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« Quiet vacationing » : tendance paresseuse ou rébellion contre les abus du monde du travail?
Oyé oyé! La nouvelle tendance « quiet-quelque-chose » est arrivée dans le monde du travail! Quiet quitting, quiet firing, quiet promoting et maintenant quiet vacationing… C’est moi ou de nos jours, tout se fait en cachette à la job?
Des congés silencieux
Si son nom sonne comme une retraite paisible dans un tout-inclus en période creuse, le quiet vacationing demande en fait pas mal d’ingéniosité et de culot. C’est un phénomène qui n’aurait jamais vu le jour sans le développement massif du télétravail dans les entreprises du monde entier. Alors que les « tracances » consistent à délocaliser son télétravail vers une chouette destination, le quiet vacationing, lui, est l’art de prendre des pauses, voire des journées complètes de vacances, sans que son employeur ne s’en rende compte.
Pour ce faire, ces petits malins et petites malignes d’employé.e.s ont quelques stratagèmes dans leur poche, par exemple trouver le moyen de faire bouger leur souris régulièrement pour garder le petit piton de Slack ou de Teams allumé en vert ; ou encore, de préprogrammer des envois de courriels pendant les heures de bureau, faisant ainsi croire qu’ils et elles sont bel et bien là, derrière leurs écrans.
Pourquoi ne pas prendre de vraies vacances?
Vous me direz : « Voyons, c’est ben compliqué pis pas éthique de faire ça! Pourquoi ne pas prendre de vrais congés? ».
D’une part, bien qu’elle se pratique partout dans le monde, il faut savoir que cette tendance a surtout été étudiée aux États-Unis, où beaucoup d’employé.e.s ont très peu, voire aucun jour de congé payé. En plus, près de la moitié des Américains n’utiliseraient même pas toutes leurs journées de vacances, par peur de prendre du retard dans le travail, par culpabilité de transférer temporairement leurs tâches à leurs collègues, ou de se faire dire : « Encore des jours off? Ouin, tu prends ça relax pas mal », par leur gestionnaire.
Le quiet vacationing est aussi et surtout une tendance générationnelle.
Les milléniaux et milléniales remportent haut la main la médaille de celles et ceux qui se pognent le plus le beigne en cachette.
C’est prêt de 37% d’entre eux.elles qui admettent avoir déjà pris des quiet vacations, contre 24% des Gen Z, 24% des Gen X et 18% des boomers. Oups!
Mais ne jetez pas de pierres à ma génération, il faut dire que les milléniales et milléniaux sont en plein dans la période de leur vie où l’on a le plus d’obligations familiales. Quand le petit Timmy a déjà eu 27 fois la gastro cette année et qu’il ne nous reste plus ben ben de congés en banque, c’est le temps d’ensorceler notre souris pour qu’elle nous donne l’air de travailler.
Et après tout, qu’est-ce que ça change?
Prendre des congés dans le dos de son employeur, ça peut faire froncer les sourcils de certain.e.s. À commencer, bien sûr, par les employeurs. En Australie, Suzie Cheikho n’a pas été la plus discrète dans sa manière de prendre des breaks. Après avoir remarqué que son travail ne se faisait tout simplement pas, son employeur s’est carrément mis à espionner son ordinateur. C’est ainsi que la compagnie d’assurances pour laquelle Cheikho travaillait a découvert que l’employée en cause n’avait pas tapé un seul mot sur son clavier depuis les 4 derniers jours, et qu’elle l’a mise à la porte.
« Bien fait pour elle », diront certain.e.s. « Il y a toujours quelqu’un pour gâcher le party pour tout le monde », diront les autres.
Après tout, tant que le travail est bien fait, qu’est-ce que ça change, si je prends soin de moi pour quelques heures au lieu d’écrire mollement des courriels en fixant l’horloge aux 4 secondes jusqu’à la fin de mon shift?
Organiser efficacement son horaire, faire la job plus vite pour pouvoir profiter de la vie, planifier ses envois de courriels plusieurs jours d’avance, selon moi, ça ne sonne pas pantoute comme de la paresse. C’est simplement une solution directe et ingénieuse pour obtenir la conciliation travail-vie personnelle qu’on mérite, mais que la maudite société productiviste nous empêche d’avoir.