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Curieux de découvrir ce que le web m’offrirait sur le sujet du mois chez Urbania, j’ai googlé le mot « Célibataire ». Je me disais que Wikipédia ouvrirait le bal. Pas pantoute!
Wiki n’est pas sur la première page, ni la deuxième, ni la troisième! C’est en voyant l’interminable défilement de liens menant vers les réseaucontact, agrirencontre, célibataires en ligne, montréalcupidon et autres sites de rencontre que j’ai compris que le but ultime du Web n’était pas de dominer le monde, mais bien de le matcher ensemble.
Le besoin de contact
Swipe à droite, speed dating, petites annonces de rencontre, ligne en fête, émissions Coup de foudre et Allume-moi, soirées dansantes du bar western, communes hippies, festins royaux; peu importe l’époque, notre espèce a toujours eu ce besoin intrinsèque de socialiser, de communiquer, de connecter.
C’est juste que de nos jours, les « contacts humains » se font plus souvent qu’autrement via un appareil électronique.
Cet être suprême et divertissant qu’est le Web s’est rendu compte de ce besoin et nous propose maintenant une panoplie de façons d’entrer en contact avec des gens pour trouver amour, amitié ou cul, dans l’ordre et le désordre.
Se connecter pour connecter
On a vu dans les années 90 la naissance des premiers sites de rencontre. Quelle joie de pouvoir entrer en contact avec un immense bassin de prospects dans le confort de son domicile. Faire des rencontres sans avoir à se mettre sur son 36, bien installés le divan en jaquette ou en pantoufles en mangeant de la crème glacée ou en s’empiffrant d’ailes de poulet.
T’as le monde devant tes yeux, tu vas bien finir par trouver quelqu’un!
L’art de se vendre
L’affaire avec les sites de rencontre, comme n’importe quoi de nos jours, c’est de s’assurer de l’authenticité de l’autre et de son intention réelle. C’est tellement facile de rester anonyme ou de se cacher derrière un avatar et un nom bidon dans l’unique but de niaiser le monde. On le voit sur Facebook, on le voit un peu partout.
Mais quoi écrire dans son maudit profil quand on a une démarche sérieuse? Éric Champagne a consacré sa thèse de doctorat en communication à l’UQAM sur le sujet. Il nous explique dans Réflexivité, communication à distance et communication face à face dans l’usage d’un site de rencontre à des fins sentimentales que la plupart des gens qui fréquentent ce type de sites doivent faire une quête pour mieux se connaître.
Quand on y pense, c’est vrai qu’on n’a pas besoin de se bâtir une fiche lorsqu’on va à la rencontre de l’âme sœur au Lovers. Mais sur un site de rencontre, la première impression, elle se fait avec la fiche du prétendant.
« Pour décrire leurs goûts, leurs intérêts et leurs valeurs, les internautes doivent se livrer à un difficile exercice d’autoréflexion. Certains projettent un soi idéal et mentent volontairement sur leur âge ou sur leur apparence. D’autres se décrivent maladroitement ou n’arrivent pas à définir ce qu’ils recherchent. »
Avoir du succès sur les sites dépend de la façon dont tu te présentes. La première impression se fait seulement à l’aide d’une photo et de quelques mots. T’as donc une bonne job de branding à faire.
Qu’en est-il des applications?
Notre « Docteur » Champagne précise que les sites de rencontre classiques sont encore populaires et les applications de type Tinder marchent très bien, mais il y a aussi un certain écœurement chez plusieurs. La rencontre sexuelle est beaucoup plus facile que celle à visée sentimentale. Certains en parlent en termes de fatigue.
De plus en plus niche
Les sites de rencontre font même des p’tits. Ils donnent naissance à une nouvelle génération de sites, encore plus niche. On est maintenant rendu avec des sites plus ciblés qui permettent aux gens de trouver la perle rare, celle qui a un style de vie ou des intérêts similaires aux tiens. Plus on avance, plus le Web a des allures de cupidon avec un visou assez précis merci.
Le Web veut te matcher pis il est capable de le faire peu importe qui tu es, peu importe ce que tu recherches.
T’es un agriculteur? Le Web peut te matcher.
LGBT? Le Web peut te matcher.
T’as un profil sportif? Le Web peut te matcher.
T’es déjà matché? Pas grave, le Web peut te matcher encore.
Tu veux juste baiser? Le Web peut te matcher.
Tu cherches une Cougar? Le Web peut te matcher.
T’es un foodie? Le Web peut te matcher.
T’es vierge et tu veux une personne vierge? Le Web peut te matcher.
T’es moche? Le Web peut te matcher.
Tu es fan de la marque Apple et tu ne veux rien savoir d’une personne qui utilise un PC ou pire, des produits Samsung? J’te l’dis, Le Web peut te matcher!
T’es gothic? Tu ne laisserais jamais ton animal de compagnie pour un conjoint? T’es végétarien? T’as une ITS? T’es trisomique? Pas de trouble mon ami.
T’es un lutteur albinos russe ou tu un cherches un?
Le Web travaille là-dessus.
MAIS, le Web veut-il vraiment te matcher?
« Le titre est accrocheur, il suscite la curiosité, mais je ne pense pas que le Web veut te matcher. Le Web veut t’aider à rencontrer des gens, le plus de gens possible, mais il ne veut pas te matcher. S’il te matche, il te perd, tu ne vas plus sur le site ou l’application. Et s’il te perd, il perd la mise à jour continuelle de tes données personnelles. »
Ah, p’tit cerveau… N’empêche qu’il a un peu beaucoup raison le doc Champagne.
Pis moi? Ben oui, le Web a même réussi à me matcher. Quatorze ans et deux enfants plus tard, je trouve que le Web a fait une pas pire job.
Pour lire un autre texte de Fred Simard: « J’ai mangé de la nourriture pour animaux »
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