Humains
Photoreportage : sur le terrain au CISSSMO
Trois professionnelles nous révèlent tout sur leur métier et leur quotidien dans le domaine de la santé et des services sociaux!
URBANIA et le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) s’associent pour nous faire découvrir les mille et un aspects des carrières en santé.
J’ai une confession à vous faire : enfant, j’ai cru un bon moment que j’étais pyromane. Pas que je partais des feux random dans la maison, là. Mais quand je voyais des flammes à l’écran, je trippais quand les pompiers arrivaient pour les éteindre.
Ça m’a pris un bout de temps avant de comprendre que c’était plutôt ça qui m’intéressait : voir des gens rester calmes au beau milieu d’une situation de crise, parce qu’ils savaient que chaque décision pouvait faire de la suite des événements soit un drame, soit une histoire qui finit bien.
J’ai eu un sentiment semblable en rencontrant Catryne, Dominique et Stacey. En tant que professionnelles sur le terrain au CISSSMO, elles doivent toutes les trois passer de la compassion à la réactivité pour aider les patient.e.s qu’elles accompagnent au quotidien.
Mais c’est quoi, en fait, un CISSS? En gros, c’est un peu comme une « offre 360 », incluant une gamme complète de soins de santé et des services sociaux, de la naissance à la fin de vie.
Qu’il s’agisse d’enjeux de santé mentale, de comportement ou de développement physique, l’objectif de nos trois profesionnelles est toujours le même : améliorer la qualité de vie des personnes à qui elles offrent des soins et des services.
Rencontre avec trois professionnelles de la santé dont le travail a des effets positifs concrets dans leur communauté!
Catryne Deguire, physiothérapeute
Cathryne est physiothérapeute depuis 2019. C’est l’appel des relations humaines qui l’a motivée à choisir ce métier. Travaillant à l’Hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay, elle souhaitait avoir un contact direct avec ses patients tout en restant active, physiquement et mentalement!
« Je voulais contribuer à améliorer la vie des gens », explique-t-elle. « C’est évident, surtout en milieu hospitalier, que si on n’avait pas été présents, des patients se seraient peut-être déconditionnés, auraient pu avoir des problématiques plus graves, ou auraient pu mal se rétablir de leur opération. »
Son rôle est d’abord d’évaluer les patient.e.s qui arrivent sur son étage, soit celui des interventions chirurgicales, et d’assurer leur bon rétablissement. Son éventail de patients est très large, puisqu’il comprend tous ceux et celles qui ont subi des opérations orthopédiques (les gens qui se font remplacer des articulations), mais aussi toutes les personnes qui ont subi des opérations de base, comme des appendicectomies.
Dans ce genre d’environnement, être physio, c’est du sport!
Catryne doit en quelque sorte être la personne-ressource pour tout le monde et travailler de concert avec les médecins et les autres professionnels de la santé afin de s’assurer que chaque patient.e est sur la bonne voie pour se rétablir.
Chaque unité, m’explique Catryne, doit assister à deux réunions hebdomadaires où se retrouvent tous les professionnels, et où ils et elles font défiler la liste de patient.e.s.
« Ça nous donne une bonne idée d’où on en est, dans nos suivis, pour savoir quand un patient est prêt à partir, ou, au contraire, s’il a besoin de réadaptation.
On sait aussi quel.le.s patient.e.s ont des dossiers conjoints avec d’autres médecins, et on échange beaucoup pour savoir si ce qu’on a découvert pourrait avoir un impact sur ce que l’autre pensait, et vice-versa », dit la jeune physio.
« Il arrive aussi qu’on fasse des traitements conjoints, surtout entre ergothérapeutes et physiothérapeutes. C’est important de bien collaborer, parce qu’il faut qu’on soit sûrs d’avoir le même plan et les mêmes objectifs pour le patient ou la patiente dont on s’occupe. »
Tous ses patients ont hâte de rentrer chez eux, et c’est à elle que revient la responsabilité que cela se fasse en toute sécurité.
En plus de la nature physique et collaborative de l’emploi, c’est aussi un domaine en constant changement, m’apprend Catryne. Il faut savoir s’adapter à de nouveaux appareils, à des techniques améliorées, mais aussi faire des changements plus anodins pour rendre le travail au quotidien plus efficace. Par exemple? Lorsqu’elle a commencé, il n’y a pas si longtemps, les notes étaient encore écrites à la main!
« On a maintenant accès à des ordinateurs, ce qui rend notre vie plus facile! ! Peu à peu, tous les dossiers seront numérisés, et ça nous aidera beaucoup. C’est niaiseux, mais on perdait quand même du temps à essayer de déchiffrer ce que certains médecins écrivent », dit Catryne Deguire en riant.
Dominique Larivière, psychoéducatrice
Dominique Larivière a elle aussi connu de nombreux changements dans sa profession! Psychoéducatrice depuis de nombreuses années, elle a vu ce métier propre au Québec se développer et gagner en popularité. Le fait que des émissions quotidiennes d’envergure aient même des segments complets consacrés à la psychoéducation prouve, selon Dominique, que c’est un métier d’avenir important.
Plutôt du genre à rester en retrait et à observer les situations dans un contexte social, Dominique a préféré la psychoéducation à la psychologie à cause de l’aspect terrain. « Je voulais pouvoir accompagner la personne dans tous ses milieux de vie. Si elle a besoin d’aide à l’école, je vais aller l’aider à l’école, si elle a besoin de moi dans son milieu de travail, je vais y aller.
Ma job, c’est vraiment de faire une évaluation de l’environnement dans lequel la personne évolue, et pas seulement d’être en rencontre privée toutes les deux semaines. Je veux faire partie de la vie de la personne. »
Le fait d’être un acteur important dans la vie des patient.e.s permet à Dominique d’être dans le concret, de vivre avec chaque personne des situations de crise et de pouvoir mieux les gérer et rectifier le plan d’action. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas de comprendre le pourquoi, mais de gérer la situation telle qu’elle est pour en modérer les répercussions.
Si on s’imagine souvent les psychoéducatrices dans des milieux scolaires, Dominique rappelle que ses patient.e.s peuvent avoir de 1 à 101 ans! Selon elle, cette diversité de cas est l’un des aspects les plus intéressants du métier.
Spécialisée en troubles de comportement, incluant des cas graves, elle peut intervenir dans différents milieux, allant d’un CHSLD à une résidence ayant une jeune clientèle. « Même si deux personnes ont le même trouble, on ne prendra jamais la même direction pour le régler. Chaque cas est différent, parce que chaque personne est différente. »
Patience, créativité et capacité d’adaptation sont donc essentielles!
Évoluant au sein de l’unité jeunesse d’une résidence à assistance continue en Montérégie, Dominique souhaite découvrir et opérer sur le terrain. Et son terrain est grand puisque le CISSSMO offre des services spécialisés partout en Montérégie à la clientèle ayant une déficience physique ou intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme.
Elle travaille également avec des collègues ayant d’autres spécialités afin de s’assurer que les interventions sont pertinentes et que le suivi est cohérent.
Comme elle l’explique, pour que l’offre de services soit bonne, aucun intervenant (neuropsychologue, pédopsychiatre, etc.) ne doit se placer au-dessus de l’autre sur le plan hiérarchique. Tout le monde doit être sa propre pièce du casse-tête et contribuer à améliorer l’état de la personne.
Un vrai service complet et sur mesure, quoi!
Stacey Baril, infirmière en santé mentale
Comme beaucoup de jeunes au secondaire, Stacey a longtemps tergiversé avant de trouver un domaine qui la passionnait. Curieuse de nature, elle a d’abord pensé devenir psychiatre, mais a été un peu découragée par toutes les études nécessaires. Elle savait toutefois que la santé mentale l’intéressait, et a décidé d’investiguer. « J’ai appelé différents hôpitaux psychiatriques pour savoir quels étaient les autres métiers en santé mentale. Ils m’ont dit qu’il y avait préposée aux bénéficiaires, infirmière, et plein d’autres. »
C’était donc parti pour un très long (ses mots, pas les miens!) passage de cinq ans de cégep en technique infirmière, qu’elle a prolongé pour se spécialiser en santé mentale, qui ne représente qu’une infime partie du programme.
Travaillant dans le domaine depuis maintenant 15 ans, elle est infirmière à l’urgence en santé mentale et à l’unité de psychiatrie, elle aussi à l’Hôpital Anna-Laberge. Concrètement, elle accompagne des patients souffrant de troubles variés allant de la dépression à la bipolarité en passant par des troubles de consommation et des idéations suicidaires.
Dans son unité, la plupart des patients sont hospitalisés pour des traitements de plusieurs semaines, et c’est Stacey qui assure auprès d’eux un suivi plus étroit.
C’est à son équipe et à elle que revient la responsabilité de juger de l’état d’un.e patient.e et de ses progrès. « Il faut que tu fasses des rencontres, des entrevues, que tu évalues les dangers potentiels. Parfois, les gens veulent se blesser eux-mêmes, ou blesser leur entourage. Et quand ils sont prêts à partir, il faut s’assurer qu’ils ont un environnement convenable où aller. On essaie de mettre en place des filets de sécurité », explique-t-elle.
En matière de traitement, être aux prises avec des problèmes de santé mentale, ce n’est pas aussi simple que d’avoir une jambe cassée! Dans beaucoup de cas, il peut être compliqué de bien mesurer les effets des traitements sur le quotidien des patient.e.s. Mais de revoir des patients qui vont mieux, c’est selon Stacey l’un des aspects les plus gratifiants de son métier.
« La semaine dernière, j’ai croisé un patient que je n’avais pas vu depuis six ou sept ans. Et il allait bien! Il était content de me voir, il me remerciait », se souvient-elle.
À ce moment de notre conversation, elle prend une courte pause.
Tu sais, quand ils sont à l’hôpital, souvent, les patients ne nous aiment pas plus que ça, parce qu’ils n’ont pas envie d’être là », dit-elle avec beaucoup de compassion et de compréhension dans la voix. « Il y a beaucoup de stigmatisation autour de la santé mentale; ces gens ressentent une certaine honte d’être ici. Mais ce qui est le fun à voir, c’est l’après, quand la personne vient te voir et te dit : “Une chance que t’étais là!” »
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Vous aussi, ça vous tente de faire un travail qui a des effets positifs concrets au quotidien? Visitez le site du CISSS de la Montérégie-Ouest pour découvrir toutes les carrières qui s’offrent à vous!