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Regarder la mort en direct (ou presque) sur TikTok

Plongeon tête première dans l’univers - beaucoup plus accessible qu’on ne le pense - des vidéos gore. 

Par
Camille Lopez
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Avertissement : cet article contient des descriptions de scènes extrêmement graphiques.

Chapitre 1: Quelqu’un peut m’expliquer ce que je viens de voir?

7h30. Mon pouce fait défiler presque robotiquement les vidéos que TikTok avait à m’offrir ce matin-là. Un chat. Une pub. Des souliers. Et puis, stop. Mon doigt s’arrête sur un clip qui divise mon écran en deux pour jouer deux clips simultanément.

Dans la vidéo au haut de mon écran, une jeune femme aux cheveux rouges est agenouillée par terre et supplie quelqu’un que la caméra ne montre pas. Dans la vidéo du dessous, des images de monstres et de personnages épeurants défilent. On n’entend personne parler. Juste une musique angoissante. Après 15 secondes, la vidéo se termine. Et elle recommence.

J’ai beau la visionner à quelques reprises, je n’arrive pas à comprendre ce qu’il s’y déroule. Tout ce que je sais, c’est que je ressens un profond malaise.

Je regarde la colonne de droite : l’extrait cumule 11,6 millions de visionnements.

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Intrigant. Je clique sur l’onglet « Commentaires ». Comme moi, on se questionne. J’y lis, à de nombreuses reprises, quelque chose comme : « Quelqu’un peut m’expliquer ce que je viens de voir? ».

Les premiers commentaires n’offrent aucune réponse. Du pétage de bretelles. Ou peut-être un avertissement. « Ceux qui savent, savent. » « Moi, j’ai vu la vidéo au complet », peut-on lire.

Et puis, un peu plus bas, je trouve ma réponse. « Son nom est ****** on lui a tiré dans la tête. »

Je la re-regarde. Une partie de moi, celle encore endormie ou en déni, me dit que c’est faux. L’autre, celle de la journaliste qui analyse le web et les mouvements extrémistes depuis 2017, sait que ce genre de vidéo est accessible sur le web. Mais pas, mettons, sur TikTok.

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J’ai l’impression d’avoir regardé un teaser, une bande-annonce, pour quelque chose de malsain. Je continue de faire défiler les commentaires. Certains en veulent plus. « Où est-ce que je peux l’écouter? », demande un internaute. « Nom de la vidéo? », écrit un autre. Et, presque à chaque fois, quelqu’un leur répond quoi chercher sur Google pour accéder au clip complet.

Et puis, je remarque que sur l’image du haut, en filigrane, flotte une URL. Kaotic.com. Je connais le site de nom. C’est l’un des royaumes du gore sur le net.

Je me rends sur le site en évitant de trop regarder la page d’accueil. Les dizaines de vidéos qui m’attendent sont identifiées par des titres très descriptifs et des photos. Une insertion anale qui semble défier les limites de l’élasticité du corps humain. Une femme écrasée par une moto. Dans la barre de recherche, j’entre les mots-clés trouvés dans les commentaires TikTok.

Et je la trouve. La vidéo complète de l’exécution. Il est 7h32.

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Il y a des images d’une horreur si saisissantes qu’on ne les oublie jamais. Des exécutions, de la torture, des accidents, des suicides, des fusillades. Du gore bien réel, filmé, puis publié sur des sites et des forums dédiés aux vidéos ultra violentes.

Ce genre de contenu existe depuis l’invention de la caméra vidéo. Et bien sûr, Internet a facilité sa diffusion. Et en a exponentiellement grossi le catalogue.

Reste que je ne m’attendais pas à ce que TikTok devienne une portée d’entrée vers ces vidéos morbides. D’accord, je n’y ai aperçu que quelques secondes d’une vidéo plutôt étrange. Mais, probablement comme des milliers d’autres personnes, j’ai voulu en voir davantage.

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Et donc, à peine 2 minutes après être tombée sur cette vidéo TikTok, ma curiosité me pousse à visionner une vidéo d’exécution.

D’un coup, je me remémore des images vues malgré moi à 14, 16, 23, 27 ans. La première fois que j’ai vu du gore, c’était à l’école, quand un bully m’avait montré sur son iPod Touch le suicide d’un homme par pendaison. Plus tard, je tomberai par hasard sur l’exécution barbare d’un journaliste en combinaison orange. J’ai arrêté de les compter quand j’ai commencé à traîner dans les pires recoins du web pour la job.

J’ai longtemps eu des flashbacks, des pensées intrusives. Je sais ce que ça fait, de tomber sur ce contenu-là par accident.

Alors j’ai fouillé. Au fil de mes recherches, j’ai découvert que la plateforme préférée des jeunes s’est transformée en véritable vitrine pour des scènes sanglantes de toutes sortes. N’importe qui se promenant sur sa « For You Page », clique sur des hashtags intrigants et n’est qu’à quelques clics d’une vidéo borderline traumatisante.

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Je me suis demandé ce qui motivait les diffuseurs de contenu gore à vouloir mettre ces scènes troublantes devant des yeux peu ou pas avertis. Ça m’a amené à échanger avec le propriétaire de l’un des sites de contenu choc les plus tristement célèbres au Canada. Celui-là même qui a diffusé la vidéo de Luka Magnotta.

Et si on pousse la note encore plus loin : qu’est-ce qui m’a incité, probablement à l’instar de milliers d’autres personnes, à 7h30 d’un matin tout ce qu’il y a de plus ordinaire, à vouloir trouver une vidéo d’exécution dont je venais de voir un extrait sur TikTok? Et quelles conséquences psychologiques ça peut entraîner? Eh bien, j’ai découvert que des scientifiques commencent à s’intéresser à la question.

Voici le compte-rendu d’une démarche qui m’aura fait voir, par hasard, le pire de ce que l’humanité a à offrir.

Chapitre 2 : 50 vidéos, 170 millions de vues

Je reviens à TikTok. En 25 minutes, je trouve sans difficulté 450 vidéos reprenant la stratégie « bande-annonce morbide » décrite un peu plus haut. Dans un fichier à part, je répertorie les 50 premières. Une méthode plus ou moins scientifique pour essayer d’évaluer l’ampleur de l’auditoire.

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Le nombre de visionnements total de ces 50 vidéos TikTok au début du mois de mai 2024 : 173 700 000.

Je tombe dans une spirale qui m’aspire vers le pire de ce que l’être humain peut subir.

Je vois un homme qui creuse sa propre tombe. Une photo de quelqu’un qui s’apprête à tomber dans une piscine vide très, très creuse. Une femme apeurée alors qu’elle s’apprête à être exécutée. Puis, deux hommes qui parlent. J’apprends en lisant les commentaires qu’ils sont sur le point d’être tués par des membres d’un cartel avec une tronçonneuse.

Je tombe aussi sur des photos accompagnées de textes décrivant la vidéo d’où elles proviennent. La majorité sont accompagnées d’images de monstres et d’une musique inquiétante.

Aucun sang. Aucun cadavre. Juste les premières secondes de vidéos que les internautes, en commentaires, veulent absolument trouver.

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Je constate aussi la popularité des reconstitutions de vidéo gore, plan par plan, en pâte à modeler. Ces animations utilisent le son original d’une vidéo morbide (par exemple, la torture d’un homme par un cartel quelconque), mais remplacent l’image par des personnages en plasticine. Une vidéo de cette catégorie retient mon attention. On y voit un « personnage » au visage complètement rouge demander de l’eau, en espagnol. En lisant les commentaires, je vois que l’auteur a publié dans la section « commentaires » le lien vers le site où l’on peut voir la scène (avec de vrais humains) au complet. Je ne vous la décrirai pas. C’est la pire vidéo que j’ai vue de ma vie.

Autre vidéo notoire : la reconstitution de la même vidéo, mais, cette fois, avec des légumes.

Par hasard, lors d’une entrevue pour le deuxième reportage de ce dossier, Alexandre*, qui consomme du contenu gore presque quotidiennement, m’a informée que cette vidéo le hantait toujours et ce, des années après l’avoir vue.

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En guise de comparaison, le site de gore Kaotic.com, où ma routine média matinale m’a amenée en l’espace de 2 minutes, reçoit environ 450 000 visites par mois, selon l’outil d’analyse SE Ranking. Les 50 premières vidéos sur lesquelles je suis tombée sur le site ont été vues 2 250 000 fois.

2.1 À un swipe d’une scène de crime

Je sais exactement à quoi m’attendre quand je visite Kaotic.com : à du dégueu et, même, du traumatisant. Par exemple, pour regarder la vidéo la plus populaire de mon échantillon (vue 133 940 fois), je dois cliquer sur son titre : « La guerre au Soudan a atteint de nouveaux niveaux de brutalité ». Je sais que ça sera dur et j’ai raison : la vidéo montre un homme armé brandir des organes humains devant une foule qui célèbre.

Mais TikTok fonctionne différemment. Quand on consulte sa « For You Page » (ou FYP), on ne cherche pas le contenu qui nous intéresse, c’est la plateforme (et son algorithme) qui choisit pour nous en fonction de nos habitudes et intérêts. On ne sait donc jamais trop à quoi s’attendre.

Sur le réseau social, le contenu le plus populaire de mon échantillon a été vu près de 40 millions de fois.

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C’est une galerie de photos, alors il faut balayer (ou swiper) l’écran pour passer à la prochaine image. Elle reprend un meme populaire sur TikTok. La première photo est donc, comme le dicte la tendance, celle d’un photographe ému. Ceux qui connaissent le trend savent que les photos qui suivront seront drôles ou touchantes.

Sauf que cette fois-ci, après avoir swipé la photo du photographe ému, je vois une image prise par une caméra de surveillance. Elle montre une petite fille dans un salon. Sur l’image suivante, on voit la même pièce, mais en bordel, et on voit un homme. La fillette n’y est plus. En haut de mon écran, TikTok me suggère la recherche suivante : « 2 enfants ouvrent la porte vidéo originale ». En tapant ces termes dans Google, j’apprends rapidement l’histoire derrière les photos : « En Chine, un homme âgé attaque deux enfants avec une hache ».

Au Québec, l’âge minimum pour créer un compte TikTok est de 13 ans. En 2020, un article du New York Times révélait que le tiers des usagers de la plateforme avaient moins de 14 ans. Depuis sa création, le réseau social est rapidement devenu le terrain de jeu préféré des ados curieux qui se retrouvent à quelques clics d’une vidéo sordide dont ils se souviendront longtemps.

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2.2 Du contenu clairement identifié

Ce qui m’étonne le plus, c’est que je n’ai pas eu à chercher loin (ni à essayer de déjouer les censeurs de TikTok) pour trouver 450 contenus dérangeants.

Tout ce que j’ai fait, c’est entrer le terme « gore » dans l’outil de recherche de la plateforme. Un mot qui, selon le dictionnaire Cambridge, se définit comme : « Sang, venant en particulier de la violence ou d’une blessure ».

Ça me surprend, parce que TikTok interdit déjà certaines recherches. Par exemple, on ne trouvera aucun contenu en utilisant les termes « cartel », « État islamique » ou « viol ». Les internautes parviennent toutefois à déjouer l’interdiction, notamment en troquant les « e » pour des «3» (3tat Islamiqu3, cart3l, par exemple).

Ici, aucun détournement nécessaire. J’ai trouvé les vidéos de mon échantillon en cherchant le terme « gore », tout simplement.

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Cette recherche m’a aussi fait découvrir plusieurs utilisateurs prolifiques utilisant le terme « gore » dans leur pseudonyme. Un compte en particulier a publié plus de 300 extraits. Sa plus populaire, vue plus de 6 millions de fois, est intitulée « Famille heureuse » (« Happy Family »). Elle montre les secondes précédant le moment où une femme se fait écraser par une voiture. Encore une fois, de nombreux commentaires demandent où l’on peut voir la suite.

Les directives communautaires de TikTok interdisent « toutes menaces violentes, toute promotion de la violence, toute incitation à la violence ou toute promotion d’activités criminelles qui peuvent porter atteinte à autrui, aux animaux ou à la propriété privée. » La plateforme ne permet pas non plus les « contenus ensanglantés, effroyables ou extrêmement violents. »

Impossible de savoir avec certitude si ces vidéos sont tombées dans l’angle mort de la plateforme. ByteDance, la société mère de TikTok, n’a pas répondu à mes demandes d’entrevue.

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Chapitre 3 : « La vraie vie n’est pas censurée »

J’écris aux TikTokeurs les plus populaires de mon échantillon. Puis, à des administrateurs de pages Reddit de contenu graphique. Je veux une entrevue, un courriel, un message vocal, une insulte, au pire, m’expliquant pourquoi ils publient du contenu morbide. Aucune réponse.

Dernier essai. J’ai, sur mon radar, feu BestGore.com. Un site de contenu graphique tristement célèbre au Canada. En 2012, son fondateur Mark Marek y a publié le meurtre de Lin Jun, filmé par son assassin, Luka Magnotta. En 2016, Marek a plaidé coupable à une accusation de corruption des mœurs.

Le site internet n’est plus actif depuis 2020. Son propriétaire y a laissé un dernier message indiquant qu’il quittait pour se concentrer sur sa famille et sur sa santé. Il y laisse toutefois une adresse courriel. Je tente ma chance.

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Quelques jours plus tard, je reçois une réponse. Il accepte de répondre à mes questions par courriel.

« À l’époque, il y avait beaucoup de contenu graphique sur Internet. Ce qui manquait, c’était du contexte. Tu pouvais trouver tout le gore que tu voulais, mais presque jamais l’histoire derrière », m’écrit-il quand je lui demande pourquoi il a fondé BestGore.

« Il s’avère que les gens appréciaient ces informations et ça les faisait revenir sur le site. »

Entretenir son site, m’apprend-t-il, lui prenait quelque 18 heures par jour.

Et c’était quoi, le contenu le plus populaire? Ça varie, explique-t-il. Les vidéos de torture et d’exécutions par des cartels mexicains. Celles produites par l’État islamique. Les décapitations de personnes importantes.

Mais pourquoi filme-t-on de tels actes? Pour en faire des outils de propagande? Pour faire passer un message à des rivaux? « Absolument. Le Mexique a été transformé en spectacle par des cartels qui se font compétition pour produire la vidéo la plus bizarre. Mais leur objectif principal, c’est de s’intimider. »

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Je lui explique le sujet de mon reportage, soit le fait que des jeunes puissent tomber sur des vidéos choquantes par hasard sur des plateformes qui ne sont pas dédiées à ce type de contenu. Je lui demande ce qu’il en pense.

« La vraie vie n’est pas censurée. Des enfants sont estropiés dans des guerres ou mutilés dans des accidents au moment où l’on se parle. On ne peut pas restreindre l’accès à la vraie vie. La vraie vie se passe quand et où elle se passe. »

Sa réponse ne me surprend pas. Un tour rapide sur les forums de contenus graphiques vous suffira pour constater que c’est le discours adopté par la majorité des consommateurs et agrégateurs de gore. Une image non censurée et « réelle ». Elle est presque vue comme du contenu éducatif.

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Vision qui fait écho à ce que Marek m’avait écrit au tout début de son message : « Le gore est une partie inévitable de la vie. »

Chapitre 4 : Un cercle vicieux

Des centaines de vidéos gore plus tard, j’ai l’impression d’avoir été traumatisée. À répétition. Certaines images me hantent. J’ai beaucoup de flashbacks et je commence à me demander si je ne souffre pas d’un genre de trouble de stress post-traumatique.

Je me tourne donc vers la littérature scientifique pour comprendre l’impact que ces images peuvent avoir sur notre santé mentale.

À ma grande surprise, c’est un sujet qui est encore très peu couvert. Malgré tout, je trouve une partie de ma réponse dans une étude publiée en 2019 par l’Association for Medical Science intitulée Mental and Physical Health Effects of Acute Exposure to Media Images of the September 11, 2001, Attacks and the Iraq War.

J’y lis : « Nos constats suggèrent qu’une exposition à des images graphiques peut entraîner des symptômes physiques et psychologiques qu’on croyait auparavant réservés à une exposition directe à un traumatisme. »

J’écris sans plus attendre à l’une des auteurs.

Roxane Cohen Silver accepte rapidement de me parler. Psychologue réputée et chercheure à l’Université de la Californie à Irvine, elle est l’une des seules scientifiques à s’intéresser aux impacts sur la santé de la consommation de contenu graphique.

Comme les attentats terroristes du 11 septembre 2001 et du marathon de Boston. Les images en direct de la guerre en Irak. Les exécutions d’otages par des membres du groupe armé État islamique. Ou la fusillade de la boîte de nuit Pulse, à Orlando.

« Ce qu’on a observé, c’est que les individus qui ont davantage suivi la couverture médiatique d’une tragédie et, surtout, ses images graphiques, ont plus de chances de rapporter des signes [de détresse psychologique] avec le temps, comme des symptômes de stress aigu ou de TSPT », m’explique-t-elle lors d’un appel vidéo.

Dans l’étude Who Watches an ISIS Beheading — and Why, l’équipe de chercheurs a pu dresser un portrait du spectateur typique. Homme. Chrétien. Sans emploi. Grande consommation de contenu télévisuel. Dernier critère : une personne qui a une peur préexistante d’une future attaque terroriste.

On appelle ça tourner le couteau dans la plaie, je pense.

« Quand il y a eu la tuerie dans le bar gai Pulse, à Orlando en Floride, nous avons constaté que les personnes ayant regardé davantage de contenu graphique montrant l’attaque faisaient partie de la communauté LGBTQIA+. Et plus ils consommaient ce contenu, plus ils montraient des signes de stress avec le temps. »

Je me rappelle cette sensation de spirale. Et je réalise que j’ai, en effet, passé plus de temps sur les vidéos montrant des femmes ou des journalistes.

Elle ajoute : « C’est un cercle vicieux dont il est très difficile de s’extirper. »

Le quart des participants de l’étude Who Watches an ISIS Beheading — and Why ont admis avoir regardé des vidéos de décapitations publiées par l’État islamique. Je pose à Roxane Cohen Silver la question qui m’habite depuis le début de mes démarches : Pourquoi?

Je repense à Mark Marek et à sa vision de la « vraie vie ». Aux usagers de TikTok qui ont vu les dernières secondes de la vie de dizaines d’êtres humains. Mais je pense aussi aux autres. À ceux qui savent exactement ce qu’ils veulent voir.

Le fait de regarder ces images atroces me paraît tellement aberrant que je recherche désespérément une réponse complexe qui saurait me satisfaire. Une explication philosophique ou sociologique. Est-on fasciné par des images qu’on ne voit jamais? Veut-on apprivoiser la mort en s’y confrontant? A-t-on envie de sauver des humains? Veut-on vivre les derniers moments de ces victimes? Absorber une partie de leur détresse? Les accompagner? Documenter?

La réponse est d’une simplicité désarmante.

« La curiosité », me répond la chercheure.

Évidemment.

***

Si vous avez vu des images traumatisantes par accident (ou même volontairement), voici comment vous remettre de vos émotions.

*Nom fictif

Ce reportage a été rendu possible grâce aux bourses d’excellence de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ).