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« Lady » de Modjo (partie 1) : la folle histoire d’un clip culte tourné au Québec

Une vidéo vue plus de 173 millions de fois sur YouTube.

Par
Catherine Genest
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C’est le genre de chanson que tout le monde peut fredonner sans en connaître le titre. Le vidéoclip de Lady, titre phare du courant de la French Touch, cumule au moment d’écrire ces lignes pas moins de 173 millions de vues, rien que sur YouTube. Et c’est dans la région de Montréal que les images ont été filmées il y a plus de deux décennies.

Retour à l’été 2000. Daft Punk n’a pas encore sorti Discovery et gagné le cœur du (très) grand public, mais Music Sounds Better With You de Stardust, projet parallèle éphémère de Thomas Bangalter, résonne sur les pistes de danse depuis deux ans. La house filtrée en provenance de l’Hexagone a la cote partout dans monde quand Romain Tranchart et Yann Destagnol, les gars de Modjo, ont la bonne idée d’échantillonner le riff de guitare de Soup for One du groupe Chic pour en faire un nouveau morceau. Ils tiennent un hit, ils le savent.

«On a fait ça avec une caméra à crinque. Il y avait à peu près 12$ de budget au total, peut-être 14.»

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Pourtant, le vidéoclip accompagnant la mise en marché du single Lady a été tourné avec trois bouts de ficelle. « On a fait ça avec une caméra à crinque. On avait, je pense, 20 ou 30 secondes maximum par plan. Il y avait à peu près 12 $ de budget au total, peut-être 14 », ironise Patrice Bilodeau en riant, mais sans aucune malice.

Il est l’un des trois acteurs qui fascinent encore le web, c’est lui l’éphèbe aux cheveux bruns et aux yeux pâles qu’on voit déambuler sous la tente d’un festival country à Saint-Félix-de-Valois en compagnie d’un de ses meilleurs potes, Gilles Théberge, et de sa blonde de l’époque, Sarah-Jane Bouchard. Elle se souvient : « Patrice et moi habitions dans le même quartier, dans Rosemont, et on a aussi fréquenté la même école primaire. »

Alors mannequin pour de grosses campagnes de la marque Point Zéro, des pubs qu’on voyait sur les panneaux d’autoroute au tournant du millénaire, Patrice est le seul qui a véritablement été convié à l’audition pour le vidéoclip de Modjo. À la demande du client, il débarque avec sa copine Sarah-Jane. Gilles, lui, les attend à la sortie.

« On s’en allait, on était de dos, et ils nous ont couru après pour nous rattraper tous les trois, se souvient Théberge. On a repassé le casting ensemble, et ils nous ont pris. […] Il me semble que j’ai fait comme 900 $, je te dirais. C’était cool, j’étais motivé. C’était de l’argent facile, surtout à 17 ans. »

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Une grosse virée dans Lanaudière

Une ferme de Saint-Damien, un snack bar de Saint-Jean-de-Matha, un motel de Joliette, le sommet du mont Royal… La fascination pour le vidéoclip de Lady est telle qu’un fan a même créé une carte pour celles et ceux qui souhaiteraient, à la manière d’un genre de pèlerinage, recréer le roadtrip des trois figurants.

«Je me suis dit que ce serait cool de faire un truc un peu comme Breakfast Club, avec des ados.»

Pourtant, le réalisateur François Nemeta n’était jamais venu au Québec avant de travailler sur ce projet. « J’étais très influencé par les feel-good comedies américaines, Back to the Future, les films de John Hugues. Je me suis dit que ce serait cool de faire un truc un peu comme Breakfast Club, avec des ados, des teenagers. Du coup, ça collait pas à la France! »

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C’est comme ça, par soif d’aventure et parce qu’il cherchait une espèce d’hybride entre son pays et les États-Unis, qu’il est atterri à Montréal avec les deux membres de Modjo, Romain et Yann, qui incarnent d’ailleurs les deux garagistes dans le vidéoclip. Des rôles de composition, entendons-nous, pour ces deux Français qui n’avaient pas encore fini leurs études.

Deux ans plus tard, ils se séparaient, sans se douter que Lady, la bombe qu’ils avaient créée, leur survivrait encore longtemps.

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