.jpg)
On nous dit depuis toujours qu’il faut travailler fort et se lever très tôt afin de s’approprier l’avenir que l’on désire tant obtenir. Travailler fort est un concept que tout le monde pense connaître, mais qui peut vraiment dire avec certitude que c’est ce qu’ils font?
(Aviez-vous lu le 14e épisode: Ce que l’on pense vouloir ?)
À l’école, j’ai eu de bonnes notes sans vraiment passer beaucoup de temps à étudier. C’était facile pour moi jusqu’au jour où mes limites furent testées. Au cégep, je m’étais inscrit dans un programme collégial très pointu : les Sciences humaines. J’ai choisi ce programme avec le profil gestion car, à l’époque, les parents et les orienteurs étaient sous l’impression que faire des mathématiques dans un programme de sciences humaines ouvrait plus de portes. Des portes vers quoi? Je ne l’ai jamais su. Peut-être que c’étaient ces fameuses portes qui donnent sur l’avenir.
Lorsque vint le temps du calcul différentiel et intégral, j’ai échoué mon premier cours à vie. Je ne comprenais pas tout du premier coup et je n’ai pas su m’adapter à l’adversité. Je ne savais pas quoi faire devant quelque chose de plus difficile, devant quelque chose où il fallait que je fasse un effort pour comprendre. Est-ce que la solution aurait été de pratiquer plus ou de faire du temps supplémentaire avec un tuteur? J’ai essayé, mais juste un peu. J’ai plutôt choisi l’option de me faire croire que les sciences pures n’étaient pas faites pour moi. D’ailleurs, c’est encore ce que je pense et de toute façon, je n’ai jamais vraiment eu l’intention de construire des fusées.
J’imagine la personne des admissions à l’École des technologies supérieures me dire :
« Désolé, le programme de sciences humaines ne rencontre pas les prérequis pour votre admission.
– Pourtant, j’ai des sciences humaines avec le profil gestion. On m’a dit que ça ouvrait plus de portes.
– Oui, mais tu connais juste les vecteurs et comment calculer l’aire d’une surface courbe.
– Encore là, je ne suis pas sûr de pouvoir le refaire ! »
Vient ensuite le marché du travail. Nous allons porter nos premiers CV, dans des endroits qui engagent des gens qui ne connaissent rien et où les tâches sont simples et clairement définies. Nous sommes engagés principalement pour notre charisme et notre entregent. Toutefois, un jour vient où être sympathique et jovial ne suffit plus, où il faut aussi avoir des compétences. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour les acquérir? On retourne à l’école, on lit des livres, on cherche sur internet, on se trouve un mentor, on fait des pieds et des mains pour convaincre l’employeur de nous donner une chance. Est-ce que c’est ça travailler fort? J’ai plutôt choisi l’option d’appliquer ailleurs quand on ne me considère pas pour un poste.
Je pense que nous savons tous ce que c’est que de travailler car on peut le calculer en nombre d’heures ou en fatigue ressentie. Cependant, travailler fort c’est quelque chose de plus abstrait. Ce n’est pas seulement faire pour faire. Travailler fort c’est, devant l’adversité, persévérer car la récompense vaut plus à nos yeux que la facilité que nous procure l’abandon.
Nous pouvons travailler beaucoup pour rien, mais on ne peut pas travailler fort si on croit le faire pour rien.
Qu’est ce que ça donne un DEC en sciences humaines profil gestion? Est-ce que les emplois sont plus merveilleux et plus épanouissants qu’avec un DEC sans mathématiques?
Faire 4 ou 5 jours de travail, est-ce que cela affecte plus notre qualité de vie que notre planification financière?
Est-ce que je veux travailler fort ? Oui j’aimerais bien, mais je ne sais pas vraiment comment.
En fait oui, je sais comment, mais je ne sais pas encore pourquoi je le ferais.
David Malo
[email protected]
Twitter: @HommeMoyen
http://www.facebook.com/pages/Les-Aventures-de-Lhomme-Moyen/262405733831648
Le 16e épisode est ICI.