir par terre, ou à des tables de pique-nique dispersées sur le site. Si on circule ou si on reste debout, le port du masque est obligatoire. On s’installe près de la scène, et une femme est déjà au piano. Elle chante. « C’est qui? » lance Mélanie, intriguée. On apprendra plus tard que c’est la mairesse de Rouyn qui a tenu à faire une petite prestation pour les festivalier.e.s. On trouve ça cute pis gentil de sa part!
C’est alors que Rosie Valland fait son entrée, tranquille, forte, rassurante, presque brumeuse. ll pleut un petit peu, mais ça ne saurait durer. Au fil des notes, des mélodies et des mots, les nuages et la pluie laissent doucement place à un arc-en-ciel, qui se dessine juste au-dessus de la scène. Si le désormais célèbre slogan « Ça va bien aller » orné d’un arc-en-ciel n’existait pas déjà, c’est sans doute là qu’on l’inventerait. Rosie Valland donne un spectacle à la fois doux et puissant, simple et particulièrement feel good.
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LE COUP DE COEUR DE MÉLANIE: Les Louanges
Les Louanges, c’est vraiment LE spectacle que j’attendais ce week-end. Il faut dire que ça fait longtemps que je suis Vincent Roberge et que ses chansons m’ensorcellent. Ce mélange de slacker pop, de chillwave, de funk, de R&B et de plastic soul, ça ne ressemble à rien dit comme ça, mais ça vient me chercher comme rien d’autre. Je suis donc très fébrile à l’idée de voir ce show.
Ça se passe à l’Agora des arts, une grande salle de spectacle où des duos de chaises sont placés à deux mètres de distance les uns des autres. L’avantage, c’est que peu importe où on est placé dans la salle, on a une belle vue sur la scène. Vincent Roberge en est à son deuxième spectacle de la soirée et il est en FEU. Je ne suis vraiment pas fan girl dans la vie, mais là, dès les premières notes, il réveille en moi une petite flamme.
Je connais toutes les chansons. Par cœur. Même que quelques fois, il oublie certaines paroles, mais ça ne paraît pas. Peut-être qu’on y voit que du feu parce que je les chante si fort. Je vous jure que c’est difficile de rester les deux fesses sur ma chaise tant l’énergie qu’il déploie sur scène est contagieuse. À un moment, alors qu’il se déchaîne sur scène avec sa guitare, je tente une manoeuvre que je crois être COVID-friendly : j’essaye de me lever pour danser un peu, AVEC mon masque et en restant bien les deux pieds cloués au sol, mais on me signale gentiment que ça ne le fera pas. C’est donc bonne joueuse et assise sur les 3 derniers centimètres de ma chaise que j’assiste au spectacle, usant de ma voix et de mes bras pour évacuer mon envie de danser.
C’est un magnifique concert, le chanteur québécois est si passionné et envoûté par sa musique qu’il est impossible de ne pas être charmé pas son énergie.
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LES COUPS DE COEUR DE BILLY : Backxwash & WE ARE WOLVES
Un festival avec distanciation sociale, ça signifie aussi capacité réduite dans les salles de spectacles. Ne pouvant tous rentrer dans l’Agora pour voir Les Louanges, je laisse les filles profiter du show et je me met à errer dans la ville, à la recherche d’une découverte musicale. Au loin, j’entends des percussions et de la grosse basse, que je suis de manière instinctive pour me retrouver, tiens tiens, au spectacle de We Are Wolves.
C’était le baptême parfait pour mon premier show en salle du week-end. Ici, sécurité avant tout. On me fait attendre, on bouge des chaises pour assurer une distance maximale entre moi et les autres spectateurs, et on me place en plein milieu de la salle. C’était un exercice amusant, parce qu’on s’entend que s’il y a un groupe qui donne envie de se lever de sa chaise et lâcher son fou, c’est bien We Are Wolves.
Soit ce n’était pas leur première fois devant un public assis, soit les gars sont capables de faire totale abstraction du setting, parce qu’ils se sont donnés comme s’ils étaient devant une foule immense, avec la même fougue et une prestance incroyable. De les voir dans ce genre de contexte permet aussi une appréciation nouvelle de leur musique et de leurs talents en tant qu’instrumentistes.
Sortant de la salle avec un léger buzz provoqué par les visuels et le côté légèrement psychédélique de la performance du band (et pas par le weed, cette fois-ci), j’ai fait le pari de trouver le spectacle de Backxwash en me basant exclusivement sur les directions que me donnaient les festivaliers qui me voyaient tenter de trouver les noms de rues dans le noir.
Si je recommandais déjà à tout le monde d’aller voir Backxwash en spectacle avant que je n’y aille moi-même, je dois maintenant vous *obliger* à y aller. Trônant sur scène avec une large robe noire, solide comme le roc, donnant plus l’impression qu’elle performe une incantation qu’un show de rap. Dans la salle de la taverne locale, ou quelques habitués n’ont pas pu être délogés de leur place au bar par le festival, le public tient entièrement dans la paume de sa main. Ce n’est probablement pas tous les jours qu’une femme trans noire qui rappe en anglais sur des instrus qui flirtent avec le métal se produit dans le coin.
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Encore une fois, je suis frappé d’abord par la civilité de la foule, assise sagement comme si on n’était pas en train d’assister à quelque chose de colossal. Ce n’est pas faute de vouloir se déchaîner, c’est la situation qui l’impose et l’assistance se conforme, consciente de son immense privilège. Mais surtout, je suis frappé par l’artiste elle-même et sa confiance sur une scène comme celle-ci qui, à plusieurs égards, est presque plus intimidante qu’une scène principale.
Elle m’a mis sur le cul, je ne m’en suis toujours pas remis, et j’achale tout le monde à qui je parle pour les convaincre d’aller la voir en live. Même s’il faudra absorber tout ça assis.