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Relaxe ton sexe

Par
Julie Lemay
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Le stress… Ah! Cet enjeu de notre société moderne.

Oui, je pourrais, aujourd’hui, inclure les mots métro-boulot-dodo/pression de performance/rythme de vie effréné. Oui je pourrais rédiger une liste de trucs de gestion pour se calmer le gros nerf du genre :

Respire du ventre. Vis le moment présent. Sois dans le ici et maintenant. Lâche prise. Va prendre un bain chaud. Cours. Fais du yoga.
Mange.
Prie.
Aime.

Mais tout ce que j’ai le goût de dire, c’est : “Hey guys, en tant qu’êtres humains sensibles n’ayant point des compétences de moines bouddhistes (pour la plupart), fortes sont les possibilités qu’il soit NORMAL d’avoir des phases de stress plus intenses! Des phases de stress de marde, oui, mais des phases de stress quand même.”

On nous culpabilise souvent de vivre la p’tite tension interne et le suintage d’aisselles excessif.

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Il est vrai que si on appliquait l’ensemble de citations new age de “lasolutionestenvous.com”, on accoterait tous Yoda donc HONTE À NOUS DE NE PAS ATTEINDRE CETTE PLÉNITUDE SI ACCESSIBLE!

Certes, il n’est pas non plus souhaitable d’avoir la grosse veine qui nous sorte du cou en permanence (si c’est le cas, je t’invite empathiquement à consulter), mais le fait est qu’on peut avoir l’énergie vacillante, la productivité variable.

Et conséquemment à ça, il arrive que notre vie sexuelle écope temporairement.
Que notre libido soit en chute libre. Qu’on ne jouisse pas. Qu’on orgasme zéro pis une barre. Qu’on n’érectionne pas. Qu’on lubrifie moins. Qu’on éjacule très vite.
Trop vite.

Pourquoi tant d’impacts sur la mécanique du corps alors que justement, ce serait peut-être ça, une relation sexuelle, qui nous amènerait un peu de détente?

C’est que le système qui réagit au stress est le même qui amenait les sens aux aguets à l’être préhistorique convaincu d’un danger imminent. Stresseur = Danger = Je t’irrigue autre chose de plus prioritaire que tes genitals.
Tente de bander en présence d’un lynx menaçant.
Voilà.
C’est ça. C’est une réalité physiologique.

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Des fois, avec les stresseurs modernes, nos pensées peuvent pondre les équations suivantes :
Fin de session = Lynx = Mécanique sexuelle affectée
Arrivée d’un enfant = Lynx = Mécanique sexuelle affectée
Problèmes professionnels = Lynx = Mécanique sexuelle affectée

Il arrive aussi qu’on soit aux prises avec des pensées contaminantes, gracieuseté d’un second animal, moins menaçant, mais VRAIMENT gossant : le hamster.
Oui, lui!
Le hamster générateur de pensées qui spinne dans sa roue!
Au lit, ça peut donc finir par ressembler à ça : Toi + l’autre + un maudit hamster qui couine en permanence + un lynx dans le coin de la pièce.
Ça déconcentre et personnellement, je dois dire que ça s’éloigne de ma définition de la volupté.

Donc si t’as le corps tendu telle la nouille de spaghetti non cuite, il se peut que tu aies temporairement de la difficulté à te lousser le bassin, à t’onduler l’organisme et à t’abandonner à la chaleur des plaisirs charnels.

C’est normal.

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Si on rend la relation sexuelle obligatoire dans un contexte où on est préoccupé par 352 enjeux personnels, on crée un stress supplémentaire au stress déjà présent et on se retrouve pris dans un cercle vicieux qui, finalement, ne sera pas vicieux du tout.

C’est normal aussi.

Si l’on vit en couple, on peut accepter que ce soir on va spooner ou juste dormir chacun de notre bord de lit. Il est possible qu’il soit aidant, pour soi et pour notre union, de prendre un peu de “me time”, le temps de se dompter le lynx.

De toute façon, il y a d’autres pratiques dans la vie que de s’émoustiller le génital. Ce serait le fun qu’on arrête de dire “relation sexuelle complète” seulement lorsqu’il y a pénétration parce que diantre, s’embrasser, se caresser et s’entrelacer les corps, c’est sexuel et oui, ça peut être complet!

Il faut se le dire. Se le rappeler. Se déculpabiliser de ne pas être constamment l’être le plus charnel de la planète charnelle.

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Des fois, c’est juste une nécessité de se donner le temps d’apprivoiser notre faune intérieure de lynx et de rongeurs. Et oui, JE VOUS JURE, quand les menaces semblent moins envahissantes, ils ont tendance à revenir nous chatouiller le bas ventre, les p’tits papillons!

***

Pour lire un autre texte de Julie Lemay : “L’amour longue distance”