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« Lady » de Modjo (partie 2) : que sont-ils devenus?

Rencontre avec les protagonistes de ce vidéoclip culte.

Par
Catherine Genest
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Le temps d’un vidéoclip de trois minutes quarante et une secondes, Patrice Bilodeau, Sarah-Jane Bouchard et Gilles Théberge sont devenus des personnages figés dans le temps, éternellement jeunes et associés à l’âge d’or de l’électro français. Mais que sont-ils devenus depuis ce fameux tournage de l’été de l’an 2000 qui a un peu changé leur vie?

Patrice Bilodeau porte des espadrilles de randonnée, un coupe-vent kaki, des pantalons beiges, une casquette placée à l’envers. N’eût été de ses traits harmonieux, inchangés, on penserait avoir affaire à monsieur Tout-le-Monde. Il travaille aujourd’hui dans les bureaux de Moment Factory, où il occupe un poste de superviseur VFX. Un emploi à des miles de sa vie de modèle, quand il louait un appartement trop cher dans Soho au tournant du millénaire.

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« Je connais plus vraiment le milieu, mais comme mannequin dans ces années-là, le but ultime, c’était pas mal de finir dans une grande ville, que ce soit Paris ou New York, dit-il. Quand on a fait le clip, je vivais in and out à New York. Ça a duré un an et demi, et ça s’est terminé avec le 11 septembre 2001. Ce jour-là, j’étais en vacances deux semaines à Montréal pour venir voir ma copine. C’était pas Sarah-Jane. Sarah-Jane, c’était une amourette. En fait, j’ai été 20 ans avec la mère de mon fils, qui est malheureusement décédée d’un cancer, et on a eu un break de quelques mois à l’adolescence, à 18-19 ans. Ma relation avec Sarah-Jane a été courte, mais ça a fait un beau clip! »

«Je reçois beaucoup de requêtes sur Instagram et Facebook. C’est par centaineS que ça rentre. Ça vient surtout du Nord de l’Europe, de la Russie, de l’Ukraine.»

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Même si Lady cristallise une idylle finalement pas si marquante pour Patrice, l’impact du projet est encore assez retentissant pour lui. C’est en tournant ces images que le Montréalais s’est découvert un intérêt pour le domaine de l’audiovisuel, mais aussi une horde de fans qui inondent ses DMs, sur internet. « Je reçois beaucoup de requêtes sur Instagram et Facebook. C’est par centaines que ça rentre. Ça vient surtout du nord de l’Europe, de la Russie, de l’Ukraine. Je dirais que probablement 50 % viennent de la communauté gaie. »

Une popularité telle qu’un autre gars, un Américain qui lui ressemble, a longtemps essayé de se faire passer pour lui. « Y’a un type qui m’envoyait des mails régulièrement, raconte le réalisateur François Nemeta. C’était il y a une dizaine d’années. Il m’écrivait “you remember me?“, “I was in the video” et tout. Mais c’était Patrice dans la vidéo, et j’ai toujours parlé en français avec Patrice. Le gars m’envoyait sa photo et c’était clairement un fabulateur! Je crois qu’il fantasmait d’être dans cette vidéo. »

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Vieillir comme un bon vin

Deux décennies plus tard, Sarah-Jane Bouchard attire encore les regards pour sa collaboration avec Modjo. « Je me suis fait reconnaître dans un taxi à Tulum au Mexique au moment où la chanson était en train de jouer à la radio. Le chauffeur capotait! Je n’en revenais pas. »

«Je me suis fait reconnaître dans un taxi à Tulum au Mexique au moment où la chanson était en train de jouer à la radio. Le chauffeur capotaiT!»

Avant de devenir sommelière et maître d’hôtel, Sarah-Jane a continué à jouer devant la caméra pendant un temps. Quelques mois après Lady, elle a même été engagée pour incarner la Miss Ecstasy de Dumas dans le vidéoclip de la chanson homonyme. Un rôle de vamp qui tranche avec celui de la fille ultra naturelle, pas maquillée du tout, qu’elle campe devant la lentille de François.

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Tous les chemins mènent à Lanaudière

«Je travaillais dans l’automobile dans ce temps-là, et je fais encore ça maintenant.»

Pour Gilles Théberge, le chauffeur désigné dans le vidéoclip, le flirt avec la célébrité a été de courte durée. Ni mannequin ni acteur, il n’a jamais non plus entretenu de telles ambitions. Si c’est Romain Tranchart et Yann Destagnol de Modjo qui portaient les chiennes de travail de mécaniciens dans le vidéoclip, c’est Gilles qui a toujours revêtu cet uniforme dans la vraie vie. « Je travaillais dans l’automobile dans ce temps-là, et je fais encore ça maintenant. Je suis en esthétique automobile, c’est moi qui restarte les voitures à neuf, qui fait le polissage, le shampooing intérieur, le cirage, les protections de peinture, de cuir, etc. »

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Bien qu’il ait grandi entre Saint-Henri et Ville-Émard, qu’il soit un vrai gars de Montréal, profondément enraciné sur l’île, Gilles réside depuis trois ans à Sainte-Julienne, dans Lanaudière.

Comme s’il était revenu sur les traces de Lady. Comme si ce tournage d’une fin de semaine avait, finalement, eu l’effet d’un présage pour lui.