Les rapports entre employé.e.s et employeur.e.s ont eu des airs de grosse baboune dans les dernières années. Vous-même avez probablement remarqué que tous les buzzwords qui servaient à caractériser les phénomènes observés en milieu de travail depuis 2020 ont sonné comme une trêve du silence : le quiet quitting, le quiet firing, le quiet vacationing et le quiet promoting…
À la grande surprise d’absolument personne, le ressentiment s’est accumulé des deux côtés – particulièrement les employé.e.s envers leurs employeurs – et comme des vieux couples qui ne se parlent plus, ça finit par exploser. Et c’est ce qui nous mène au revenge quitting, qui est apparemment LA tendance de 2025.
Mode d’emploi
Le concept du revenge quitting est simple : on prend la décision très calculée de sacrer son camp au pire moment et de la pire façon possible.
Après avoir fait un tour sur Reddit, j’ai trouvé quelques techniques bien rodées : certain.e.s s’assurent de démissionner au beau milieu d’un projet crucial, histoire de mettre tout le monde dans le jus, d’autres synchronisent leur départ avec celui d’autres collègues pour que ça frappe encore plus fort, et les plus game quittent avec des outils ou des connaissances clés, juste pour compliquer la vie à ceux et celles qui restent.
Malheureusement pour votre boss (ou pour vous?), l’avènement du revenge quitting ne serait pas juste l’œuvre de quelques drama queens. Selon un sondage, près de 30 % des travailleur.se.s s’attendraient à voir certain.e.s de leurs collègues revenge quit cette année.
Pourquoi tout le monde a soudainement la mèche courte?
C’est là que ça devient intéressant.
Depuis quelques années, le marché du travail est un véritable cauchemar. Entre les licenciements de masse, l’intelligence artificielle qui s’approprie des jobs et les salaires qui ne suivent pas le coût de la vie, la plupart des travailleur.se.s se tiennent à leur emploi comme à une bouée de sauvetage.
Résultat? Le taux de démission est au plus bas en quatre ans et 65 % des travailleur.se.s se sentent coincé.e.s dans leur emploi actuel. Tout porte à croire qu’on endure sa job qu’on déteste, qu’on accumule des sentiments négatifs, et que quand on finit par lâcher prise, on ne se contente pas de déposer une lettre de démission sur le bureau du.de la boss : on lâche une bombe nucléaire.
La douce illusion de la vengeance
Pour avoir déjà eu une crotte sur le coeur contre mon employeur, je comprends l’idée. Vraiment. Quand tu donnes des années de ta vie à une job qui t’a vidé.e, t’as envie que ton absence se fasse sentir. Malheureusement, la vérité, c’est que ça change rarement le cours des choses.
Spoiler alert : tout le monde est remplaçable. Votre boss va vous oublier plus vite qu’un courriel des RH et ça va lui prendre un gros 8 minutes pour trouver quelqu’un d’autre pour faire votre job, potentiellement à moindre coût. Parce que – petit rappel brutal – votre employeur, c’est pas votre famille. Et encore moins votre ami.
Alors, si vous voulez revenge quit, grand bien vous fasse. Défoulez-vous! Sauvez votre peau. Mais si vous n’avez pas déjà trouvé un autre emploi, c’est vous qui risquez le plus.
Ah, et avant de faire un show de boucane en quittant, posez-vous une question : vous vengez-vous de votre employeur ou de vos collègues? Parce que si votre patron est insupportable, y a de bonnes chances que votre équipe, elle, soit juste pognée là-dedans, comme vous. Pis partir en les laissant dans la marde, c’est peut-être pas le move le plus solidaire.