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Tout est de ma faute

Les aventures de l'homme moyen #44

Par
David Malo
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Parmi les choses qui m’ont fait réfléchir cette semaine, il y a eu certains commentaires sur mon dernier texte et aussi cette phrase que Will Smith a dite lors d’une entrevue : “Si dans ta vie, tu ne contribues pas à rendre la vie d’une autre personne meilleure, tu perds ton temps.”

(Aviez-vous lu le 43e épisode?: Je ne suis pas capable)

Dans une société individualisée comme la nôtre, je crois qu’il est légitime de se poser la question. Qu’est ce que je fais dans la vie qui rend meilleure la vie des autres? Suis-je utile?

Au quotidien, je fais de l’argent uniquement pour subvenir à mes besoins et dans mes loisirs, je fais des choses qui contribuent à mon plaisir personnel. En analysant le contenu de mes semaines, je me rends compte que la place allouée à la générosité et à l’amélioration de la vie des autres n’est pas très grande, voire inexistante.

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Est-ce que ce que le bien que l’on fait dans l’exercice de nos fonctions au travail compte ou bien le simple fait que l’on en retire de l’argent rend le geste dépourvu de tout altruisme? Certains emplois semblent avoir un impact plus grand dans la vie d’autrui que d’autres. Je pense, entre autres, aux gens qui travaillent dans le domaine de la santé, mais encore là, ils sont payés pour le faire. Dans le domaine où je travaille, celui des bars, en reconnaissant le prénom des clients, en faisant un peu d’humour circonstanciel et en étant toujours ouvert très tard, est-ce que je contribue d’une certaine façon à ce que certaines personnes se sentent moins seules? Est-ce rendre la vie des autres meilleure?

Sinon, en écrivant cette chronique chaque semaine, en partageant des observations sur notre vie d’humain et en radotant de la philosophie populaire, est-ce que je contribue à quelque chose de positif à la société?

Si je me fie a certains commentaires, parfois j’ai l’impression que oui, mais dans d’autres circonstances, comme dans le texte de la semaine passée, je crois que j’ai offensé certaines personnes. Là n’était pas l’intention.

Mon intention première, quand je vous écris, est de nous comprendre. J’essaie de partager mes réflexions en tant qu’humain qui vit dans la classe moyenne d’un pays industrialisé. Notre relation avec l’argent, notre désir d’accomplissement, les peurs qui nous paralysent, mais aussi l’espoir et le potentiel infini que nous possédons tous.

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La semaine dernière, on me reprochait de penser que d’avoir des problèmes de poids était un choix relié à un certain mode de vie. Malnutrition et sédentarité. On a remis en question l’exemple que j’ai donné relatant l’histoire de gens qui ont vécu une transformation extrême. Apparemment, ce n’était que du sensationnalisme ne pouvant être reproduit par tout le monde, et ce, même si les sujets de l’émission étaient probablement dans une pire situation que la majorité de ceux qui, parmi nous, ont des problèmes d’obésité.

Pourtant, je pense encore et toujours que plus nous prenons la responsabilité de notre condition, plus il est facile de prendre le contrôle de notre bonheur et de chasser les conditionnements négatifs de notre quotidien.

Selon moi, l’un des problèmes de notre société est qu’elle nous permet plein d’excuses. Il y a toujours quelqu’un d’autre pour prendre la faute. Nous sommes en surmenage à cause de la charge de travail que nous donne notre patron et de nos collègues de travail toxiques. Nous sommes en dépression à cause d’un débalancement chimique de notre cerveau. Nous sommes pauvres à cause des taxes, des impôts et des profiteurs qui s’en mettent plein les poches à même les fonds publics. Nous sommes célibataires, car les gens du sexe opposé sont compliqués. Nous sommes complexés par la faute de nos parents. Plus rien ne nous appartient et ça, notre société nous le permet allègrement.

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L’intention première dans les textes que j’écris dans cette tribune et particulièrement dans celui de la semaine dernière, est de partager avec vous quelque chose qui fonctionne, du moins pour moi, et qui m’aide à rester positif, stable dans mon niveau de bonheur et plein d’espoir face au futur.

Ce truc n’est nul autre que de prendre la responsabilité de notre condition. Quand tout est de notre faute, nous avons automatiquement l’impression que l’on peut tout changer si on le veut bien, si on le veut assez. On se sent capable, a distance de volonté de tout ce que l’on peut rêver. Quand tout dépend des autres, nous nous sentirons inévitablement beaucoup plus impuissants face à notre propre bonheur. Si pour que l’on soit bien, il faut que les autres fassent quelque chose pour nous ou encore, arrêtent de nous faire quelque chose, nous risquons d’attendre longtemps avant d’être bien.

En conclusion, pour répondre à la question initialement posée: Suis-je utile?

Je crois que je pourrais l’être beaucoup plus.

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Faute de ne pas être plus concret dans mes gestes, j’espère que ce texte apportera néanmoins une légère contribution. Si ce n’est pas le cas, c’était au moins l’intention.

Il parait que ça compte, l’intention. Et en plus, je ne suis pas payé pour le faire.

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