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Comme je le fredonnais il y a deux ans déjà (LE TEMPS PASSE SI VITE), aujourd’hui s’annonce journée faste. Faste, noire et garnie de fins renards en runnings shoes armés d’une poêlonne et d’un coupon rabais pour cette fantastique machine à pain tressé au prix du gros (qui lui, à défaut d’être tressé, se peigne sur le côté).
L’histoire qui se répète. Cette grande fête aux cuisses grasses comme du beurre. Cette aubaine.
Aujourd’hui, quoiqu’il advienne et quelle que soit votre dynastie ou la qualité de votre coupe asymétrique, vous serez hors de tout doute puissamment appâtés par l’idée de provoquer une septuagénaire en duel dans l’allée 7, la plaquer au sol et lui ravir son bain de pieds avant même que le gant de peau de daim avec lequel vous lui aurez déchiré la peau du goitre n’ait eut le temps de revoler sur l’affichette “chute de prix”.
C’est désormais chose sue: ne badine pas avec la bonne affaire qui veut en date du Black Friday. Y’a pas une toast qui passe.
CEPENDANT.
J’ai, et à en perdre mon ballant, découvert sujet qui mérite apparemment davantage votre ire, votre glaire et vos petits poings serrés dans le vide intersidéral. Plus que le Black Friday et ses stampedes sur cages thoraciques. Que ses petites morts cérébrales à chaque coup de scan.
Plus que le vent. PLUS QUE LE GULF STREAM.
Et cette formidable épiphanie m’a caressé le cortex alors que je me payais la traite d’une rôtie à la moutarde dans ce sympathique petit café, miches calées dans le fauteuil voisin de cet étonnant orateur.
Selon ledit oracle, en 2015, toute forme de débat est vaine si ce dernier ne fait pas l’objet d’un sujet et d’un seul: le chocolat blanc.
Absolument.
Attablé devant ce qu’il semblait considérer comme une jeune sotte, cet homme vêtu d’un chandail de skieur du Mont Gabriel avait fort à dire sur la crumpette de son interlocutrice. Une crumpette sur laquelle semblait gémir une vague traînée de chocolat blanc.
Enfin. UNE TRAÎNÉE DE SCANDALE.
“Tu sais que ce que tu manges, c’est pas du chocolat han?”
Par une chance inouïe, le fracas de mes deux bras tombés au sol n’a pas interrompu son délicat laïus.
C’est qu’il semblerait que nous respirions chaque jour, vous et moi, le même air que ces fourbes aux barils de poulet qui OSENT qualifier de “chocolat” ce qui n’est en fait qu’une vulgaire friandise qui n’en mérite pas les lettres de noblesse, mais plutôt le sort de la Corriveau.
Jeune sotte: “C’est pas du chocolat blanc ?”
Oracle de la confiserie: “Ben là, crisse de conne, c’est pas du chocolat, POINT. Y’a pas de cacao dans du chocolat blanc fac c’est pas du chocolat pis ça n’a jamais été”, articula-t-il en toute maîtrise de ses degrés d’aperture avant de mordre dans son gros muffin aux carottes d’oracle de la confiserie.
Crisse de conne, mets-en.
Hey.
J’AI DIT HEY.
Suis-je après vivre dans un monde où une sombre épaisse ose consommer sans retenue un produit qui porte le mauvais nom depuis que Laura Secord a déchiré ses bas filet dans les herbes hautes en 1813?
Hum?
Côtoie-je vraiment des gens qui ont si peu de respect pour la matière brute et les bois précieux? Les Oompa-Loompas? La juste terminologie en la fève et la catin qui pense y planter gencive?
La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, le rapport de France, #LeQcParle, la fin du personnage de Johanne de Nouvelle Adresse, Ti-Cuir gueurlot dans son suit noir, un dimanche à Kigali pis le simple fait que Maxime Landry ait eu l’autorisation de publier un deuxième livre n’ont pas intérêt – et je vous le dis, là. Je vous le dis – à faire ombrage au débat que je propulse à l’instant aux portes de Mensa et qui, j’ose espérer, détruira le réveillon, les Rois et la Toussaint de tout individu qui aura le front de prononcer le mot “chocolat” en présence d’une Pirouline.
Jusqu’à mon dernier souffle, je vagirai.
À la bonne heure.
La bise.
PS TENDRESSE :: mes hommages nourris à ce skieur du Mont Gabriel à qui je souhaite, en toute bienveillance, des bubons de peste aux baloches ainsi qu’à cette délicate zone entre la cuisse pis l’sac.
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Pour lire le texte portant sur le Black Friday de Catherine Ethier: Mourir pour sauver cinq piastres.