Comment gagner au Tock (grâce aux mathématiques!)

Selon Wikipédia, qui ne dispose pas de sources fiables pour supporter cet énoncé, le Tock est un jeu de table qui aurait été adapté par les premiers colons du Québec. Malgré le flou autour de ses origines, l’hypothèse semble plausible : on dirait bien qu’on est les seuls sur Terre à y jouer!

Parlant de choses pas claires, quand on parle de ce jeu, on est vite confronté à une autre énigme : est-ce qu’on écrit Toc ou Tock? Il faut dire que le jeu a longtemps survécu grâce à la tradition orale. Une des conséquences de ça, outre l’orthographe avec ou sans k, est le nombre impressionnant de règles maison et de variantes qui existent.

Assoyez-vous confortablement, grand-papa Pierre-Luc va vous raconter vite vite une belle histoire. Pour comprendre les origines du Tock, on doit retourner dans un passé lointain. Tous à la DeLorean!

Les premières versions de ce jeu ont été identifiées à l’époque de la «culture de la céramique grise peinte», soit entre 1200 et 600 avant Jésus-Christ. À partir de là, et au fil des siècles, une quantité étonnante de variantes ont été développées avec différents plateaux et différents « dés » (parfois de petites pièces colorées ou tout simplement des coquillages). Dans leur forme un peu plus aboutie, ça donnera naissance à des jeux comme le Parchesi, le Ludo ou le Jeu des petits chevaux. Chaque région du monde ou presque a sa version : Les Colombiens jouent au Parqués, les Américains jouent à Sorry! et nous, au Tock. La grosse différence, c’est qu’on joue avec des cartes au lieu de dés. On est une société distincte, icitte!

À peu près chaque famille a ses règles au Tock. Je vous entends déjà me dire «On fait ça avec un 10, pas avec un valet!», mais si je tiens compte des versions de tout le monde, c’est pas un article que je vais écrire, c’est un livre au complet. Pis – alerte à la plogue – je viens d’en écrire un, laissez-moi une chance. On va donc se baser sur les règles de ma famille. C’est moi qui écris, c’est moi qui décide!

Le Tock, c’est super simple. On sort les jokers du paquet. On distribue cinq cartes à chaque joueur pour la première ronde, quatre pour la deuxième et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on atteigne la fin du paquet. Une fois que c’est fait, les quatre billes d’un joueur sont placées dans ce qu’on appelle la zone de repos. Pour en sortir et entrer dans le jeu, un as ou un roi doit être joué.

Avec une de ces cartes, on peut la déposer sur sa case de départ. À cet endroit, elle forme un blocage. On ne peut pas la dépasser ni la manger. Seul son propriétaire peut la bouger.

Le but du jeu est de faire le tour du plateau avec ses quatre billes et de les placer dans sa maison. Pour ce faire, chaque personne joue une carte tour à tour et avance une bille de son choix de la valeur de cette carte.

Certaines ont des pouvoirs spéciaux: le 4 recule de quatre cases, le 7 peut être distribué entre plusieurs billes et le 10 fait perdre un tour au joueur suivant.

Maintenant qu’on comprend comment ça fonctionne, il faut gagner!

Le nombre exact de cases qu’une bille doit parcourir avant d’arriver à sa «maison» est de 72. La valeur moyenne d’une carte pigée au hasard dans un paquet de 52 cartes, où j’attribue la valeur de -4 aux 4 (comme ils font reculer), est de 6,3. Ça veut donc dire qu’en moyenne, il faudra jouer 12 cartes pour se rendre à sa maison.

Notre objectif est de ne pas dépenser des cartes pour rien et d’en faire gaspiller à nos adversaires. Chaque fois qu’on se fait manger, c’est l’équivalent de prendre toutes les cartes jouées et de les mettre aux poubelles.

Plus une bille est proche de notre maison, plus elle a de la valeur. On a injecté plusieurs tours dans ce meneur, alors s’il est éliminé, non seulement nous devrons repartir du début, mais nous aurons perdu beaucoup de tours à investir des cartes dans cette petite bille.

Lorsqu’on regarde notre jeu, on doit se demander comment optimiser notre main. Notre première question est: si on a le choix, est-ce qu’on sort avec un as ou un roi?

Si vous avez dit « as », félicitations! Les rois peuvent avancer nos billes de 13 cases. C’est énorme! Les rois sont les fusées du paquet! Avec eux, on avance presque d’un cinquième de plateau. Vous ne voulez pas gaspiller ça.

Maintenant que «l’optimisation des cartes» est terminée, passons à «faire perdre le temps aux autres». Pour ce faire, la meilleure méthode est de créer un blocage avec notre bille sur la case départ.

Cette technique fonctionne pour générer encore plus de trafic que sur Décarie à 17h30. Et si notre adversaire n’a qu’une seule bille à rentrer, alors on lui fera jeter toutes ses cartes pour rien.

Ma stratégie, c’est d’utiliser mes as afin de m’assurer qu’il y a toujours une de mes billes qui bloque les autres. Si jamais j’en ai de trop, ils sont toujours pratiques pour faire avancer celles qui se situent dans la maison et faire de la place pour celles qui s’en viennent.

En jouant au Tock, le Québec est vraiment plus cool que les autres nations. Au lieu d’être contraints aux coups aléatoires d’un dé, nous pouvons choisir nos mouvements à travers un éventail de cartes. Notre version laisse moins de place au hasard et permet plus de tactiques.

Je crois vraiment que l’essentiel pour gagner tient vraiment dans ces deux facteurs: sortir efficacement et bloquer les autres. Le reste, c’est du gros bon sens. Avancez toujours votre bille la plus loin afin qu’elle se rende en sécurité au plus vite. Faites de la place dans votre maison pour accroître les chances de pouvoir y entrer.

Et si vous voulez continuer à battre tout le monde à d’autres jeux, vous pouvez consulter mes guides pour gagner au Uno, à Qui Est-Ce?, à Roche-Papier-Ciseaux et au Monopoly.

Si l’envie vous prend de vous lancer dans le Tock compétitif, sachez qu’il manque cruellement de clubs de calibre. Partez-le vôtre!

Je vais sûrement m’y joindre et jouer assidument comme je l’ai fait avec le poker!