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Partis pour la gloire : avant d’être québécois, le Bloc était canadien

Aujourd'hui : le Bloc populaire canadien.

Par
Théo Boucher
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Les élections sont enfin terminées et le Bloc québécois vient de renaître, en obtenant à peu près le tiers des votes au Québec et 32 sièges sur 78 dans la province! C’est moins que les libéraux, mais c’est déjà mieux qu’en 2011 et en 2015, où le parti n’avait même pas obtenu le seuil de 12 sièges, qui permet d’être officiellement reconnu comme un parti au Parlement.

Après une période d’âge d’or dans les années 1990 et 2000, le parti a donc une nouvelle vie. Mais le nationalisme québécois s’exprime depuis encore plus longtemps à l’échelle fédérale. En fait, le Bloc québécois n’est même pas le premier Bloc à avoir été élu au Québec… Cette semaine, on parle du Bloc populaire canadien!

Un mal de Bloc

D’abord, une mise en contexte s’impose. Le Canada a été créé en 1867, mais il n’a obtenu son indépendance qu’en 1931 (et il a fallu attendre 1982 pour obtenir les pleins pouvoirs constitutionnels, mais ça, c’est une autre histoire). Durant la Première Guerre mondiale, les soldats canadiens étaient donc techniquement au service de l’armée britannique.

Les Canadiens appuyaient même en grande majorité la conscription, c’est-à-dire l’obligation pour les hommes en âge de combattre de contribuer à l’armée. Une seule province s’y opposait farouchement. Devinez laquelle.

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C’est pourquoi il allait de soi pour la plupart des Canadiens que le pays soutienne militairement le Royaume-Uni. Les Canadiens appuyaient même en grande majorité la conscription, c’est-à-dire l’obligation pour les hommes en âge de combattre de contribuer à l’armée. Une seule province s’y opposait farouchement. Devinez laquelle.

Eh oui, le Québec! Mais ça se comprend : c’est pas évident de demander à un peuple conquis par les Britanniques d’aller les aider dès qu’ils sont dans le pétrin… Les Québécois s’opposaient donc majoritairement à la conscription, mais n’ont pas pu faire le poids face aux autres provinces. La conscription a donc bien eu lieu.

Le même débat est survenu lors de la Deuxième Guerre mondiale, mais cette fois-ci, certains Canadiens français décident de s’organiser plus activement pour s’opposer à la conscription et faire entendre leur voix au Parlement. Henri Bourassa, le fondateur du quotidien Le Devoir, et André Laurendeau, un des idéateurs de la Loi sur les Langues officielles, fondent donc en 1942 le Bloc populaire canadien, un parti canadien-français fédéral et provincial militant principalement contre la conscription.

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Leurs objectifs sont très précis, mais ils en profitent aussi pour développer des revendications un peu plus pointues, comme une plus grande autonomie pour les provinces, l’éducation physique obligatoire, et un programme scolaire qui forme le « culte de la fierté française », whatever that means.

Ils ne se présentent qu’à l’élection provinciale de 1944, parce qu’à l’élection suivante, la guerre et la conscription sont terminées. Ils y récoltent quand même 14% des votes et quatre circonscriptions, dont celle de Beauce. Oui, la même circonscription où les deux Maxime Bernier s’affrontaient le 21 octobre dernier.

Un seul bloquiste sera élu au Parlement fédéral, mais il ne se représentera pas pour le parti aux élections suivantes. Somme toute, le Bloc populaire canadien fut donc très marginal, mais pour un parti n’ayant existé que pendant cinq ans, son succès demeure impressionnant. Le parti était même soutenu par des figures historiques pas pire importantes, comme Jean Drapeau et un certain Pierre Elliott Trudeau, le père de l’autre…

Le Bloc populaire canadien n’était pas indépendantiste, mais on peut facilement le comparer au Bloc québécois d’aujourd’hui.

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Le Bloc populaire canadien n’était pas indépendantiste, mais on peut facilement le comparer au Bloc québécois d’aujourd’hui. Et c’est pas un hasard. C’est probablement pour faire un clin d’oeil à l’histoire que les fondateurs du Bloc québécois lui ont donné son nom. Et comme l’adage (ou le film) le dit, on ne meurt que deux fois : la première fois, quand notre coeur arrête de battre, et la deuxième fois, quand notre nom est prononcé pour la dernière fois…

C’est ce qui met fin à la série des Partis pour la gloire, qui visait à explorer les partis méconnus de l’histoire du pays. Mais faut l’avouer, c’était surtout un prétexte pour raconter des fun facts de fou (comme l’histoire de l’espion communiste qui a été député du Plateau). Et en passant, n’oubliez pas d’aller voter… dans le futur! Les prochaines élections fédérales sont techniquement prévues pour le 16 octobre 2023.

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