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Voyage au bout de l’arc-en-ciel : partie 1

Notre journaliste a travaillé une semaine dans un CHSLD.

Par
Jasmine Legendre
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Pendant une semaine, j’ai travaillé à temps plein comme aide de service au Centre d’hébergement du Manoir-de-Verdun, un des endroits les plus touchés à Montréal par la pandémie, comptant 28 décès et des dizaines de résidents infectés. J’ai ainsi été une témoin privilégiée du manque criant de personnel et de la souffrance dont on fait état depuis plusieurs jours dans les médias, mais aussi du vent de solidarité qui souffle dans les couloirs de l’établissement. Récit d’une semaine en montagnes russes au coeur de la crise, au bout de l’arc-en-ciel.

Félicitations! Vous êtes embauchée

17 avril en soirée, le téléphone sonne. Au bout du fil, Véronique, agente de gestion du personnel au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. « On aurait un poste pour vous ».

Deux jours plus tôt, j’avais répondu à l’appel du premier ministre Legault lors de son point de presse quotidien. « On manque de bras! », avait-il lancé, suppliant à la fois les médecins et la population en général de venir donner un coup de main en CHSLD, où les patients tombent comme des mouches. Quelques clics et ma candidature était enregistrée sur le site JeContribue. Pas de cachotteries : je suis journaliste, je n’ai ni formation ni expérience dans le domaine de la santé. En revanche, j’ai de la bonne volonté.

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Véronique me propose un poste d’aide de service de soir dans l’un des vingt centres d’hébergement de soins de longue durée qui composent le CIUSSS du Centre-Sud. Salaire: 21,28$ de l’heure. Horaire : 14 h à 22 h. J’accepte. Ce sera de loin ma plus courte entrevue à vie. On me convoque à une formation le lundi suivant, pour commencer sur le plancher dès le lendemain.

Employée en formation

La formation, presque aussi expéditive que mon entretien d’embauche, se déroule au CSSS Jeanne-Mance. «Vous serez responsable du lavage des mains à l’entrée des CHSLD», annonce François*, agent de sécurité depuis cinq ans qui fait office de formateur pour l’occasion.

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Nous sommes huit dans cette salle beige du rez-de-chaussée, quatre hommes et quatre femmes. Avec six semaines de distanciation physique dans le corps, c’est un sentiment étrange que de partager l’air de plusieurs inconnus d’un seul coup.

«Vous serez responsable du lavage des mains à l’entrée des CHSLD», annonce François*, agent de sécurité depuis cinq ans qui fait office de formateur pour l’occasion.

François distribue des documents, dont un sur « les crises de violence ». Je me demande si mon rôle « préposée au Purell » justifie cette mise en garde, mais avec le chaos qui semble régner dans les CHSLD, mieux vaut prévenir, j’imagine. «Ce n’est pas pour vous inquiéter», lance notre formateur en se voulant rassurant, comme s’il lisait dans mes pensées.

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Baptême de feu

Je me rends au CHSLD Manoir-de-Verdun qui est situé sur le Boulevard LaSalle par un après-midi froid et triste. Qu’est-ce qui m’attend derrière les portes vitrées? Il s’agit d’un des établissements les plus touchés au Québec, comptant 85 résidents infectés cumulatifs en date du 27 avril, ce qui correspond à 39% des 220 lits répartis sur 12 étages. Lucide, je n’ai pas particulièrement peur d’être infectée à mon tour, mais en même temps ça pourrait arriver.

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En fait j’espère surtout ne pas me retrouver prisonnière de l’endroit. Après tout, c’est ici qu’on a verrouillé les portes le 9 avril dernier pour forcer les infirmières et les préposés aux bénéficiaires à rester en poste à cause du manque de personnel. Le geste désespéré avait fait les manchettes.

Le centre d’hébergement du Manoir-de-Verdun fait sinon partie des quinze adresses qui reçoivent depuis le 20 avril l’aide de l’armée canadienne. Bref, la situation est critique.

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Dès mon arrivée, la scène qui se dessine sous mes yeux me laisse perplexe. Dehors, un infirmier fume dans l’uniforme bleu officiel fourni par le gouvernement. Un autre employé également vêtu de la combinaison anti-COVID-19 s’affaire à déplacer des poubelles. «Personne ne doit sortir à l’extérieur avec son kit», martelait pourtant François la veille en énumérant les règles de base. Bientôt, je comprendrai que tout le monde, y compris moi, fait son gros possible en essayant de suivre au mieux des consignes qui changent chaque jour.

Le téléphone ne dérougit pas. Au même moment, quelques employés en combinaison bleue barrent la route à un résident qui essaie de sortir. Le ton monte. Est-ce que mon quart de travail est déjà commencé?

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L’aide de service qui oblige les gens à se laver les mains à l’entrée est assis derrière un bureau aux couleurs de l’arc-en-ciel, symbole officiel de cette période étrange. L’ambiance est à la fois tranquille et tendue. Je m’identifie auprès de la réceptionniste, visiblement débordée. Le téléphone ne dérougit pas. Au même moment, quelques employés en combinaison bleue barrent la route à un résident qui essaie de sortir. Le ton monte. Est-ce que mon quart de travail est déjà commencé? Est-ce que je devrais intervenir? Si oui, comment? Est-ce que c’est ça une « crise de violence »?

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Entre deux feux à éteindre, la réceptionniste finit par localiser mon dossier, me pointe l’étagère d’uniformes propres et me dépêche au dixième étage pour prêter main-forte à une préposée aux bénéficiaires. Faire la gardienne du lavage de main à l’entrée? Ce sera pour une autre fois on dirait.

«Merci de venir nous aider!», me lance-t-elle alors que je mets le pied dans l’ascenseur, mon habit bleu sous le bras.

Au dixième étage, personne ne semble savoir quoi faire de moi. «Es-tu de l’armée?», me demande la préposée de jour qui termine son shift, flanquée d’une collègue militaire qui termine son tout premier quart de travail dans l’établissement. «Tu vas sûrement nous remplacer. Je t’avertis, pendant 8 heures, tu vas pas arrêter de courir», me prévient la deuxième. Courir ne me dérange pas. En revanche, j’espère que ma soignante intérieure va être à la hauteur, moi qui n’ai qu’un cours de RCR derrière la cravate.

La coordonnatrice d’unité qui gère les étages neuf, dix et onze me jumèle à Marie, ma collègue sur l’étage pour la soirée. « Le métier de préposé aux bénéficiaires, ça s’apprend sur le tas! », lance d’emblée l’employée, mère de deux enfants.

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Je prends une minute pour regarder autour de moi. L’endroit ressemble à un hôpital et offre un spectacle désolant. Les couloirs sont vides, les seules personnes qui s’y aventurent sont les employés vêtus de leur combinaison d’astronaute. On se trouve sur un étage «jaune», sans cas de COVID. Les étages rouges sont ceux où il y a des cas confirmés, les oranges, ceux où on soupçonne qu’il y a des cas, et les étages arc-en-ciel sont ceux où il y a un peu des trois (c’est le cas du 9e et du 11e).

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De leur chambre, où ils sont confinés, certains résidents peuvent apercevoir le fleuve Saint-Laurent, qui s’étend derrière le Manoir. Treize des vingt lits de l’étage sont occupés. Les sept autres patients ont été déplacés sur les étages COVID.

Mode de vie: solitude

Un envoyé du centre de loisirs butine d’une chambre à l’autre pour s’assurer que les résidents gardent le moral, mais l’ambiance n’est pas à la fête « Anita ne veut pas se réveiller aujourd’hui, je vais repasser. Ce n’est pas une bonne journée », note-t-il. « Plusieurs résidents ont perdu leur joie de vivre », ajoute ma nouvelle collègue.

Yves, un patient isolé dans une chambre au bout du corridor, porte aussi des traces de détresse sur son visage. Le septuagénaire refuse de manger et boire. « Il n’a plus le droit d’aller voir sa copine dans une autre aile. Il m’a demandé une pilule pour mourir, la semaine dernière. Ce n’est pas de la maladie dont ils vont mourir, c’est de solitude!», s’exclame Marie, impuissante.

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Chaque jour, elle doit expliquer aux patients pourquoi elle porte une blouse informe la couvrant des pieds à la tête par-dessus son uniforme. Pourquoi leurs rares contacts sont aseptisés. Pourquoi ils ne peuvent voir son visage qu’à travers une visière et un masque. «Depuis le début de la crise, les résidents meurent les uns à la suite des autres, mais j’ai aussi des collègues malades», raconte Éric, un autre préposé affecté aux menus travaux à cause d’un mal de dos.

Monsieur Roberge sort de sa chambre pour aller fumer au rez-de-chaussée. Ses escapades sont tolérées puisqu’il réside sur un étage où il n’y a, pour le moment, aucun cas. N’empêche, il semble prendre à la légère les instructions sanitaires qui voudraient qu’il porte un masque et se lave les mains à chaque sortie.

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Pour la énième fois depuis le début de la soirée, Monsieur Roberge sort de sa chambre pour aller fumer au rez-de-chaussée. Ses escapades sont tolérées puisqu’il réside sur un étage où il n’y a, pour le moment, aucun cas. N’empêche, il semble prendre à la légère les instructions sanitaires qui voudraient qu’il porte un masque et se lave les mains à chaque sortie. Étonnée que personne ne le freine dans ses ardeurs nicotinées, j’interroge Marie qui plaide ne pas avoir été formée pour jouer à la police. «Parfois je me dis que c’est des résidents comme lui qui ont propagé le virus entre les étages. Ils se promènent, touchent à tout et ne se lavent pas les mains», soupire-t-elle.

De leur côté, les infirmières font leur possible, multipliant les allers-retours sur les douze étages. « Il s’est passé quoi avec le monsieur de la chambre 1005*?», demande l’une d’elles, avant d’apprendre qu’il a été transféré sur un des étages COVID-19 après l’apparition de premiers symptômes. « On n’a jamais l’heure juste. Ils ne me verront plus la face quand tout ça va être fini», peste son collègue, déplorant le brouillard qui règne autour du nombre de cas.

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En attendant, les préposées aux bénéficiaires demeurent au chevet des patients, sans relâche. Même si les bains sont suspendus jusqu’à nouvel ordre, Marie transgresse le règlement pour laver Monsieur Roberge qui en a grandement besoin.

Se mettre au travail

Pendant mon premier quart de travail, je changerai les culottes d’incontinences de plusieurs résidents. J’appréhendais ce moment. Pas par dégoût, mais plutôt parce que je ne sais pas comment m’y prendre et que je veux le faire dans le plus grand respect. Tout se passe bien. Les résidents collaborent et ne semblent pas faire grand cas de mes gestes maladroits, eux qui sont manifestement habitués de composer avec de nouveaux visages, de toute façon méconnaissables sous nos tenues. «J’aimerais ça que ce soit toi qui me prépares le dodo ce soir», me murmure une voix chevrotante pendant que je change sa culotte. Je me rends vite compte qu’un contact humain, même furtif, a beaucoup de valeur ces temps-ci.

Ce soir, c’est moi qui ferai manger Huguette, une dame qui compte d’ordinaire sur l’aide de sa famille pour lui servir le steak du souper à la cuillère. Malgré mes efforts pour créer un petit moment de complicité, je vois bien que je ne remplacerai jamais sa fille.

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Ce soir, c’est moi qui ferai manger Huguette, une dame qui compte d’ordinaire sur l’aide de sa famille pour lui servir le steak du souper à la cuillère. Malgré mes efforts pour créer un petit moment de complicité, je vois bien que je ne remplacerai jamais sa fille. L’absence des aidants naturels se fait d’ailleurs cruellement sentir au Manoir. Ces 30 minutes où je tiens seule le fort sur l’étage, en me croisant les doigts pour qu’il n’arrive rien de grave, permettront à Marie de souffler un peu, entre le souper, les collations, le lavage, la préparation pour la nuit, les réparations de télévisions et la coordination des coups de fil aux familles.

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Sa pause est vite chose du passé. La sonnerie du téléphone résonne au poste de l’étage. La coordonnatrice lui demande de rester pour le quart de nuit, cette fois au premier étage. Ma collègue accepte sans broncher. «J’arriverai chez moi vers 9h demain matin, puisque je me déplace en transport en commun. Je vais dormir jusqu’à midi et me préparer pour revenir ici à 15h», calcule-t-elle.

Trois petites heures de sommeil avant de revenir au front. Après une journée à laver, nourrir et border des résidents sans arrêt ou presque, j’ai les yeux lourds.

Il est 23h, je dépose mon uniforme dans un sac poubelle à l’entrée. Je comprends mieux pourquoi on qualifie le personnel en CHSLD « d’anges gardiens », mais je comprends aussi pourquoi tout le réseau est fatigué. Je suis exténuée.

Les étages Arc-en-ciel

On m’assigne aujourd’hui à l’entrée. Mission: m’assurer que toutes les personnes qui franchissent le pas de la porte d’entrée se nettoient les mains. Don’t Start Now de Dua Lipa passe à la radio et met un peu de vie dans la morosité ambiante.

If you don’t wanna see me dancing with somebody

If you wanna believe that anything could stop me

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Mais pour distribuer de la bonne humeur, on peut surtout compter sur Sylvie, la réceptionniste qui salue par leur prénom tous les employés qui débarquent pour leur quart, distribuant même à l’occasion du sucre à la crème.

Ceux qui quittent ont aussi droit à des remerciements bien sentis… et une petite mise en garde. «Oublie pas d’enlever ton masque avant de partir. Non, tu ne peux pas en reprendre un nouveau pour l’utiliser à l’extérieur!» C’est que Sylvie est aussi la gardienne des masques.

Les employés sont rationnés à deux masques de procédures (pas les n95) par quart, un mécanisme mis en place afin d’éviter les pénuries. Elle conserve la petite boite sur son bureau, pour être certaine de ne pas s’en faire voler. «Un soir, je suis revenue après mon heure de souper et le ¾ de la boite avait disparu», raconte-t-elle.

Une ergothérapeute vient m’aider à distribuer les uniformes de travail aux employés de soirs. Les employés ne se limitent pas à leur description de tâche, à leur poste ou à leur titre de fonction. Ils vont où ça urge. Point.

On apprivoise une nouvelle procédure : en plus du scrub bleu fourni par le CHSLD, les employés doivent maintenant prendre une jaquette lavable qu’ils devront utiliser pendant tout leur quart de travail. «Juste une? Mais on va contaminer tout le monde comme ça», s’insurge l’infirmier d’un étage arc-en-ciel.

Pour les tournées, il est impératif de se déplacer en passant des chambres froides, aux chambres chaudes, jamais l’inverse.

16h, on me demande justement en renfort sur un étage arc-en-ciel. La préposée aux bénéficiaires m’entraine dans un tour guidé. «Lui il est encore là, lui il est décédé. Elle aussi, elle est décédée», énumère-t-elle d’une voix monocorde dans le corridor en désignant les chambres fermées. Des victimes de la COVID-19 pour la plupart. Leurs photos affichées rappellent que derrière chaque statistique, il y a un humain.

«On est en terrain miné. On a beau faire tous les efforts, chaque jour on raye des noms de la liste des résidents », confie Albert.

« La résidente de la chambre 1202 sera probablement la prochaine à nous quitter », me glisse Albert, un infirmier en médecine familiale sur place pour une durée indéterminée. J’apprends qu’elle ne mange plus et reçoit des soins de confort, qu’elle est loin de sa famille. «On est en terrain miné. On a beau faire tous les efforts, chaque jour on raye des noms de la liste des résidents », confie Albert.

Ce soir, nos rares contacts avec les patients se dérouleront à l’heure du souper. Une dame me demande à trois reprises de la changer, plus pour tromper l’ennui que parce qu’elle en a réellement besoin. Je m’exécute avec l’aide d’une préposée.

Les infirmières ne savent plus où donner de la tête. Une véritable course contre la montre. «Il me reste 8 minutes pour la chambre 1209», lance l’infirmière auxiliaire en écrasant ses comprimés. Entre chaque patient, elle se chronomètre. Pas le choix, on la demande partout. Ce soir, presque toutes les chambres ont besoins de Tylenol et autres médicaments pour faire baisser leur température et aider les patients à résister au virus.

La porte de l’ascenseur ouvre. C’est encore Monsieur Roberge du dixième qui vient voir ses chums, sans masque. Une préposée l’intercepte. « Vous ne pouvez pas venir ici. Si vous voulez fumer, c’est au rez-de-chaussée». Au 12e étage, les résidents n’ont plus le droit de descendre. Il y a donc un fumoir sur l’étage pour accommoder ceux qui veulent en griller une.

«As-tu 10 piastres à me passer ? Je veux m’acheter des cigarettes pour fumer toute la nuit. Ça fait passer le temps», me confie candidement le fumeur solitaire.

«On ne s’habitue pas à sentir la mort»

Juste avant de partir, Albert me demande de l’accompagner à la chambre 1202 de la résidente en fin de vie. « Ce que je vais te demander est un peu dégueulasse», me dit-il.

Je m’attends à devoir changer une couche particulièrement souillée ou nettoyer un vomi, mais l’infirmier me demande plutôt de confirmer si je sens quelque chose d’étrange. Je soulève mon masque. L’odeur est indescriptible, un peu acide. « Celle de la mort », glisse Albert, dépité. «Sentir la mort, les voir mourir, c’est vraiment tough », confie l’infirmier confronté plus souvent qu’il le voudrait à ce genre de scène.

Frêle, le teint gris, la dame recroquevillée dans son lit pousse un râle à chaque respiration. Ses heures sont comptées.

Je ne suis pas habituée à côtoyer la mort de si près. Je ne suis pas habituée à côtoyer la mort tout court.

Il semble y avoir autant de façons de vivre la maladie que de patients. En plus des problèmes respiratoires, certains ont perdu des capacités cognitives et sont dans un piteux état. D’autres, au contraire, semblent en parfaite santé, malgré un diagnostic positif. Contempler la roulette russe de la COVID-19 à l’oeuvre me trouble. Je ne suis pas habituée à côtoyer la mort de si près. Je ne suis pas habituée à côtoyer la mort tout court.

«Est-ce que tu peux rester ?», me demande Thérésa tout juste avant la fin de mon quart. Elle vient de terminer un double et personne ne semble disponible pour faire la nuit. Mais avec mes deux jours d’expérience dans le corps et sans la formation nécessaire, je ne peux pas m’occuper seule d’un étage arc-en-ciel. Je décline à regret, en espérant que les résidents de l’étage ne soient pas laissés à eux-mêmes durant la nuit.

*Par souci de confidentialité, tous les noms ont été changés de même que les numéros de chambres.