Logo

Petit guide de préparation aux Oscars 2021

Quoi voir? Quoi éviter? Qui va gagner? Qui en ressortira bredouille?

Par
Benoît Lelièvre
Publicité

S’il y a un mot d’ordre à Hollywood en 2021, c’est : au diable la pandémie, on fait nos affaires quand même!

Comme de nombreux milieux, l’industrie du cinéma a frappé un mur en 2020. La fermeture des salles de cinéma, l’arrêt temporaire des productions et les nombreux délais de parution ont compliqué la vie de tout le monde, des patrons de grands studios aux cinéphiles du dimanche. Mais c’est fini… en tout cas, presque fini!

Dans un effort de positivisme et de continuité, la cérémonie des Oscars se tiendra en présentiel, le 25 avril prochain au Dolby Theater ET à Union Station, à Los Angeles. Comme c’est le cas chaque année, je me fais un devoir de regarder les nommés dans la catégorie Oscar du meilleur film. Si ça vous tente, il vous reste dix jours pour le faire et je vous ai préparé un petit guide pour vous aider à tourner les coins ronds et rendre l’exercice le plus plaisant possible!

Non, vous n’avez pas à les regarder tous!

Publicité

Celui que vous avez le droit d’oublier de regarder – Mank

Ça me fait beaucoup de peine de l’admettre, parce que si être fan fini de David Fincher était un sport olympique je serais assurément médaillé… mais il est passé à côté pas à peu près avec Mank. Il faut comprendre les circonstances : il s’agit d’un script écrit par son père qu’il essaie de filmer depuis plus de vingt ans. Ça a été difficile de trouver preneur parce qu’il tenait vraiment à l’intégrité de la vision de son paternel.

Il aurait peut-être dû mettre de l’eau dans son vin là-dessus. Bien que le film explore une époque fascinante d’Hollywood (celle de l’hégémonie des grands studios), Mank est bourré de longues scènes suffisantes et de références qui n’enrichissent pas les idées du film. Il y a dix ans, Mank aurait remporté la statuette sans qu’on se pose trop de questions, parce qu’il n’y a rien que l’Académie n’aime plus que de célébrer l’histoire de son industrie. Heureusement, les choses ont changé depuis.

Publicité

Si ça vous tente de le regarder quand même, c’est disponible sur Netflix.

Celui qui mérite de gagner – Promising Young Woman

Peut-être pas le premier film à traiter de la culture du viol, mais de loin celui qui l’aborde de la manière la plus honnête et contemporaine. Promising Young Women est LE meilleur film que j’ai vu jusqu’à maintenant en 2021 et pas seulement parce qu’il s’attaque à un problème important. La réalisatrice Emerald Fennell puise son inspiration dans une panoplie de genres allant de la comédie romantique aux films d’horreur coréens afin de subvertir vos attentes.

Publicité

Promising Young Woman est un excellent thriller viscéral qui refuse systématiquement tous les clichés du genre et fait réfléchir. Si vous souhaitez l’écouter (et je vous le conseille fortement), c‘est disponible en location sur le site web de Cineplex.

Celui qui va probablement gagner – The Sound of Metal

C’est peut-être exagéré de dire que l’Académie est devenue woke à la suite des victoires de Moonlight en 2017 et du film coréen Parasite l’année dernière, mais elle s’éloigne tranquillement de son nombril. Elle a d’ailleurs apporté d’autres changements à son mode de scrutin afin de mieux refléter la diversité. C’est pas gagné, mais on progresse.

Publicité

Cette vague de changements ouvre la porte à The Sound of Metal, un drame sobre, voir minimaliste sur un batteur de rock qui devient sourd. Porté par les performances des hypertalentueux Riz Ahmed et Olivia Cooke, son atmosphère intimiste et sa charge émotive pure rappellent d’autres films oscarisés tels que Manchester By the Sea et Three Billboards Outside Ebbing, Missouri. Le mélange d’humilité et de minimalisme de The Sound of Metal devrait (selon moi) lui faire remporter la statuette.

Celui que personne n’a vu – The Father

Réalisé par l’auteur Florian Zeller, le film vient tout juste de prendre l’affiche en France. Je ne l’ai pas vu et je suis sûr que certains membres de l’Académie ne l’ont pas vu encore et planifient se le clencher la veille du scrutin. Il est disponible sur le site de Cineplex depuis peu, mais à 19,99$, vous êtes peut-être mieux d’attendre APRÈS la cérémonie et payer le prix d’une location normale pour un film qui semble déprimant à l’os.

Publicité

Le champion du peuple – Minari

Un film mignon et honnête à propos d’une famille coréenne qui immigre en Arkansas. Ce n’est pas un coup de coeur, mais c’est lumineux, bienveillant et facile à aimer. L’idée est intéressante : démontrer que l’immigration coréenne a vécu des épreuves similaires à celle des premiers colons américains. Minari offre un bon moment, ni plus, ni moins.

Il y a des chances que ça vous rappelle plein de films que vous avez déjà vus. C’est bon, mais ça ne mérite peut-être pas un Oscar du meilleur film. Remarquez que ça pourrait gagner. C’est un peu le Ordinary People de 2021.

Publicité

La nomination de courtoisie – The Trial of the Chicago 7

Réalisé par le célèbre Aaron Sorkin, The Trial of the Chicago 7 ne gagnera pas la statuette pour plein de bonnes et de moins bonnes raisons: ça vient d’une grosse figure de l’industrie (ce qui n’est pas à la mode depuis quelques années); c’est un drame judiciaire historique bien ficelé, mais relativement standard; c’est sorti très tôt dans la saison. Bref, ce film n’a malheureusement rien pour lui dans cette compétition.

Cette nomination, c’est une sorte de message codé de l’Académie à Aaron Sorkin: « on t’aime. C’est peut-être pas le bon projet, mais continue pareil. On continue à regarder ce que tu fais. » J’extrapole, mais je ne suis pas loin. C’est gratis sur Netflix si ça vous tente. C’est pas mauvais. C’est pas super bon non plus.

Publicité

Celui qui va tout rafler sauf l’Oscar – Nomadland

Déjà récipiendaire du National Film Critics Award, du Critics Choice Award, du Golden Globe pour Meilleur drame et plusieurs autres. Je suis 100% confiant que le film de Chloe Zhao Nomadland va remporter le Independent Spirit Award le 22 avril prochain. Zhao a écrit, produit, réalisé et monté Nomadland , ce qui est le summum de l’esprit de la compétition.

C’est malheureusement un film un peu trop austère pour les Oscars qui historiquement aiment célébrer une approche plus expansive de la réalisation. Nomadland est trop indie, un peu trop introspectif pour remporter la statuette la plus convoitée de la soirée. Pour regarder, c’est sur Disney+ que ça se passe!

Publicité

Celui qui ne gagnera pas pour les mauvaises raisons – Judas & the Black Messiah

Paru discrètement en février dernier, on a peu entendu parler de Judas & The Black Messiah. C’est plate, parce que c’est un film incroyablement intense sur un chapitre de l’histoire des États-Unis dont on parle encore trop peu. Le film était supposé sortir le 21 août dernier mais, COVID oblige, sa sortie a été retardée jusqu’à cet hiver. Le manque d’engouement autour de Judas & The Black Messiah va faire mal à ses chances.

L’académie récompense soit ceux qui jouent la game, soit les films qui sont le talk of the town. Mais ne faites pas comme l’Académie : regardez Judas & The Black Messiah . C’est le troisième meilleur film en compétition cette année après Promising Young Woman et The Sound of Metal. C’est disponible en location sur le site de Cineplex.

Publicité