Pamela Anderson et Liam Neeson m’ont brisé le coeur

Je ne m’en remettrai jamais. Comment ont-ils pu me faire ça à moi? Après tout ce qu’on a vécu ensemble? Le saviez-vous, vous?

Apparemment que Pamela Anderson et Liam Neeson ont inventé de toutes pièces leur liaison amoureuse yinque pour faire la promotion de leur christie de blockbuster estival et je le prends fucking personnel. That’s it. That’s the chronique.

Une chronique présentée sans ambages ni préambule alors que je vous offre généralement fioritures et pavés qui n’en finissent plus. Je ne m’excuserai pas de rompre avec les habitudes, pas plus que je ne me tairai. Aujourd’hui, j’ai le goût de rien, sachez-le. Je suis éteinte, atone. Finie, la Fantaisie, exit l’Insouciance, elles gisent désormais dans le même fossé que l’Amour.

Je me sens trahie. J’ai cru à un amour sincère, le seul, le vrai, l’unique. L’histoire de Pam et de Liam m’avait réconciliée avec la vie [après un printemps et un été de marde]. C’était mon oxygène, ma bouffée d’air frais, mon opium et celui de tout un peuple à en croire le désarroi que j’observe autour de moi depuis que le mythe a volé en éclats.

C’est TMZ qui s’est fait oiseau de malheur, comme à l’habitude. Le tabloïd a avancé, le 29 août dernier, que les différentes apparitions du tandem Anderson-Neeson durant l’été où ils semblaient complètement entichés l’un de l’autre avaient été orchestrées par leur équipe de relations publiques pour faire la promotion du plus récent volet de la franchise L’agent fait la farce, dans lequel les deux acteurs tiennent les rôles principaux.

Selon les sources de TMZ, les présumés tourtereaux ne se seraient pas revus entre la fin du tournage en juin 2024 et le début de la tournée de promotion du film un an plus tard, à l’été 2025. Pis encore, toujours selon ces sources, les deux acteurs n’auraient passé aucun moment en tête-à-tête durant la campagne marketing ; ils étaient accompagnés d’un imposant entourage durant toutes leurs sorties communes.

Cette nouvelle a eu l’effet d’une douche froide pour plusieurs d’entre nous. Comme un retour brutal à la réalité. La fin officielle des vacances. Finito le party. Ciao, bye le conte de fées. Le carrosse est redevenu citrouille.

Je crois parler au nom de beaucoup de personnes en affirmant qu’on voulait tous croire à Pam et Liam. Et cette trahison, c’est LA goutte qui fait déborder le vase. La planète brûle, tout s’écroule, everything, everywhere, all at once ; ON PEUT-TU JUSTE, BATINSSE???

Ce couple incarnait la somme de toutes nos espérances ; une bouée de sauvetage dans ce navire nommé société qui prend l’eau, un phare dans la nuit qui veille tranquillement sur nos démocraties, un oreiller douillet sur lequel nous pouvions capituler en rêvant à de meilleurs lendemains (et baver un peu because HOT).

Oh, j’ai bien vu passer les autres rumeurs, dans People magazine notamment, laissant entendre que les nouvelles rapportées par TMZ étaient non fondées. Mais sachez que :

1–TMZ est l’un des rares tabloïds considérés suffisamment fiables pour alimenter les médias traditionnels.

2–La réponse mollassonne qui circule — « Nenon, ils s’aiment full, full, full pour vré » — pue le damage control à plein nez.

Il n’y a qu’une seule façon de dissiper les doutes quant à la véracité de leur histoire, et c’est de s’afficher publiquement dans un contexte autre que celui de la promotion de leur film. À Hollywood, quand tu veux faire un statement, t’appelles toi-même les paparazzis pour qu’ils te « croquent sur le vif ». Parlez-en aux Kardashian. Mais ça, parions que Pam et Liam ne le feront pas.

D’où ma déception. Ce couple, c’était mon roc, mon étoile du Nord. Or, mes guides spirituels m’ont menti, coachés qu’ils étaient par leur entourage professionnel. L’agent fait la farce, indeed, et j’en suis le dindon. J’avance désormais dans la vie à tâtons, dépourvue de repères, avec le cynisme comme seule boussole.

Comme une conne, j’ai placé Pam et Liam sur un piédestal. À cause d’eux, j’ai renoué, durant un bref instant, avec cette croyance naïve, enfantine, voulant que l’amour triomphe de tout. Dans ma tête, Pam et Liam s’étaient trouvés. C’est comme s’ils se réhabilitaient l’un l’autre. Elle, la bimbo au talent injustement mis en veilleuse après avoir été humiliée sur la place publique pendant des années. Lui, le veuf taciturne au potentiel comique insoupçonné, contaminé par la joie de vivre de sa co-vedette. Les deux acteurs donnaient l’impression d’être complémentaires, rendant vraie la maxime des contraires qui s’attirent, incarnant parfaitement le yin et le yang chargés de rétablir l’équilibre naturel des choses.

Ensemble, ils étaient plus grands que nature, plus intéressants que Roméo et Juliette, plus authentiques que Taylor et Travis, plus solides que Véro et Louis.

Et pourtant. Ce n’était qu’un film. Une histoire fictive, provisoire, un scénario de comédie romantique tellement habile qu’on l’aurait cru signé par Nora Ephron, la reine du genre.

J’ai voulu savoir pourquoi j’étais aussi dépitée par toute cette histoire, alors j’ai appelé une personne avec un titre professionnel, question de savoir s’il y avait de quoi à creuser ou si j’étais vraiment juste bonne pour l’asile.

J’ai parlé à Francis Boilard, sociologue et professeur au Cégep Édouard-Montpetit. Le hasard faisant bien les choses, Francis utilise souvent le concept social du couple en début de session pour alimenter les réflexions critiques de ses élèves sur la société.

Le professeur arrive pas mal aux mêmes conclusions que moi (emoji de main manucurée) concernant l’intérêt collectif pour le couple Pam-Liam : ça semblait beau, ça semblait sincère. C’était comme une victoire.

« Par contre, sociologiquement, ce que les études sur le choix du conjoint révèlent, c’est plutôt que qui se ressemble s’assemble », me corrige-t-il. « Ils sont peut-être juste assez différents pour que ça puisse être inspirant » ajoute néanmoins Francis.

Le professeur a beau capter les mêmes choses que moi au sujet de cette liaison que j’imaginais idyllique, il tient tout de même à me ramener sur Terre.

« Tsé, on n’aime pas ça le voir comme ça, mais il y a toujours des rapports d’intérêt ou un échange de ressources dans tous les couples, que ce soit du capital culturel, du capital économique ou social… C’est ce qui est à l’œuvre dans toutes nos relations de couple, en plus de l’amour. On n’aime pas ça le voir comme ça parce que ça rompt avec notre idéal. L’amour, ça reste pour beaucoup de gens une planche de salut dans un monde froid et rationnel. »

Francis doit sentir que je ne suis pas fan du mot « rationnel » que j’assimile instinctivement à des tableaux Excel en bonne égérie des sciences molles, puisqu’il enchaîne son analyse sur une note qualitative.

« De voir deux stars qui vieillissent et qui incarnent toujours le glamour et le désir, il y a quelque chose de nouveau et de rafraîchissant là-dedans, même si on est encore dans les stéréotypes de la blonde pulpeuse et de l’acteur ténébreux », avance-t-il.

OUI. C’est exactement ça. Francis a mis le doigt drette sur le bobo. Dans ma petite tête de millénariale transie qui trouve la trentaine pas mal rough, c’est comme si, à cet âge-là, on ne se trompait plus. Comme si, après une vie de ruptures, de trahisons, de deuils, arrivait un âge où l’amour ne pouvait qu’être honnête, pur et pérenne. Sans tracas, sans artifices. Parce qu’on a de l’expérience, parce qu’on n’a plus rien à cacher, parce qu’on a mûri.

C’est de voir qu’à cet âge-là on peut encore jouer des games (en plus pour duper, à des fins mercantiles, un public innocent qui n’a rien demandé), qui me bouleverse. Je n’aurais pas été aussi choquée de voir des acteurs à peine sortis de l’adolescence prendre part à une mascarade du genre. C’est attendu d’eux.

Une fois de plus Hollywood et la société capitaliste sont là pour nous rappeler que même l’amour est un produit dérivé, un fucking spin-off manufacturé pour générer du clic et vendre du popcorn en même temps que le rêve.

Alors, j’accuse.

J’accuse Pamela et Liam de m’avoir redonné foi en l’impossible pour mieux me l’enlever.

Je n’ai rien fait pour mériter ça.

Ce n’est pas moi, c’est eux.

Et maintenant je me sens comme un bébé héroïne attendant d’être sevré.

Je suis inévitablement à la recherche de mon prochain fix, de la prochaine idylle portée par des gens à la beauté et au statut inatteignables pour le commun des mortels sur qui jeter mon dévolu en attendant la prochaine déception.

Sarah-Jeanne et Marc-André?

Bianca et Sébastien?

Kim et Éric?

Trop établis, trop safe.

Je veux pouvoir jouer avec le feu un peu, mais sans trop me brûler.

Môman et Pôpa?

Lysandre et Claude?

Katy Perry et Justin Trudeau?

La CAQ et les fiascos?

On tient peut-être quelque chose.

En attendant, prière de ne pas déranger, je suis en peine d’amour.