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Moustache, bourrelets et idéaux

Par
Pascal Henrard
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Deux fois en deux jours, on a parlé ici de l’apparence de nos politiciens. L’obésité de Barrette, la vedette caquiste, et la moustache de la candidate de Québec Solidaire dont je ne me souviens déjà plus du nom. Come on!

Parler de la moustache de l’une c’est comme parler de la coiffure de l’autre. Est-ce que les gens manquent tant de substance qu’on doive s’arrêter à leur apparence? Et, surtout, en faire un débat de société?

Tenez, Jean Charest, il est beau. En tout cas, moi, je le trouve beau, surtout quand il est fâché. Pourtant, je ne peux pas le voir en peinture… à cause de ses idées croches, de ses actions de travers, de ses fausses promesses, de sa fermeture d’esprit, de sa vision consumériste de la société, de son Plan Nord, de ses mensonges patents, et j’en passe, des pires et des pas mûres.

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Léo Bureau-Blouin, il est mignon, non? J’en connais pourtant qui ne parlent que de ça. Hé bien on s’en fout qu’il soit beau! Depuis qu’il a enfilé la veste du politicien, on dirait qu’il a rangé ses idéaux au placard pour aller serrer des mains dans des centres d’accueil. J’exagère un peu. Il a quand même promis de donner 25 % de son salaire de député à des organismes de son comté (une promesse sympathique qui, entre nous, aurait plus d’incidence si elle avait été lancée par Pauline Marois). C’est quand même mieux que d’accepter un salaire caché de 75000$ cash comme le sus nommé Charest à ses débuts de jeune premier. Mais on se demande où est passé le virulent LBB qui savait tenir tête aux entêtés du gouvernement. Il est beau, mais il est devenu mou.

André Boisclair, il était pas mal de sa personne. Mario Dumont, finalement quand il ne parle pas, il n’est pas laid. Même Éric Duhaime pourrait avoir l’air d’un gars propre et bien mis… Mais malgré les apparences, ce sont les idées qui les ont coulés.

Si je n’ai pas envie de confier ma santé à Gaétan Barrette, ce n’est pas parce qu’il est gros, c’est parce que je ne lui fais pas confiance, encore moins à lui qu’à son chef. Et si je n’ai pas le goût de donner mes économies à la dame de QS, ce n’est pas parce qu’elle arbore fièrement la moustache, c’est parce que je pense que les utopies c’est bien, mais en attendant, on a une vie à vivre. Et c’est de ça qu’il faut parler.

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Quand est-ce que les apparences ont pris la place des projets dans notre société? C’est la faute à qui ? À quoi?

Autrefois, on s’en contrecrissait de l’enveloppe, ce qu’on voulait, c’était le contenu. René Lévesque? Un grand petit homme. Le Général De Gaulle? Un grand grand homme. Churchill? Un gros grand homme. Je vois des féministes qui s’énervent,… Elles ont raison, il n’y a pas que des hommes politiques qui ont marqué l’histoire mais pas à cause de leur apparence. Lise Payette, Golda Meir, Margaret Tatcher? Pas des pétards, mais des femmes qui ont, dans leur genre, laissé des traces.

Dans l’été que Jean Charest nous a volé pour déclencher des élections qui lui conviennent, on a, il me semble, d’autres sujets plus importants à débattre que la moustache de Manon Massé, ça y est, son nom me revient, ou le tour de taille de Gaétan Barrette. Pourtant, ce sont ces sujets qui suscitent le plus de passions. Je m’en étonne à peine. Je m’en désole beaucoup.

Les idéaux, comme les promesses en argent comptant, volent bas ces jours-ci.

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D’où l’importance, d’aller voter, bien sûr, mais aussi de s’informer.

Avez-vous lu les programmes des partis? Avez vous joué à la boussole électorale de Radio-Canada? Ces deux exercices simples et, finalement, plus rapides que le visionnement des éliminatoires de badminton, devraient vous permettre de déceler des partis et des candidats qui s’accordent avec vos convictions et vos aspirations. Et pas seulement parce qu’ils sont ou ne sont pas passés sous le bistouri de docteur Photoshop.

Ce matin, ou plutôt cette nuit, Gabriel Nadeau-Dubois, un autre beau bonhomme avec des belles valeurs, m’a pris de court en démissionnant pendant que je dormais. Son geste en dit long sur sa maturité et la force de ses idéaux. Il est trop tôt pour dire ce que ça va changer. Mais Jean Charest, le maître pour diaboliser les gens au lieu de parler de leurs idées, n’aura plus d’épouvantail pour faire peur au peuple.

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Notez avec indulgence que c’est moi qui ai pris la photo… pour une amie qui trouvait GND tellement beau… On en sort pas.

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