Vouloir une job plate, assumer ses menstruations et loger 7 enfants
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Gabrielle : 🩸 démocratisons les phases du cycle menstruel
Il y a quelques semaines je suis tombée sur le TikTok d’un gars qui explique qu’une fille a repoussé leur première date parce qu’elle était dans sa phase lutéale. Là évidemment lui ne comprend pas ce que ça veut dire.
Pour les non-initiés, la phase lutéale, en gros, c’est le SPM, et elle fait partie d’une série de 4 phases qui s’étalent sur 28 jours, qui commence avec les menstruations, suivie de la phase folliculaire, l’ovulatoire et la lutéale.
Ce qui m’intéressait avec ce TikTok-là, c’est qu’il s’inscrit dans une tendance que je vois de plus en plus passer dans mon fil, et c’est la démocratisation des phases du cycle menstruel.
Parce que oui, toutes les phases ont leurs symptômes associées, comme un regain d’énergie et une grosse libido pendant l’ovulation ou une fatigue et des boutons pendant la phase lutéale, et les personnes menstruées en parlent de plus en plus.
On voit ça avec des blagues sur TikTok, des memes (notre collègue Naomi de Dehors en fait sur son compte TikTok perso) comme « j’ovule tellement que je trouve les gars blonds attirants ».
Mais aussi avec des tendances comme le « cycle syncing », soit de planifier son mode de vie en fonction des phases du cycle, que ce soit les entraînements (gros workout quand tu ovules, yoga doux quand tu as tes règles – au Québec Rose-Aimée Automne T. Morin en est une adepte), le travail (à lire sur Quatre95), la sexualité où la nutrition. Le cycle syncing pourrait aider à réduire les symptômes associés à certaines phases des cycles, comme les crampes, les soucis digestifs, le manque d’énergie, l’irritabilité ou la déprime.
Je sais pas toi, mais moi, j’ai grandi à une époque où on ne parlait pas de nos règles, ou presque pas.
C’est pour ça que je trouve que ça fait du bien de voir que non seulement les personnes menstruées sont moins gênées de parler ouvertement de leurs règles, mais qu’en plus, on semble arriver à une acceptation de l’impact des phases du cycle sur notre humeur, notre niveau d’énergie ou encore nos besoins et nos envies.
Moi qui viens d’une époque où se faire dire « Coudonc, t’es tu SPM » c’était vraiment une grosse critique, et qu’on voulait pas l’être, je trouve que ça fait du bien de voir qu’on se réapproprie la réponse en disant « ben oui, pis? »
Florence : 🙄 Les jeunes s’en crissent du travail
Gab moi cette semaine j’avais envie de te parler d’un article de The Cut sur le rapport au travail qui m’a beaucoup fait réfléchir dans les dernières semaines. Il s’intitule « I just want a dumb job », donc « Je veux juste une job niaiseuse » et ça raconte l’histoire de 3 personnes qui ont essayé de vivre de leur passion, ça a été bin trop intense, pis y’ont décidé qu’ils voulaient juste un 9 à 5 pas excitant, mais qui a l ’avantage d’être pas demandant.
Une philosophie qui est pas super commune pour les personnes de notre âge je pense : je suis dans ma fin vingtaine, toi début trentaine, et je pense qu’on a toutes les deux été élevées par une génération qui nous a un peu brainwashées à la « hustle culture » et qui nous a appris que le succès se définissait un peu à l’extérieur de nous-mêmes, souvent par le travail, par les choses qu’on accomplit. C’est pour ça que pour nous, quand on vit un échec professionnel quelconque, ça nous chamboule, pis on dirait que ça fait mal à quelque chose d’un peu fondamental dans notre identité.
Mais là, de plus en plus, à force de côtoyer la Génération Z au travail, on constate que y’a un espèce de shift qui s’opère, et que les jeunes sont de plus en plus détachés du travail.
On en parle beaucoup : on dit que les jeunes font des choses dans le dos de leurs patrons, comme du « quiet vacationing », donc prendre des vacances sans le dire à personne, ou du « quiet quitting », donc se désengager tranquillement du travail, sans faire trop de bruit.
On remarque aussi qu’ils sont plus infidèles, qu’ils ont la tendance au « job hopping », donc de sauter d’un emploi à l’autre pour réussir à avoir des meilleurs conditions plus vites, essayer des nouvelles affaires.
Y’a d’ailleurs un rapport de la firme Léger de 2023 qui disait que près de 15% des jeunes canadiens avaient l’intention de quitter leur emploi dans la prochaine année, et c’était particulièrement prononcé chez la Gen Z, pour qui c’était prêt du quart.
Bref, les jeunes, le travail, c’est plus transactionnel, utilitaire. Pis sachant ça, je trouve que y’a de quoi se demander si les renvois plus fréquents sont vraiment une punition, ou un CHOIX? Parce qu’en posant ses limites, la Gen Z fait une genre de résistance passive à une culture de travail qui ne correspond plus à ses valeurs. La pression, les grosses heures, les cultures toxiques, on n’accepte plus ça. C’est comme si en étant détaché, la Gen Z prenait une position consciente pis disait « renvoie-moi, je m’en fous ».
En réponse à ça, on dirait que les entreprise qui veulent pas s’adapter, préfèrent remplacer leurs employés, plutôt que changer. On célèbre l’innovation, l’audace des jeunes, on sait que c’est le futur, mais quand vient le temps de parler de conditions de travail, ça, on touche à rien, on garde ça de même, et le renvoi devient une solution de facilité, un peu un mécanisme de contrôle pour garder le statu quo.
En tout cas, moi cette semaine, je me suis demandé si c’était la Gen Z qui échouait à s’adapter au marché du travail, ou le marché du travail, qui avait de la misère à s’adapter à la Gen Z.