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Souvent, quand on écrit sur nos réflexions, on a peur que cela ne s’adresse qu’à nous, que ce soit une folie bien personnelle. Il nous traverse même l’esprit que les autres ont peut-être depuis longtemps résolu leurs problèmes financiers, d’accomplissement personnel et de relations avec le sexe opposé. Tout le monde est en apparence dans un couple équilibré avec un travail payant et valorisant. Ces gens-là, ceux qui ont tout compris, n’ont plus qu’à rire des blagues des humoristes, à échanger sur des sujets d’actualité et louer des chalets à Tremblant la fin de semaine. Aujourd’hui, je vais aborder un autre sujet qui ne concerne potentiellement que moi : les relations entre célibataires.
(Aviez-vous lu le 35e épisode?: Bière chaude, bouffe poche et mauvais service)
Je n’ai jamais écrit sur le sujet des relations entre les hommes et les femmes dans cette tribune auparavant. La raison principale étant que je sortais justement de l’une de ces relations. Ça fait de cela un an. Ce n’est pas parce que j’avais une réticence à étaler publiquement le récit de mes expériences avec le sexe opposé, mais plutôt, car c’était mon ex-copine qui révisait mes textes à mes débuts à Urbania. Même si je n’ai pas souvent réussi pendant que nous étions ensemble, j’ai toujours voulu que cette fille se sente comme la plus spéciale du monde donc, loin de moi l’intention qu’elle sache qu’il pourrait y avoir d’autres femmes dans ma vie. Devant elle, j’allais donc avoir une vie de solitude et de célibat pendant encore un bon moment. Jamais je n’allais même effleurer le sujet des autres filles avec elle et je ne voulais pas connaître ses histoires à elle non plus. Je préférais m’imaginer qu’elle ne sortait qu’avec ses amies filles et que tous les autres gars étaient un peu trop colons pour elle.
Cette semaine, elle est venue me couper les cheveux. Elle m’a parlé d’un autre garçon pour la première fois. Il venait d’une grande ville des États-Unis et il était passé la voir quelques fois et elle aussi. Il lui faisait de l’effet, qu’elle me disait. Ce fut bizarre à entendre. J’ai toujours eu de la misère avec le concept que mes ex pouvaient avoir une vie après moi, comme si je continuais de penser que j’étais et que je serai toujours le meilleur des gars pour elles. Elle m’a vite rassuré en me disant que ça n’avait pas marché. C’était fini pour des raisons un peu trop adultes pour moi, pour des raisons qui nous font sentir pas trop spécial.
J’étais d’ailleurs loin de me douter que c’est ce que la vie de célibataire me réservait à moi aussi : me faire sentir pas trop spécial. Quand on est en couple, on se sent apprécié, on sent que l’on compte, qu’on est important. Dans l’autre monde, les gens annulent des rendez-vous à la dernière minute, ne retournent pas les appels, répondent aux courriels deux semaines plus tard et ne dévoilent qu’au compte-goutte leurs intentions ou l’intérêt qu’ils peuvent nous porter. C’est vraiment un monde relativement froid que celui du célibat. C’est ce qu’on se dit, mais encore là, c’est peut-être juste moi.
Et puis, comme notre vie est le miroir de ce qu’on y investit, je me suis demandé si moi-même, je faisais sentir les filles qui m’intéressent plus spéciales que n’importe quelles autres. Est-ce que je contribue plus au froid ou à la chaleur dans ce monde de gens qui cherchent l’amour. Tel qu’attendu, ma réponse fut le reflet de mes précédentes observations. Je ne dis jamais rien de compromettant, mes intentions sont toujours camouflées dans un humour circonstanciel qu’on ne peut prendre au sérieux et les rares compliments que je donne sont toujours dans un contexte totalement désintéressé. Je n’achète jamais de fleurs, ni de chocolats. J’échange des textos qui ne veulent rien dire, je dépense mon énergie où ça ne vaut pas la peine et je me tais les fois où je devrais parler. En résumé, je suis le pire bloc de glace sur lequel un cœur peut se briser.
Il ne fallait pas chercher la réponse plus loin. Si c’est froid, c’est principalement à cause de moi.
Afin de réchauffer le monde, il n’y a qu’une seule façon de faire. Il faut y mettre du chaud. Mettre du chaud, ce n’est pas grand-chose, ce n’est pas si compliqué, c’est simplement de faire sentir la personne convoitée, ne serait-ce qu’un peu spéciale.
Rien de moins.
David Malo
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Le 37e épisode est ICI.