.jpg)
On a pris des nouvelles de Gabrielle Boudreau, la grande gagnante de Révolution
Le talent de Gabrielle Boudreau fait déjà couler beaucoup d’encre. Dimanche dernier, la danseuse contemporaine de 22 ans était couronnée grande gagnante de Révolution, empochant un prix de 100 000 $.
La jeune femme, qui a su émouvoir et impressionner à la fois les juges et le public, est la première soliste féminine de l’histoire de l’émission à se rendre en finale et à remporter les grands honneurs.
.jpg)
Nous lui avons passé un coup de fil, alors qu’elle était en route vers une audition.
Tu as gagné Révolution, dimanche. Dans quel état d’esprit es-tu, trois jours après ta victoire?
Je ressens beaucoup de joie. Je reçois tellement de messages, je suis inondée d’amour. C’est un tourbillon et j’avoue que j’ai encore de la difficulté à y croire. Je vis beaucoup d’émotions et je n’ai pas encore les mots pour les décrire.
Ça représente quoi, pour toi, d’être la première femme soliste à remporter Révolution?
Ça représente beaucoup! Quand on est une femme soliste dans la compétition, on doit avoir beaucoup de détermination et de persévérance pour tracer son chemin. On doit foncer et, parfois, il faut faire abstraction des autres.
Moi, je voulais réussir à maintenir le focus sur mes objectifs, mais sans « tasser » les autres, justement.
Je pense notamment à ma meilleure amie, Isabelle [Sue], également candidate dans la compétition. […] Les femmes sont souvent comparées entre elles, ce n’est pas toujours évident.
Qu’as-tu appris sur toi-même au fil de la compétition?
J’ai appris que je pouvais faire preuve de beaucoup de résilience. Je savais que j’étais très travaillante, mais pas autant (rires).
Pour nous, les candidats et les candidates qui se rendent en finale, Révolution dure au total 8 mois. C’est donc un sprint et un marathon, les deux en même temps! Tu coures ta vie pour créer chaque numéro et dès que c’est fini, hop, prochain numéro!
Tu ne peux jamais économiser ton énergie, parce que tu veux tout donner à chaque performance.
Donc, oui, je dirais que j’ai été surprise par ma propre résilience. Surtout que je sortais tout juste de mon programme, à l’École de danse contemporaine de Montréal. Tu sais, j’ai gradué en même temps que j’ai passé les auditions pour Révolution. Les choses n’ont jamais arrêté pour moi. J’ai donc dû faire beaucoup de travail mental pour gérer tout ça. Et j’en suis fière!
Aussi, il faut dire que je ne pensais pas me rendre en finale. Au départ, j’étais convaincue que je ne ferais qu’un ou deux numéros.
J’ai aussi appris que je pouvais faire preuve de beaucoup de créativité, surtout sur le plan de la mise en scène. Je savais que j’aimais la scène et le côté artistique qui vient avec, mais avec les ressources offertes par Révolution, j’ai pu explorer encore plus, tant sur le plan créatif qu’esthétique.
Pendant la compétition, tu a dansé sur la chanson Juste une femme d’Anne Sylvestre, entourée de vestons d’homme. Dans ce numéro, tu abordais le thème des violences à caractère sexuel. Personnellement, j’ai été très touchée par cette performance. Pourquoi as-tu voulu aborder ce sujet? La danse et l’art sont-ils de bons vecteurs pour passer des messages sociaux?
Quand j’ai décidé de faire de la danse, je me posais beaucoup de questions sur ce que je trouvais essentiel. Je me questionnais sur l’importance de la danse et de l’art dans la communauté. J’ai toujours voulu faire une différence dans la vie des gens. Plus jeune, je voulais être médecin parce que j’aime aider les gens.
Donc, quand on nous a demandé de créer un numéro à partir d’un sujet personnel, j’ai voulu utiliser la large plateforme de Révolution pour parler des violences sexuelles, un enjeu qui me tient à cœur.
C’est un sujet délicat et tabou, mais je faisais confiance à l’équipe [de Révolution] pour m’aider à bien porter ce message.
Depuis la diffusion, je reçois beaucoup de témoignages de personnes qui me disent qu’elles se sont senties vues et que ça leur a fait du bien et qui m’en remercient. Ça me touche énormément, surtout que je me suis inspirée de ma propre expérience pour créer ce numéro.
.jpg)
C’est un message plus grand que moi et la danse est mon vecteur de conversation.
Révolution est un rendez-vous télévisuel comme il s’en fait de moins en moins. Selon toi, comment la danse parvient-elle à fédérer autant de gens devant leur télé?
Pour moi, la danse est un art subjectif. Parfois, on comprend tout. D’autres fois, on ne comprend rien. Mais, la majorité du temps, on ressent quelque chose. Beaucoup de gens pleurent devant des numéros de danse même si souvent, ils ne comprennent pas trop pourquoi.
Je pense que la danse a quelque chose de très humain. C’est un langage sans paroles, sans mots mais qui génère beaucoup d’émotions. C’est très puissant.
Et au-delà de ça, ce qu’on fait, à Révolution, c’est impressionnant. Pour une rare fois, les danseurs et les danseuses sont vus comme des célébrités. Habituellement, on est dans le fond, derrière quelqu’un de plus connu. On n’est pas connus pour nous-mêmes, on est « le danseur de… ». Dans le cas de Révolution, on a la lumière!
Dans l’émission, la solidarité entre danseurs et danseuses est tellement belle et intense. Est-ce que la danse peut sauver le monde?
J’adore la question! (Rires). De manière générale, les danseurs sont des personnes super sensibles, très en contact avec leur environnement. La danse est une discipline de partage, d’écoute et d’entraide. Il faut être ouvert pour comprendre l’autre.
Je ne sais pas si la danse peut sauver le monde, mais c’est certain que les valeurs qu’on met de l’avant sont une bonne piste pour le reste de la société.
À plus petite échelle, si une personne va mal, le fait de voir des personnes libres, qui se laissent aller, qui transmettent des émotions avec leur corps, ça peut assurément faire beaucoup de bien.
Révolution part en tournée dès février 2024. Comment entrevois-tu ce qui s’en vient?
J’ai hâte, je suis vraiment excitée! Ça va être super le fun de rencontrer des gens de partout, au Québec. Je suis heureuse de partager la scène avec l’équipe et de travailler avec Lydia Bouchard [de retour à la mise en scène pour cette 4e édition de Révolution en tournée]. Je suis vraiment honorée de faire partie de cette tournée!
.jpg)
Question d’entrevue classique: tu te vois où, dans 10 ans?
Ouf! Je suis tellement quelqu’un qui vit au jour le jour.
Dans dix ans, j’aimerais bien partir mes propres projets de danse. Mais je ne suis pas sûre si ce sera en tant que chorégraphe, metteure en scène ou entrepreneure…
Dans tous les cas, je me vois opérer une transition de danseuse interprète vers une posture un peu plus « entrepreneuriale ».
Pour conclure, si tu pouvais t’adresser à la Gabrielle qui commence la compétition, tu lui dirais quoi?
Je lui dirais clairement: « Fais-toi confiance ». Au début, j’avais tellement l’impression de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir le calibre nécessaire pour entamer cette aventure.
Au final, j’ai réalisé que oui, j’avais ce qu’il fallait, mais que si c’était à refaire, je douterais moins. Par contre, je mettrais autant d’efforts que j’en ai mis.
Mais je me dirais de croire en moi et, surtout, de respirer!