Les meilleurs et les pires logos de 2024

Photo d’en-tête: Mireille Gravel

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Au moment de boucler le premier quart du 21^e siècle, difficile de ne pas s’interroger sur la direction que prend notre civilisation. En matière d’absurdité et de paradoxes, 2024 ne nous a pas déçus.

Comme toujours, le palmarès des logos de l’année reflète ce sentiment d’incohérence et de surprise, et plusieurs de nos lauréats ont fait l’actualité. Pour évaluer cette année un peu folle, si on jouait au jeu du « plus ou moins »?

Le logo de la Victoire de Montréal est un de mes coups de cœur de l’année. Habituellement, les logos des équipes de sport me laissent de glace, mais l’image de marque de notre équipe féminine de hockey a l’audace de se tourner vers un patrimoine art déco plutôt que vers la sempiternelle volonté d’aller vite ou de frapper fort.

Mon enthousiasme s’est toutefois refroidi quand j’ai appris que ce logo était l’œuvre de l’agence new-yorkaise Flower Shop, comme tous ceux de la LPHF. La fierté nationale venait d’encaisser une défaite.

C’est au cœur de Brooklyn que se niche ce petit bar nommé The Little Pig, dont le logo gentiment cartoonesque est garanti de provoquer des « hooon » attendris.

Cette identité visuelle signée par le studio Rescue Vessel n’est pas la plus originale ni la plus sophistiquée, mais c’est l’outil parfait pour rendre ce lieu attachant et mémorable. Mon genre de soirée cochonne.

Vibrant mélange de simplicité des contours et de sophistication des lumières, le nouveau logo de One80 est de ceux dont la contemplation devrait être recommandée aux personnes en sevrage de substances illicites.

Si j’ai bien compris, One80 est une salle de concert et de spectacle à vocation évangélique située dans une petite ville hollandaise. Il y a donc peu de chances que vous tombiez dessus par hasard. N’empêche que ce logo, conçu par le designer Bram Naus, possède une vibe techno très convaincante!

Malgré mon allergie aux listes à puces qui finissent par « et plus encore! », je tiens à saluer le logo de ANDMORE, un spécialiste américain de ce qu’on appelle ici les « salles de montre ».

J’ai avoué une aversion; je confesse une attirance de longue date pour la typographie Futura Black à interlettrage négatif (c’est-à-dire quand les lettres se touchent). Ici, l’astuce tient dans le O qui se transforme en parenthèses dans lesquelles prennent place des articles de toutes sortes, renforçant symboliquement le nom de l’entreprise. Une création de l’agence Collins simple, mais franchement efficace!

La lisibilité, c’est pour les perdants, si on se fie au logo de la nouvelle sous-marque de Nike, dédiée à la star du basket féminin A’ja Wilson. C’est donc un A majuscule et italique – je le précise parce qu’il ne se décode pas facilement – combiné à une étoile à quatre pointes qui ornera la multitude de produits dérivés.

À moins que ça ne soit une basketteuse sans tête qui prend une pompe à essence pour un poteau de basket… Peu importe, car la simplicité et l’unicité de ce signe en font la force.

Ce n’est pas la première fois qu’une esperluette (c’est ainsi que se nomme le &) tient la vedette dans un logo, mais celui de McInroy & Wood possède un petit quelque chose de spécial. Admirez comme l’esperluette, donc, tient trois rôles à la fois : le sien, celui du C et celui du W, le tout en préservant la lisibilité du nom. Rendu là, savoir qu’il s’agit d’une société de gestion d’investissements écossaise est totalement superflu.

Cette élégante identité visuelle est l’œuvre de Sparks Studio.

En 2024, Les Francos de Montréal ont revêtu leurs nouveaux atours, confectionnés par lg2.

Une typo dans la mouvance rétrosympathique, une palette de couleurs presque enfantine, une saveur très milléniale : il n’en faut pas plus pour rendre l’événement engageant et transformer la Place des Arts en véritable parc d’attractions!

Non, Myota n’est pas une marque de saucisses, mais de suppléments nutritifs censés faciliter la digestion. Sa nouvelle identité visuelle signée Kuba&Friends s’inspire « du système digestif humain », ce qui est à la fois logique et peu ragoûtant, quand on y pense.

Quoi qu’il en soit, ce logo rigolo flatte l’œil avant de soigner le côlon. C’est probablement ça qu’on appelle de la médecine douce.

Honnêtement, je ne savais pas trop dans quelle catégorie mettre le nouveau logo de Bombardier. Maintenant qu’elle se recentre sur les avions d’affaires, notre (ex?) fierté nationale adopte une image beaucoup plus douce, et plus distinctive que les grosses majuscules qu’on connaissait jusqu’ici et qui avaient fait plus que leur temps.

On retombe néanmoins dans une imagerie assez générique, et, comble de l’horreur, c’est une agence américaine (Lippincott) qui a eu le mandat. Au vol!

Scan. Da. Le. En septembre, les rôtisseries Saint-Hubert changent leur photo de profil sur Facebook. En lieu et place du célèbre logo au poulet laid apparaît une version sans volaille! Un coup des maudits wokes vegans? Le dernier signe avant l’apocalypse?

Que nenni, de répondre la directrice des communications : il s’agit d’une simple « signature que nous avions développée pour accompagner notre nouvelle promotion ». Fais-nous pus jamais peur de même, ma cocotte!

En 2022, l’Agencia Espacial Española (Agence spatiale espagnole) avait organisé un concours pour la création de son logo. Un gagnant avait été choisi et payé, pour son logo très simple, mais plein de qualités.

Finalement, en septembre 2024, un autre logo (décevant) est dévoilé à la surprise générale et sans aucune explication. Por qué?

On connaît tous l’astuce graphique du logo d’Amazon : la flèche-sourire qui part du A et pointe vers le Z, comme pour dire « tous les produits de A à Z ». Inutile de dire que ça ne fonctionne qu’en présence de ces lettres-là.

Pourtant, quelqu’un a quand même réussi à tout gâcher en validant ce nouveau logo pour la liseuse Kindle. Pour lire vos livres préférés de K à E, tsé.

Si vous êtes un vieux constructeur britannique d’automobiles de luxe en perte de vitesse, soit vous vous étendez sur l’asphalte pour vous laisser mourir, soit vous tentez le tout pour le tout sous la forme d’un gros feu d’artifice multicolore, histoire d’attirer l’attention.

Devinez laquelle de ces deux routes a choisie Jaguar…

Ces derniers temps, la vie d’Elon Musk est devenu une sorte de comédie absurde dont il est facile de rater un épisode. En mai dernier, l’un d’eux est justement passé sous le radar : le lancement de X TV, chaînon manquant (mais pas tant que ça) entre le réseau X et votre télé intelligente.

Imaginez ce qu’une bonne équipe de designers aurait pu créer comme logo sur cette base. Maintenant, regardez ce qui a été adopté, et pleurez.

Coup de chapeau à nos glorieuses Forces armées canadiennes, qui ont présenté cette chose au public en laissant croire qu’il pourrait s’agir de leur nouveau logo.

Devant les réactions du type : « On dirait un caribou qui subit un examen de la prostate », ou encore : « Un personnage de Minecraft qui prend son épagneul pour une mitraillette », l’état-major a dû ordonner un repli d’urgence en précisant – trop tard – que ce n’était qu’un motif de camouflage destiné à orner les uniformes et certains documents de communication. Une belle stratégie de vainqueurs!

Au concours des logos illisibles, il y aurait beaucoup d’ex-æquo. Une mention spéciale toutefois à Katarzyna Konieczka, costumière polonaise et designer de haute couture, qui se contrefout autant de la lisibilité que de la douceur des formes. Le résultat est étonnant.

À ce stade, on joue quasiment dans la cour des logos métal!

Cette année, impossible de passer à côté de l’effet brat. Cet album de la chanteuse britannique Charli XCX est passé à deux doigts de déclencher un culte par son contenu, mais aussi et surtout pour sa pochette – une pochette, en 2024?

Véritable pied-de-nez aux standards graphiques, ce truc verdâtre qui ressemble à de l’Arial écrasée a été créé sur un jpg de 150 x 150 pixels, puis agrandi sans retenue. S’ensuit un véritable party de pixellisation, de flou et d’artefacts de compression suffisant à rendre malades les puristes. Malgré tout, une génération entière s’y est reconnue.

En gagnant en visibilité grâce à la popularité de son émulateur de jeux, Delta (en violet) a attiré l’attention d’Adobe (en rouge). Forcée de changer son logo pour cause de plagiat, Delta a réagi comme un bambin à qui on ordonne de lâcher ses Lego pour venir souper.

Résultat : un logo en morceaux qui rend perplexe ou fait hurler de rire, c’est selon.

Pas de bon palmarès des pires logos sans un logo accidentellement sexuel! Voici donc MCDental, un cabinet dentaire situé à Prague, et qui semble prendre vraiment à cœur la santé buccale des enfants.

Sérieux, personne ne s’est levé pour dire : « Tchèque ton logo »?

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Il ne me reste qu’à vous souhaiter de belles Fêtes, une glorieuse fin d’année, et des logos complètement brat pour 2025!