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Partis pour la gloire : ces petits partis aux histoires rocambolesques
On est en pleine campagne électorale et on sait déjà une chose : ça risque d’être weird. Et ça, c’est assez facile à prévoir, parce que dans la dernière décennie, presque toutes les élections ont été… imprévisibles! Bien souvent, les underdogs sont devenus les nouveaux rois. Comme par exemple Justin Trudeau. Ou François Legault. Ou Valérie Plante. Ou Donald Trump. Tsé.
Donc avec Mad Max comme populiste de service pour les prochaines élections, un autre underdog pourrait émerger. Bon, il ne sera pas premier ministre (on croise les doigts), mais il pourrait créer un mouvement politique durable. Et c’est pour ça qu’il ne faut pas le sous-estimer. D’ailleurs, c’est arrivé à plusieurs reprises dans l’histoire que des personnages étranges réussissent à influencer la joute politique. On a donc décidé de passer en revue les partis les plus qui ont réussi à faire élire des députés à travers l’histoire, pour vérifier si un parti marginal comme le Parti populaire du Canada pourrait gagner des sièges. Et aussi parce que c’est drôle, des partis étranges.
On commence cette semaine avec Fred Rose, un électricien polonais qui est devenu le seul député communiste du pays. Pis oui, évidemment, il a été élu dans le Plateau. Son parcours a été assez rock’n’roll puisqu’à l’époque, le communisme était pas vraiment bien vu par les gouvernements. L’est-il plus aujourd’hui? Pas vraiment, mais n’empêche, il s’est fait arrêter à plusieurs reprises au cours de sa vie pour des raisons politiques.
En 1940, le Parti communiste s’est même fait interdire, à cause de la Loi sur les mesures de guerre. En 1943, des militants communistes vont refonder le parti en le renommant subtilement le Parti ouvrier progressiste. Et c’est dans la même année que Rose se fait élire dans une course à quatre très serrée, avec 30% des votes.
À l’élection suivante, le candidat communiste se fait même réélire, avec 40% des votes cette fois-ci. Mais son mandat ne durera qu’un an, parce qu’il se fera arrêter entre-temps. Tenez-vous bien, c’est comme un scénario de film : une histoire d’espionnage soviétique va mettre fin à sa carrière politique. Oui, pour vrai.
En 1943, un diplomate soviétique, Igor Gouzenko, découvre un réseau d’espions canadiens à la solde de l’URSS, servant à voler des secret militaires canadiens concernant la bombe atomique et les stratégies de l’armée canadienne. Fred Rose faisait partie de ce réseau. Gouzenko révélera donc l’affaire et fera emprisonner le député pendant six ans. Rose perdra ensuite sa citoyenneté canadienne. Aujourd’hui, certains considèrent l’Affaire Gouzenko comme un des éléments déclencheurs de la guerre froide. Juste ça.
Fred Rose passera aussi à l’histoire comme étant le premier député à proposer l’idée de l’assurance-maladie et l’interdiction des messages haineux. Quand même pas pire pour un électricien-espion.
Le Parti ouvrier progressiste ne fera plus jamais élire de députés par la suite et reprendra son nom de Parti communiste en 1959. En 2019, le parti est toujours actif, ce qui en fait techniquement le deuxième plus vieux parti toujours en activité après le Parti libéral du Canada. Mais si la tendance se maintient, le parti ne fera élire aucun candidat en 2019, pour la vingt-troisième élection de suite.
Dans le prochain texte de cette série, on parlera du Parti Rhinocéros et de la fois où ils ont eu peur de gagner des circonscriptions pour vrai. Ouais, pour de vrai.