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Visite terrifiante au village de Noël du Carrefour Angrignon
À l’aube de la grande célébration des cadeaux, je poursuis mes judicieuses excursions dans les villages de Noël les plus renommés de la métropole. Après des visites coup-de-poing à la Place Versailles et au Complexe Desjardins, je mets le cap sur l’insaisissable Sud-Ouest, direction Carrefour Angrignon, là où cohabitent les rebondissements les plus étranges…
En sortant du métro Angrignon, j’entame une marche sur l’énigmatique boulevard des Trinitaires. Peu à peu, le paysage qui s’offre à moi commence à ressembler à une pochette de Godspeed You! Black Emperor.
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Plus on avance vers le Carrefour, plus l’ambiance est ténébreuse, voire étrange. Décidément, le Sud-Ouest ne se laisse pas facilement emballer par la magie de Noël.
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Au coin de Newman et d’Angrignon, un début de révélation s’offre à moi. Est-ce que tous les environs du Carrefour seraient les victimes collatérales d’une guerre de vandalisme sans merci entre deux agents d’immeuble machiavéliques?
Je… crois que oui!
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Une fois dans le parking du centre commercial, les lueurs sont aveuglantes. On tente fort probablement de nous cacher une partie de la réalité.
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Inscrit ici et là, le «X» alimente le mystère qui nous surplombe, car selon la symbolique des lettres, cette 24e lettre de l’alphabet désignerait «la croisée des chemins».
Bref, rien de très rassurant encore une fois…
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De son côté, le «T» désigne l’espoir d’un temps nouveau. Ainsi plongée dans l’obscurité, cette lettre ne laisse absolument rien présager de bon.
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À l’intérieur, une musique de Noël m’accueille chaleureusement, mais rapidement, je me rends compte qu’il y a quelque chose qui cloche… La plupart des gens qui m’entourent n’ont tout simplement pas de visage.
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Aux alentours, la mort a une présence significative dans la plupart des commerces. Au Sunrise Records, on nous met d’ailleurs au défi de survivre jusqu’au 1er janvier.
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Même les jeux de société ont un penchant pour le repos éternel.
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N’ayant l’air de rien, ce magasin fait écho à un drame qui a secoué les États-Unis à la fin des années 1970. Rappelez-vous : les cousins Kenneth Bianchi et Angelo Buono Jr., mieux connus sous le sympathique nom des «étrangleurs des collines», avaient alors perpétré une série de meurtres sordides à Los Angeles.
Malgré le fait qu’ils purgent une peine à perpétuité, ils semblent maintenant avoir mainmise sur l’industrie du vêtement au Québec.
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En 2006, un cinéaste américain nommé Chris Fisher a réalisé un film sur l’histoire des deux cousins meurtriers. Le nom du film? Rampage : The Hillside Strangler Murders…
Tirez vos propres conclusions.
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Un clin d’oeil subtil, mais bien réfléchi à la décennie morose où les deux frères ont sévi.
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Au moment même où je commençais à penser que toute cette histoire de cousins était une pure création de l’esprit, je croise ce magasin : Claire France, une référence claire et nette au prénom de la mère de Kenneth Bianchi, Frances.
Intéressant, mais ô combien inquiétant.
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Même les poupées du Stokes sont complètement horrifiées par ce drame implicite qui ronge ce centre commercial de l’intérieur.
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En poursuivant ma route de façon désespérée à la recherche d’un indice supplémentaire qui me guiderait vers le village de Noël, j’entends une mélodie en sourdine qui, graduellement, apparaît comme le hit incontesté Right Here, Right Now de Jesus Jones. Cet air me mène au toujours très gracieux Urban Planet, magasin de mode canadien qui nous surprend toujours avec du linge que le Caveau des jeans aurait pu vendre en 2006.
Exposés devant moi, deux mannequins arborent des t-shirts de la NASA, comme si de rien n’était… Décidément, le complot du Carrefour Angrignon va bien au-delà de toutes notions terrestres, et l’enquête sera plus longue que prévue.
Le cosmos ne serait-il qu’une fabulation?
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Décidément, le gouvernement pense que j’ai une poignée dans le dos!
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Alors que je commence à me demander si je suis au Carrefour Angrignon ou bien à Pinel, la conspiration se clarifie : les conglomérats de la télécommunication ont sans doute joint leurs efforts pour financer ce mirage indécent afin de tous nous faire consentir à une nouvelle alliance qui aurait pour but de nous vendre des cellulaires électroniques.
Prouvez-moi le contraire ou bien acceptez votre sort.
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Je sens que je commence à déranger, car des gens avec un walkie-talkie ont probablement des conversations à mon égard.
Selon toute vraisemblance, il me reste environ quelques secondes à vivre.
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Je me retourne, et des animaux voraces sont à mes trousses.
D’abord, Moka, l’oiseau qui n’a d’inoffensif que son nom…
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…ensuite, un espèce de lapin en beau criss…
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…et, enfin, un lézard en liberté qui pourrait devenir à tout moment un autre reptile, genre un serpent ou un crocodile dangereux.
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Je réussis à m’enfuir, mais des hologrammes me poursuivent. Le complot des cellulaires électroniques n’a donc pas de limites.
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En arrivant au fond du centre commercial, on nous annonce en grandes pompes un carrousel… qui n’est en fait qu’une cour alimentaire! Difficile d’imaginer pire comme tromperie.
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Le leurre dans toute sa splendeur.
Certaines illusions se rapprochent dangereusement d’une réalité fade et sans relief.
Un travail de maître.
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À l’autre extrémité, une porte pique la curiosité. Est-ce que ce mystérieux portillon nous mènerait vers l’eldorado souhaité?
Tentons.
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Derrière les portes de l’illumination réside un homme bien en chair sapé d’un habit rouge en velours. Est-il le nouveau père Noël d’une génération de millenials aux oreilles décollées?
Le subterfuge est sans limite.
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Prisonnier d’une réalité où le simulacre est lui-même pris pour acquis, j’arrive au coin le plus dissonant du Carrefour Angrignon, quelque part dans un espace temporel où le temps devient matière.
Seuls les plus courageux d’entre nous y perdront leur peau.
Car le temps devient matière.
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Dans ce nouveau monde pour le moins inusité, même des modèles de chandails typiquement beaucerons sont vendus à Montréal.
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Complètement déboussolé, j’abandonne…. Il faut parfois se faire à l’idée que les forces centrifuges sont plus puissantes que nos propres habiletés. Une leçon que gagnerait à apprendre le duo Corbeil/Maranda d’ailleurs.
Après un soulagement urinaire libérateur, je fais semblant de me laver les mains pour essayer le nouveau séchoir qui, à première vue, me semble beaucoup moins violent que le bon vieux Dyson Airblade.
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Hélas, je m’étais trompé. Il était, en fait, INFINIMENT PLUS VIOLENT.
Sidéré, je me retrouve à plat-ventre dans une fontaine d’eau, après avoir été aspiré par un vortex envoûtant déguisé en séchoir impétueux, voire torrentiel.
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Miracle : je suis enfin arrivé dans le village du père Noël. Comme quoi certains rêves peuvent parfois se concrétiser au moment où on les attend le moins. Parlez-en à Dominique Adams, le réalisateur de Papa est devenu un lutin.
Rendu là, même cet assemblage de lutins me fait vibrer.
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Que dire aussi de ce cadeau superbement bien emballé par un personnel talentueux?
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Prêt, pas prêt, j’entre dans la file qui me mènera – je l’espère – vers le père Noël.
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Il a l’air plutôt heureux.
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Intéressant, non?
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À quelques mètres de la légende du Pôle Nord, une lutine avec un maquillage digne d’une kermess de cinquième année primaire m’apostrophe pour m’avertir de l’imminence d’une rencontre avec la personne dont je viens de parler au début de la phrase.
J’en profite pour lui demander si cet homme barbu fait cavalier seul. «Non, il y a aussi moi et les rennes, qui sont sur le toît. Mais ça je n’avais pas le droit de vous le dire… De toute façon, elles ont un filtre d’invisibilité, donc c’est impossible de les voir.»
À peu près intéressé par de ce que je viens d’entendre, je me dirige vers notre grand menhir vivant afin de m’asseoir sur sa chaise de plastique rouge comme mon sang. Émule de Gaston Lepage, il m’accorde une entrevue d’intérêt national.
-Êtes-vous très occupé dernièrement?
-Oui, on est quand même à quelques jours de Noël!
-Oui, en effet… Qu’est-ce qu’on vous a demandé comme jouet en particulier?
-Je sais pas!
-Pourquoi? C’est confidentiel?
-Non, c’est que 95% du temps quand les enfants me parlent, je comprends absolument rien.
Sa franchise est comme celle de Paranormal Activity : elle m’émeut.
Un classique égoportrait s’impose.
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Bouleversée à son tour par tant d’émotions, la lutine au maquillage digne d’une kermess de cinquième année primaire me propose d’immortaliser le moment avec un cliché des plus mémorables.
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Serein, je choisis la paix intérieure. Je resterai à jamais prix dans ce vortex.
Aide à la rédaction : Maxime Desroches