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Petit guide pour traverser le Mexique astucieusement

Chroniques d'un (pas si vieux) « camper van ».

Par
Mélanie Leblanc
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Avec les chroniques d’un (pas si vieux) « camper van », Mélanie Leblanc vous amène sur la route, la vraie. Des chemins sans filtres Instagram, pas toujours glam, souvent bordéliques, mais ô combien divertissants. À bord de John Mel & Camper, son truck de 21 ans (pas de rouille, pas de trou), c’est un départ vers la liberté… et le chaos.

Je l’ai dit, j’ai lu et relu tout ce que j’ai pu sur la sécurité au Mexique. Comment ce sera en Amérique centrale? On ne sait pas, mais parlons du Mexique, comme c’est notre terrain de jeu actuel.

FAUT MEXICANISER LE TRUCK

Cette phrase, je me la répète en boucle. Un mantra qui ne me quitte pas. On essaie de mettre toutes les chances de notre côté. Je ne dis pas qu’on est à l’abri, je dis juste que j’aurai tout fait, donc que j’aurai la tête tranquille. Pour mexicaniser le truck, on a :

Fait une copie de notre plaque d’immatriculation qu’on a mise devant le truck. On fait partie des cibles faciles pour certains policiers qui prennent plaisir à arrêter les touristes sur la route. Pour ce faire, ils trouvent n’importe quelle niaiserie pour nous prendre en faute et donner une amende. Amende qui vient rarement avec une vraie contravention, imprimée sur du papier, bien sûr. Bien sûr parce que les policiers corrompus – qui donnent mauvaise réputation aux autres – inventent « les lois » à mesure. Donc John a sa 2e plaque en avant. Une copie de notre vraie plaque qu’on a fait faire chez un imprimeur. Une copie en noir et blanc ! Une fausse plaque, sans doute une bonne raison de se faire arrêter, si les policiers s’en rendent compte.

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De proche, la plaque a tellement l’air cheap, mais de loin, quand tu roules à 80km/h, ça le fait.

Acheté un bouchon d’essence qui se barre. Avec la crise de l’essence qui sévit au Mexique depuis quelques semaines, on n’a pas pris de chance et on a acheté un bouchon à clef. Je le sais qu’un coup de pied bien placé en viendrait à bout facilement, mais j’ai la tête tranquille, bon.

Acheté un bidon d’huile à moteur et un filtre à air pour notre prochain changement d’huile. Paraît que c’est difficile de trouver les pièces, aussi communes soient-elles, au Mexique. On n’a donc pas pris de chance. On a fait au moins un gros 100 km avec le bidon d’huile, avant de se rendre compte qu’il a éclaté dans notre coffre de rangement extérieur. On pensait que c’était du trouble de ramasser de l’eau à Philadelphia South. Ah ah les beaux naïfs que nous étions.

Fait des photocopies de tous nos papiers officiels (passeport, permis de conduire, carte touristique). Parce que sur la route, si vous tombez sur la même gang qui aime donner des fausses contraventions, mieux vaut montrer une copie des documents et pas les originaux.

Caché de l’argent un peu partout dans le truck et on a même dévissé un panneau où cacher les vrais passeports. Je l’écris ici, pour ne pas oublier. On vire fous à chercher des cachettes que personne ne trouvera en cas de vol, même nous, après 2-3 tequilas.

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Acheté une lumière clignotante rouge, qu’on place sous le volant, la nuit. Oui, on a un système d’alarme, mais non, il n’y a pas de témoin lumineux. On a donc acheté un accessoire de vélo cheapo, qu’on peut même recharger grâce à son port USB.

Antoine a décidé de mettre toutes les chances dans sa face et s’est transformé en El Chapo.

Sa face de Joaquín Archivaldo Guzmán Loera va peut-être nous aider… à suivre !

Nous voilà prêts à affronter les routes mexicaines. Pour l’instant, on s’est fait arrêter seulement par l’armée et le truc « parlez en français et dites Canada dans votre phrase » a marché à merveille ! « Hola Senior. Quoi ? Canada. Ça va ? Canada ! »

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