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URBANUIT : Isabelle Hamon, lesbienne et réalisatrice de porno gaie
En mars, nous avons publié une entrevue avec Jake Bass, ancienne vedette de films de porno gaie, qui a fait pas mal réagir. Si certains ont aimé voir l’industrie dans l’oeil de l’un de ses anciens acteurs, d’autres auraient préféré un regard nouveau sur le monde de la porno ou celui d’un.e professionnel.le qui agit derrière la caméra. L’une des personnes à avoir commenté sur cet article a été Isabelle Hamon, femme lesbienne et réalisatrice de porno gaie. Nous avons discuté avec elle pour en savoir plus sur le milieu dans lequel elle évolue.
C’est vraiment un milieu motivant et intéressant.
Isabelle travaille dans la porno depuis 8 ans maintenant et elle est l’une des rares femmes qui exercent le métier de réalisatrice de porno gaie. « J’ai commencé parce que l’un de mes amis qui fait de la porno m’a demandé de le filmer, raconte-t-elle. J’étais pas très certaine au début, mais quand il m’a parlé du salaire, j’ai embarqué (rires). » À l’époque, Isabelle étudiait en cinéma et l’idée de travailler dans le monde de la porn ne lui avait pas effleuré l’esprit, mais maintenant elle ne se pourrait pas s’en passer. « Je suis comme restée accrochée. Je fais autre chose, mais j’ai toujours gardé [la porno] dans ma vie. C’est vraiment un milieu motivant et intéressant. » Isabelle fait aussi des contrats corporatifs et de la publicité avec sa boite de production, en plus de ses contrats en pornographie.
La réalisatrice voit souvent son industrie représentée d’une façon qu’elle trouve cliché. « Les gens ont tellement d’idées préconçues sur la porno. Ils pensent que c’est un milieu fermé, qu’il y a plein de drogues, etc. Ce qui est intéressant c’est de savoir que l’industrie est hyper professionnelle et qu’il y a plein de gens impliqués dans la production qui ne sont pas devant la caméra », continue-t-elle.
L’un des trucs qui l’a accrochée en lisant notre entrevue avec Jake Bass (et qui l’a incitée à nous contacter) est un petit passage ou Jake mentionne qu’il ne se sentirait pas à l’aise d’être filmé par une femme. « J’ai trouvé ça drôle de lire ça parce que de mon côté je n’ai jamais entendu ce commentaire-là. Au contraire, les gens sont même souvent contents que ce soit une fille [sur le plateau]. », explique la réalisatrice. Pour elle, le point de vue d’une femme sur une scène de porno gaie est clairement différent de celui d’un homme. « Je n’ai pas cette attirance-là [envers les hommes] alors je leur parle comme s’ils étaient n’importe quel autre acteur. Pour moi, c’est vraiment juste une scène de cinéma ». Ce qu’elle souhaite surtout faire c’est d’amener la porno à être autre chose que juste de la pénétration en portant un regardant sensible sur les scènes qu’elle réalise.
Il y a des hommes gais qui ne se sont jamais montrés nus devant une femme, mais j’arrive à les rendre à l’aise.
Le fait d’avoir une petite équipe de production et de travailler étroitement avec ses collègues lui donne le sentiment d’être plus libre créativement, mais à la fin de la journée, ça reste un travail. « Il y a des hommes gais qui ne se sont jamais montrés nus devant une femme, mais j’arrive à les rendre à l’aise. On parle, on partage nos idées, puis on reste professionnels », raconte-t-elle. L’essentiel pour Isabelle, c’est de créer un produit intéressant à regarder. « Avec les modèles avec qui je travaille, on est vraiment en mode création. On travaille ensemble. Le regard féminin que j’ai est différent de celui d’un homme qui va peut-être y aller plus avec des plans larges et axés sur la pénétration. On me dit qu’avec moi l’approche est plus sensuelle. Je cherche les petits frissons qui rendent ça plus intéressant. »
Isabelle tenait à préciser que même si l’entrevue de Jake l’a fait réagir, elle n’a rien contre l’acteur en particulier. Elle souhaite seulement que le public puisse entendre des témoignages des autres professionnels impliqués dans le monde de la pornographie pour avoir un meilleur portrait de cette industrie multifacettes qui en fascine plusieurs.