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La météo québécoise pour les nuls

Démocratiser l'obsession de la météo

Par
Audrey PM
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«Ouin, c’pas chaud.» Cet euphémisme, vous l’avez certainement entendu 1 000 fois plutôt qu’une. Parce qu’ici, nous vivons au rythme des sautes d’humeur de la météo, et chaque saison est un nouveau coup de poing au visage.

Et on ne se gêne pas pour le dire. Dans le taxi, autour de la machine à café, en famille: toute bonne conversation commence par un commentaire sur la météo. Est-ce notre façon bien à nous de casser la glace? Oui, mais c’est aussi notre façon de survivre, rien de moins.

Mais si vous êtes fraîchement installé au Québec, il est possible que votre compréhension de nos expressions colorées ne soit pas encore au point. On vous arrange ça.

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«Il tombe des peaux de lièvre»

Se dit quand les flocons de neige sont de très grande taille, rappelant le pelage des lièvres qui devient blanc en hiver. C’est une jolie métaphore poétique et c’est important de le préciser, parce qu’au premier degré, de véritables peaux de lièvre ensanglantées qui s’abattent sur la ville, terrorisant veuves et orphelins, ça ressemble plutôt aux premiers signes de l’apocalypse.

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«Y fait frette»

L’hiver québécois est long et rude. Les températures sont souvent si basses qu’il nous fallait un mot plus fort que «froid», plus intense que «glacial». Quand il fait vraiment, très, beaucoup, énormément froid, il fait «frette». Surtout quand on ajoute un juron avant ou après.

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«Pas chaud pour la pompe à l’eau»

Tout d’abord, je m’excuse au nom du Québec pour cette douteuse métaphore de pénis. Maintenant, quelques explications: auparavant, les pompes à eau (utilisées à défaut d’un système d’aqueduc) gelaient lors de grands froids. Par ailleurs, les vaisseaux sanguins se resserrent avec le froid, diminuant ainsi le flux de sang dans le pinou, ce qui le fait rétrécir. Donc, lorsque quelqu’un dit: «Ouf!!!!! Pas chaud pour la pompe à l’eau, héhé!», il communique deux informations:

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  1. La froideur de la température
  2. L’inexorabilité des lois de la physique

Quant à la pertinence d’informer un interlocuteur de l’état de son engin, c’est une tout autre question.

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«Fait chaud comme dans l’cul d’un ours»

Variante récente de la forme originale «’Fait noir comme dans l’cul d’un ours». Au Québec, le derrière d’un ours est une base de comparaison, et ce n’est pas weird du tout.

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«Les charrues ne sortent pas juste en hiver»

Se dit quand quelqu’un a la braguette ouverte. Peu importe la saison.

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«Été indien»

Phénomène météorologique automnal inspiré d’une chanson de Joe Dassin. Pour que ce soit réellement l’été indien, il faut : être autour de la mi-octobre, vivre des températures très au-dessus des moyennes pendant au moins trois jours, porter une robe longue et ressembler à un aquarelle de Marie Laurencin. Pa la la. Pa la la la la la la.

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«En avril, ne te découvre pas d’un fil; en mai, fais ce qu’il te plaît»

En avril, il ne faut pas faire comme les jock bros de l’Université McGill, c’est à dire sortir en shorts de basket-ball et en flip flops, au risque de prendre froid et de faire un fashion faux pas. Quant à la seconde partie du dicton, il est à noter que l’accent québécois supprime la rime, mais que certains petits comiques persistent à dire: «En mai, fais ce qu’il te PLÉ».

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«Y pleut à boire deboutte»

De circonstance quand il pleut très fort. Cependant, on conseille ici de s’en tenir à l’expression, parce qu’avec tous les polluants présents dans l’atmosphère, boire de l’eau de pluie straight de même, debout ou pas, c’est franchement dégueulasse. Achetez-vous un Brita, pour l’amour.

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«Avoir la guédille au nez»

Ce petit jujube de morve qui pendouille au bout de votre nez à votre insu, le plus souvent par temps froid, c’est une guédille. Ne soyez pas gêné si on vous souligne son existence. Au contraire, c’est un signe de respect.

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Article en plus: Pour lire les conseils d’une Française installée au Québec, c’est par ICI!

Pour lire la suite du magazine: «Un “cocktail” de faits surprenants sur la météo».