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COP27 : résumé d’un bilan décevant
La COP27 était le bruit de fond de l’actualité la semaine dernière. Dimanche, elle s’est finalement terminée dans un silence presque suspect entre le début de la controversée coupe du monde au Qatar et le plus récent épisode d’Occupation double.
À Charm el-Cheikh, en Égypte, des accords se sont conclus sur fond d’espoir dérisoire et de déception prévisible, deux jours plus tard que prévu. Faut-il se réjouir des négociations ou pointer du doigt la superficialité des ententes, que plusieurs ont qualifiées « d’échecs »?
Un peu de contexte
Ouverte le 6 novembre dernier, la COP27, soit la 27e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, accueillait près de 40 000 délégué.e.s venant de 192 pays. Au terme de deux semaines de négociations, une entente décrivant les prochains pas à effectuer dans le cadre de la lutte climatique s’est signée.
Cette année marquait la deuxième fois que la rencontre internationale avait lieu sur le continent africain, considéré comme le plus vulnérable face aux changements climatiques.
Des actions pour la justice climatique
La justice climatique, c’est le coeur de la COP27. On entend, par ce concept, la dette des pays riches envers les pays pauvres sur le plan environnemental.
En effet, les pays du Sud, plus affectés par la crise climatique, ne sont pas ceux qui polluent le plus. Un accord historique a donc été signé, promettant la création d’un fonds pour compenser financièrement les pertes et préjudices subis par les pays pauvres. Cette initiative, dont les modalités sont à la source de la prolongation de la COP27, a été largement saluée.
Trudeau brille par son absence et le Canada ne brille pas du tout
Le Canada a dû faire preuve de beaucoup d’humilité au cours de la semaine, alors qu’il croulait sous les critiques de son piètre bilan environnemental. Il faut dire qu’elles étaient justifiées : le pays se place notamment au 2e rang des pays du G20 pour les subventions accordées aux énergies fossiles et au 58e rang sur 60 du Climate Change Performance Index, qui évalue chaque année la valeur des engagements et des politiques climatiques de 59 pays et de l’Union européenne.
Le premier ministre Justin Trudeau n’était pas en Égypte pour défendre son honneur, et son absence a été remarquée. Mais à travers la tenue d’activités sur la décarbonisation auxquelles il avait invité les représentants de six pétrolières, Trudeau a promis (à distance) qu’il rehausserait ses exigences climatiques. Une promesse aux airs de déjà-vus qui rend difficile de taire l’échec du Canada quant à la diminution de ses gaz à effet de serre.
Trop de pétrole, et autres énergies faciles
Dans le texte final de la COP27, on tend vers une justice réparatrice qui revêt des allures davantage économiques qu’environnementales, et qui ne mentionne pas de cible pour la réduction de l’exploitation d’énergies fossiles. En fait, c’était à prévoir : l’événement semblait une vitrine de choix pour les 636 lobbyistes pétroliers présents, un nombre qui représente une augmentation de 25 % par rapport à la COP26, tenue l’an dernier.
La gestion de la COP27 par l’Égypte a été critiquée pour de multiples raisons, mais l’impression d’avoir assisté à « un salon de l’industrie des hydrocarbures » a été partagée par plusieurs délégué.e.s présent.e.s.
Il annonce chaud
L’éléphant dans la pièce, c’est que les engagements climatiques des gouvernements n’ont pas évolué depuis la COP26. La cible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, établie pendant l’Accord de Paris en 2015, a été réitérée, mais il n’y a actuellement pas de sanctions pour les États qui ne tiennent pas leurs promesses, ni de mesures concrètes pour y arriver. Les mesures qui ont été prises laissent envisager, au mieux, un réchauffement de 2,4 °C à la fin du siècle et, au rythme actuel des émissions, un 2,8 °C catastrophique pour les pays plus vulnérables.
La COP28 se tiendra en décembre 2023 à Dubaï. En attendant, c’est plutôt la COP15 sur la biodiversité qu’on devra surveiller à Montréal. Impossible de la manquer, celle-là, surtout si vous faites partie des chanceux et chanceuses qui verront leur station de métro la plus proche fermer presque tout le mois de décembre.