Logo

Être introverti c’est pas un défaut, ok?

Un hommage aux plus discrets pour la semaine nationale des introvertis

Par
Lucie Piqueur
Publicité

Petite, déjà, ma mère se demandait si j’avais un problème : alors que mes grandes soeurs passaient leur temps à supplier pour que quelqu’un joue avec elle, je préférais m’enfermer dans ma chambre et m’inventer de grandes aventures avec moi-même. J’avais déjà tendance à trouver que les autres font trop de bruit et qu’après une journée passée parmi eux à l’école, je méritais bien un peu de temps toute seule dans ma tête. Et finalement, avec le temps, je n’ai pas changé. J’ai juste compris ce que j’avais. Ça s’appelle de l’introversion et c’est un trait de personnalité.

Ce n’est pas un défaut, sauf qu’on vit dans un monde qui valorise plus les extravertis que les introvertis.

Aujourd’hui, mon problème, ce n’est plus d’être forcée par ma mère à faire du rollerblade avec les enfants des voisins, c’est de composer avec les maudits brainstorms, les insupportables 5 à 7 de réseautage et les interminables activités de team-building. Et honnêtement, si je gagnais une piasse à chaque fois qu’on me dit que je devrais parler plus… je pourrai enfin m’acheter la grotte secrète dont je rêve pour pouvoir m’isoler en paix.

Publicité

Introverti ≠ timide ≠ psychopathe antisocial

Une mise au point pour commencer : être introverti, ce n’est pas la même chose que d’être timide, même si les deux vont parfois ensemble. Selon Carl Jung, le psychiatre suisse qui a inventé le terme, les extravertis sont plus tournés vers le monde et les autres, alors que les introvertis sont plus tournés vers leur propre univers intérieur. Il semblerait qu’environ un quart des gens s’identifient comme introvertis. Quant à la timidité, c’est plutôt un sentiment d’insécurité quand vient le temps de s’adresser aux autres. On met souvent les timides et les introvertis dans le même panier, alors que la timidité peut aussi bien toucher les extravertis. La différence, c’est le besoin et l’envie de communiquer, souvent ou pas. Les introvertis sont-ils pour autant des être antisociaux qui détestent les autres? Non. On peut aimer les autres sans être constamment obligé de faire du rollerblade avec eux, OK MAMAN?

Publicité

En fait, voici ce qui décrirait typiquement une personne introvertie :

  • – Elle apprécie de passer du temps seule.

– Elle a régulièrement besoin de s’isoler pour «recharger ses batteries».

  • – Elle a moins besoin d’être stimulée pour être satisfaite.
  • (Je réalise qu’on dirait une longue analogie de masturbation… mais on parle bien ici d’interactions sociales.)

– Elle a souvent de bonnes capacités d’observation, d’écoute et de concentration.

  • – Elle préfère prendre le temps de réfléchir avant de parler ou de prendre des décisions.

– Elle n’aime pas beaucoup le small talk et les conversations de groupe mais apprécie les longues discussions profondes en tête à tête.

Publicité

Coucou!

Pour réussir une carrière en politique, dans les arts ou encore comme chef d’entreprise, c’est souvent plus utile d’avoir un gros réseau de contacts qu’un gros jardin secret d’idées et de réflexions.

Dans notre culture, on associe facilement extraversion et bonheur. Plus on est actif, connecté, entouré et connu, plus on a l’air heureux. Si on passe trop de temps seul ou en silence, on a l’air triste et ça met les gens mal à l’aise. C’est vous dire! Selon une étude effectuée en 2014, un quart des femmes et deux tiers des hommes préfèreraient s’administrer une décharge électrique plutôt que d’être laissés tous seuls à rien faire…

Publicité

Comme les introvertis attirent naturellement moins l’attention que les extravertis, ils se fondent plus facilement dans la masse. Mais il ne faudrait pas qu’ils se perdent dans la foule. C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’avais envie de dire «Coucou les introvertis! Je vous vois!»

Même si la société hyperconnectée actuelle vous est moins favorable, même si vous êtes moins en position de pouvoir, même si vous vous faites moins entendre, vous êtes indispensables à l’équilibre du monde. Continuez de prendre soin de vous et de cultiver votre univers intérieur. Continuez de partager l’espace et d’être indépendants. Ce n’est pas un défaut. You rock.

Publicité