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Une dernière bouchée de pomme…

Par
André Péloquin
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À moins d’avoir passé les dernières heures dans un chalet reculé, loin du wi-fi et de la civilisation (et je vous le souhaite en tabarnouche!), vous savez déjà que Steve Jobs est mort, emporté par un crabe qui le tenaillait depuis des années. Le monde est aujourd’hui un peu moins blanc, ses coins sont aussi moins arrondis.

Le politicien Jack Layton, l’acteur Dennis Hopper, le fantôme d’amour Patrick Swayze, le journaliste Peter Jennings, des milliers et des milliers d’illustres inconnus combattant ou s’éteignant peu à peu dans l’ombre, dans un centre palliatif ou, pour les plus chanceux, entouré de la famille et d’amis. Y’a pas à dire, le cancer frappe tout le monde. Le cancer est la dernière démocratie. Le clique, lui, fait maintenant office de funérailles. « Merci de ne pas déposer de fleurs, mais cliquez don’ icitte siouplait! »

Le Web s’anime tout particulièrement lorsque quelqu’un s’en déconnecte
. On pourrait penser qu’avec le temps, alors que le Web se veut « 2.0 », les utilisateurs conquis auraient été colonisés, convertis, à genoux devant leur iPad, en extase devant le fond blanc de l’iTunes store, mais non. Nous y sommes toujours aussi rustres. Des vautours avec des claviers à la place des serres.

Prenez le cas d’Amy Winehouse par exemple.

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Alors que sa dépouille était toujours chaude, plusieurs compagnies et médias à gogo tentaient d’en tirer profit. Des compagnies aussi « respectables » que Microsoft et Sony se sont transformées en marchands de temples pour « pawner » différents produits liés à la chanteuse. « T’es triste, l’fan? Download don’ une toune sur notre réseau! 0,99$! Une aubaine! » Sur le site du magazine Esquire, on profitait du trépas de la chanteuse pour « ploguer » deux petits paragraphes à la con sur le style vestimentaire (!) de son ex (!?!). Puis, lorsque ce fut le tour de Layton, le gentleman Martineau en profitait pour nous rappeler que l’homme à la moustache n’était pas parfait (noooooooon!? Vraiment? la grosse classe, Rich’). Pourquoi?

Pour le clique, pour l’osti de clique!

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La mort, tout particulièrement lorsqu’elle est liée au cancer, n’est pas une refonte Blu Ray de Star Wars.

Elle n’efface pas les taches et ne corrige pas les défauts. Elle n’ajoute pas des « pew, pew » de lasers pendant les moments plus ennuyants et, le plus cruel dans tout ça, on ne peut appuyer sur « rewind », ni même appuyer sur « pause ». Il n’y a pas de marche arrière, ni de pause ou de « slow motion » afin d’étirer le troisième acte, retarder l’inévitable, changer la fin. « Et si ce traitement de chimio était le bon? Et si on trouvait un remède miracle? Et si c’était Jar Jar Binks qui crevait à la fin plutôt que Darth Vader? ». En fait, le seul point que le cancer et « Star Wars », voire les dévoilements de produits Mac, ont en commun, c’est cette capacité d’attraction. Ils attirent l’attention, ameutent les fans et, pour les plus choyés, soudent les proches.

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Salut m’sieur Jobs! Je vous souhaite des funérailles à ton image : sobre, en jeans et en chandail noir. Malheureusement, j’ai comme l’impression que plusieurs commerçants et amateurs de « retweet » en décideront autrement.

Tout ça me fait aussi penser à un classique des Colocs…

« La planète tourne

est pas supposée tourner sans moi »

Well, l’espace d’une nano-seconde, elle aura arrêtée, m’sieur Jobs. Le temps de faire « refresh »…

Tiens, tant qu’à parler de cliques et d’opportunisme, cliquez ici pour faire un don à la Société canadienne du cancer.