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Ne rien faire, ce n’est pas rien

Les aventures de l'homme moyen #45

Par
David Malo
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Lorsque nous faisons partie de la classe moyenne, l’une de nos obligations est de travailler. Par définition, travailler c’est quelque chose que l’on fait en échange d’argent. L’horaire de notre semaine est la plupart du temps centré autour de cette obligation. Le travail d’abord, les loisirs ensuite et ce, même si nos moments de loisir sont de loin nos préférés. Si l’argent n’était plus un facteur dans nos vies, nous ferions sans doute autre chose que travailler. Avoir toujours congé et toujours de l’argent, ce serait mieux. Que l’on se dit!

(Aviez-vous lu le 44e épisode?: Tout est de ma faute)

Certes, beaucoup d’entre vous disent aimer leur travail, moi le premier. Par contre, je dois vous avouer secrètement que, s’ils ne me payaient pas pour le faire, je préfèrerais faire autre chose de mon temps. Quelque chose que je paye pour faire ou même… rien.

J’ai toujours apprécié n’avoir rien à faire. Non pas parce que je suis paresseux, mais parce que, parfois, j’ai l’impression de faire des choses pour rien.

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Conséquemment, j’ai toujours organisé ma vie en fonction de cet idéal : avoir du temps et de l’argent. Dans les plus récentes années, je crois avoir mieux réussi à avoir du temps que de l’argent, mais je pense avoir eu assez de congés et d’économies pour comprendre ce qui se passe quand l’argent n’est plus un facteur.

Si l’argent disparaissait de l’équation, au début, nous n’aurions pas de misère à combler notre temps libre. On voyagerait, on achèterait des voitures électriques et des maisons avec des panneaux solaires sur le toit. Ensuite, on engagerait un entraineur privé, un nutritionniste et un chef personnel pour cuisiner nos repas. Une fois que notre santé et notre confort seraient optimisés, on déjeunerait avec des amis sur l’heure du diner et le soir, on souperait avec les autres qui n’ont pas pu venir au déjeuner. Quand les gens seraient au travail, nous irions au cinéma, dans les boutiques, les cafés et dans les bars le soir. En couple, on passerait des journées entières au lit et célibataire, il ne nous resterait comme unique souci que de trouver l’amour.

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Il y aurait ce rythme de vie là pendant un certain temps, des mois voire même des années de gratifications instantanées et de loisirs. Tout ça, sans vraiment penser qu’un jour, on puisse se tanner. Mais, malgré cet apparent bonheur, ce dernier a tout de même une date d’expiration. Tôt ou tard, une fois que l’on a tout fait ce qui nous tente, apparaîtrait à nouveau cet appel du grand et ce désir difficile à sublimer d’aller vers l’effort qu’exige la réalisation de notre plein potentiel. Ça, ni le temps, ni l’argent ne peuvent faire ce travail à notre place.

Ce qui est intéressant par contre, c’est que ce potentiel n’a plus rien à voir avec ce que la société attend de nous, car nous sommes désormais riches de temps et d’argent. Quelqu’un qui ne fait rien, mais qui a de l’argent est perçu bien différemment de quelqu’un qui ne fait rien, mais qui est pauvre.

Ce potentiel devient donc bien personnel et n’a de compte à rendre qu’à nous même. Une fois qu’on a tout fait pour nous demeure ce désir de contribuer non seulement à notre bonheur personnel, mais aussi au bonheur collectif.

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Quel est le réel but de la vie? C’est ce qu’on se demande quand on a beaucoup plus de temps libre que de loisirs pour le combler.

J’ai déjà émis l’hypothèse, dans un de mes textes précédents, que le but de la vie est de donner, d’aider les autres à avoir une vie meilleure. J’ajouterais maintenant une définition du but de la vie dans un sens beaucoup plus large, plus universel. À l’échelle de la vie en général, le but de la vie, c’est la vie en soi. C’est valide pour toutes les espèces, même pour l’homme. Donner la vie et l’aider est donc le but ultime de l’existence. La vie veut continuer, veut évoluer, grandir et surtout, ne pas se terminer avec nous.

Certes, vous pensez sans doute qu’avoir des enfants n’est pas votre but à vous, que cela demande un trop grand sacrifice de soi. Ce n’est peut-être pas pour tout le monde, j’en conviens. Ce que je dis simplement aujourd’hui, c’est qu’à un moment donné, on se lasse inévitablement de penser seulement qu’à soi, à notre carrière, à notre retraite, à nos loisirs, à notre relation de couple et à notre matériel.

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Je pense qu’inévitablement, nous sommes appelés à faire quelque chose de plus grand que nous, quelque chose de plus difficile que rien.

Cela, c’est en ne faisant rien assez longtemps que l’on se rend compte qu’il faut faire quelque chose.

Au final, ne rien faire, ce n’est pas tout à fait pour rien.