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Récit de ma dernière année et demie de marde.
Pour être franche, je le sais pas trop pourquoi je partage ce texte. Peut-être parce qu’après toute cette douleur, j’avais besoin de me prouver que j’étais maintenant capable d’en rire. Ou peut-être qu’inconsciemment, ce texte est comme le dernier chapitre d’un livre que j’appellerais : “Remonter la pente, ça prend plus que des bons mollets”
OCTOBRE 2014 : “Ouin Marie, j’pense vraiment que c’est fini.”
Ça pis une bouchée de wasabi mélangé avec du caca pis de l’acide, même combat. Ça me brûlait en dedans, je pensais que j’allais vomir. J’aurais préféré tomber d’un 10e étage pis m’égrainer tous les os du corps que de me faire râper le cœur sans avertissement. Sérieux, ça paraissait pas de l’extérieur, mais en dedans, ça pissait le sang.
Peine d’amour, bonjour! Moi c’est Marie-Lyne. J’ai une couple de chums de filles qui t’ont côtoyée et qui m’ont parlé de toi… pis, m’as te le dire tu suite, j’t’haïs!
MOI, quand j’ai de la peine je mange pas. Ça me roule dans gueule, une affaire terrible. Pis MOI, quand j’ai de la peine, j’ai soif d’alcool. Ça rentre comme de l’eau, une affaire terrible. Pas besoin de vous dire que le mélange des deux m’a donné un drôle de teint.
Un temps des fêtes 2014 sous le thème : Jeûne et crème de menthe verte. J’étais splendide à voir aller.
JANVIER 2015 : (OUI, 3 mois de malnutrition et de gros vin rouge.)
Ma première épicerie depuis le départ de ma tendre moitié. À ce moment-là, j’avais faim, mais juste de lui. Pas autant nutritif qu’une darne de saumon vous me direz, mais bon, on avance comme on peut!
J’arrive devant les œufs. “HA! Plus besoin de 12 hein? Une demi-douzaine d’abord.” Même affaire avec le lait : “Fuck le 3 poches, je suis pas une vache, je vais me prendre un faible 1 litre de célibataire.” Un pain baguette? Trop gros pour moi tu seule, j’vais juste, pas en prendre. Correct, moi qui suis rendue à 110 livres mouillée, je m’engraisserai autrement. Coudonc.”
Tsé c’est sûr que le monde le voyait autour que j’étais célibataire. Non seulement parce que j’avais, dans mon panier, mon fucking litre de célibataire, mais aussi parce que je pleurais devant la sorte de pizza congelée préférée de mon ex. Quelque chose de charmant là! Brailler devant une pepperoni-smoked meat congelée, ça doit être dans le top 2 des situations les plus tristes à vivre. Juste après avoir un pet-flux dans une robe soleil… pas de bobettes.
Je donne l’exemple de l’épicerie, mais c’était tough dans toute. TOUTE me faisait penser à lui, pis quand je pensais à lui, j’avais le goût de boire pour oublier, pis quand je buvais pour oublier, ben… J’OUBLIAIS PAS! Y’appelle ça un “cercle vicieux”, mais vu que j’voyais flou, moi c’était DEUX cercles vicieux. Tsé.
MARS 2015
L’épicerie devenait de moins en moins rough. J’étais capable de prendre un paquet de DEUX poitrines de poulet sans que ça me pince en dedans. IMAGINE! De grands pas. Un petit pas pour l’homme, mais une christie d’enjambée pour la Joncas.
Un moment donné, tu regardes ta montre, il est 11h30 du matin pis tu fais : “Crime, c’est la première fois que j’y pense depuis 11h00, ça avance. Une fois au trente minutes, après 8 mois, je suis une machine de guerre.”
Disons que je faisais pas mon deuil en courant. J’tais encore mal déprimée, seule… la vie était pas plus hot, le soleil était pas revenu, j’avais peur que ma peine d’amour soit aussi longue que la bataille de Claude Robinson. Pis contrairement à Claude, à la fin de cette bataille-là, moi j’hériterai pas de 10 millions de dollars…
J’vais juste arrêter de vouloir mourir en passant devant les parfums pour hommes au Jean Coutu.
OCTOBRE 2015 (ben oui, 1 an plus tard)
“Chaque année que tu as passée avec lui, c’est 3 mois de deuil environ. Toi c’était 4 ans, alors 12 mois.”
Ah ouin? #not. Louise Deschâtelets a pas raison sur toute, man.
Je sentais que j’avais fait du millage, mais suffisait d’un SPM, d’une courte nuit ou d’un regard amoureux dans une scène cheap de Yamaska pour me recrisser down.
Écoute, j’étais rendue que je pensais pu à lui aux demi-heures, mais… 1 fois par jour? Ou deux, max max, j’te jure! (ok 7-8, j’ai menti). Disons que je ressentais encore une petite douleur (ok grosse des fois, mais pas souvent).
Finalement j’étais pas au top. Mais je le voyais, le top. J’étais juste en dessous, encore incapable de m’y accrocher, mais y’était là.
JANVIER 2016
Le temps des fêtes est passé, j’ai bien mangé et je l’ai pas échappé dans la crème de menthe. Bonne nouvelle.
Je décide de me payer des billets pour le Costa Rica avec mes chums de femmes et mon meilleur ami, un super trip pour commencer l’année. Là-bas, y fait beau, la bouffe est bonne, on rit sans arrêt, je trouve toutes les gars cutes pis TABARNAK… on dirait que je suis heureuse. Attends, non, ça doit être une illusion, c’est la cerveza qui me monte à la tête? Comment on dit “hallucinations” en espagnol?
Non! Je pense que c’est ça, être guérie. C’est à ce moment-là que, un peu pompette sur le bord du Pacifique au coucher de soleil, je regarde mes amis pis je leur dis : “C’est fini la gang… je vous le jure, je suis allée au boutte de ma peine d’amour! ”
Ils ont tous levé leur verre et ma chum Ève a mis la toune de Jimmy Cliff I can see clearly now, the rain is gone. J’ai pleuré.
AVRIL 2016
Fait que la je suis top, pis j’embrasse la vie en la beurrant de rouge à lèvres.
Je pensais jamais que j’allais m’en sortir, que le bonheur ne reviendrait jamais, mais en fait il est revenu tranquillement, sans trop que je m’en rende compte pis un jour je l’ai vu, je l’ai touché pis je peux l’embrasser quand bon me semble.
Fuck off, c’est lui le nouvel homme de ma vie. Le bonheur, lui, y me chiera jamais dans mitte.
Merci la vie, je m’en suis sortie. On ne crève pas d’une peine d’amour…
P.S J’ai écrit ce texte un peu pour mes amis qui ont SUBI mon mal de vivre. Ils me trouvaient tellement lourde, je pense qu’ils se sont déjà consultés pour m’acheter un billet d’avion direction l’Asie du Sud-est et me permettre de cracher ma peine entre le Vietnam pis le Cambodge.
Merci mes amis (vous vous reconnaissez). Sans vous, je l’aurais échappée pis je serais surement en train de danser nue au Vermont. (En même temps, j’dis ça, mais j’ai crissement pas le bassin mobile.)
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Pour lire un autre texte de Marie-Lyne Joncas : “Instagram, des fois je t’haïs!”