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Nouveauté ciné : Onward sera-t-il un petit ou un grand Pixar? Julien Bernatchez se prononce
Après quelques humiliants faux pas, me voilà enfin de retour en force! En effet, ma prédiction de 26 millions pour The Invisible Man s’est avérée juste, puisqu’il a démarré sa carrière avec 28,2 millions! Un résultat pas mal plus glorieux que La Momie de Tom Cruise (et non de Xavier Dolan) qui en fera autant… avec un budget 20 fois plus élevé. Un excellent score pour ce film d’horreur féministe à budget modeste, qui justifie une fois de plus le modèle d’affaires économe de Blumhouse Productions. Maintenant, allons de l’avant avec la nouveauté En avant (Onward en VO), sympathique fable fantaisiste des créateurs les plus constants des 25 dernières années : Pixar.
Le studio californien a distribué à ce jour l’intégralité de ses 21 films à travers le géant Disney, marquant l’Histoire avec Toy Story, premier long-métrage d’animation par ordinateur. Avec une régularité déconcertante, Pixar pond sans répit des succès à la fois critiques et au box-office. Dans les dernières années, ils ont livré une suite de suites de leurs plus grands classiques, soit Incredibles 2 (1,9 milliard pour 2 films au budget totalisant 300 millions), Finding Dory (2 milliards pour 2 films avec un budget de 300 millions là aussi), et Toy Story 4 (3 milliards en 4 films, à partir d’un budget de 500 millions). Un montant phénoménal qui ne tient même pas compte des produits dérivés (on se rappellera que Toy Story est littéralement une publicité de jouets qui s’étend sur plusieurs heures).
La recette pour faire des recettes
Mais après ces sorties sans grand risque, il est temps de fournir la banque à idées et de revenir avec des produits originaux, qui, peut-être, pourront eux-mêmes devenir de futures franchises. Car il faut un équilibre entre les classiques et ceux qui le deviendront, pour assurer la pérennité de la marque, ponctuée de suites qui deviendront à leur tour remakes. C’est le cycle de la vie. Mais justement, est-ce que Pixar devient une « marque »?
Après tout, on ne parle pas d’un univers étendu à la Marvel (toujours distribués par Disney, avec sensiblement le même nombre de films), mais plutôt d’œuvres autonomes ne se répondant pas les unes, les autres, en dehors des suites directes. Pourtant, la formule commence à se faire sentir, et même si elle est toujours efficace à ce jour, il est difficile de ne pas s’en lasser un brin ou commencer à la trouver prévisible.
La formule commence à se faire sentir, et même si elle est toujours efficace à ce jour, il est difficile de ne pas s’en lasser un brin ou commencer à la trouver prévisible.
Les Pixar sont des films d’une qualité technique toujours au-dessus de la moyenne, à l’esthétique similaire, parsemés d’un mélange d’humour familial et de thèmes plus adultes. Ennemis complexes, personnages et amitiés qui évoluent, métaphores efficaces, développements socioémotionnels qui font écho autant chez les adultes que chez les enfants. Inside Out pour comprendre les émotions, Coco la mort et Cars 3 pour apprendre à changer un pneu (bon ok j’ai jamais écouté Cars 3). Un mélange de bons sentiments, qui va nous tirer une petite larme au passage. Dans En avant, les personnages vont de l’avant dans leur quête pour ramener leur père décédé, mais le titre ne veut pas plutôt nous dire d’aller de l’avant avec la vie et ses épreuves?
Les gros et les petits Pixar
Dans ses meilleurs moments, les Pixar sont des incontournables qui marquent les esprits et qui supportent à merveille une suite savamment calculée 13 ans plus tard, que les parents vont voir avec leurs enfants, question d’imposer leur nostalgie. Appelons ça les « gros » Pixar. Mais y a aussi les «petits» Pixar. Oui, la critique positive est toujours au rendez-vous, mais l’engouement est beaucoup moins fulgurant. Pour un Toy Story ou un Monsters, Inc. y a un Brave ou un Good Dinosaur (seul véritable flop de Pixar d’ailleurs, avec un box-office mondial de 332 millions sur un budget de 175). À mon avis, Onward se rapproche pas mal plus de la seconde catégorie.
Je prédis une première fin de semaine de 48 millions et un box-office total de 180, soit le moins bon résultat depuis l’infâme Cars 3.
La promotion est modérée, la date de sortie en dehors de la période blockbusters de l’été est plus anonyme, et le concept est moins clair que des autos, des jouets ou des bébittes qui parlent. Notons tout de même la présence de vedettes établies, une critique enthousiaste et une histoire universelle sur le deuil familial, équilibrée entre humour et émotion, comme d’habitude. Je prédis une première fin de semaine de 48 millions et un box-office total de 180, soit le moins bon résultat depuis l’infâme Cars 3. Et contrairement à ce dernier et à son empire de 10 milliards de dollars en produits dérivés annuellement, Onward ne pourra se rattraper avec les ventes de cossins en plastique, de bobettes et de trio McDo.
La semaine prochaine, on s’intéressera à The Hunt. Le fait qu’il soit l’incarnation même du film à controverse sera-t-il un atout payant pour lui?
Une chose est sûre, le box-office est fascinant!