Par les temps qui courent, La Petite Vie, Caméra Café, Un gars une fille, les revivals sont comme les guêpes l’été : PARTOUT. Qu’on se réjouisse ou non du retour de nos vieilles séries, on ne peut pas nier que la nostalgie est en vogue. Qu’on parle de la musique des années 80, de la décoration kitsch ou des jeans taille basse ( ça, c’est inacceptable), on est prisonniers de la fameuse « mode cyclique ».
J’ai envie d’amorcer une réflexion sur notre besoin de nostalgie, qui se reflète dans les revivals et dans le contenu rétro.
D’abord, j’ai voulu voir ce que les gens (sur Facebook…) pensent de ce phénomène. Je me suis donc amusée, comme d’habitude, à me balader dans les sections commentaires des publications annonçant le retour de La Petite Vie. Si on peut en dire quelque chose, c’est que ça soulève les passions! On y retrouve de l’excitation souvent mêlée à une déception de ne pas avoir l’exacte même chose qu’avant, du genre : « Sans Serge Thériault, c’est non ». On y voit aussi des gens qui redoutent le fait de revisiter l’univers de la famille Paré. Que, peut-être, c’était bon dans l’temps et avec les valeurs de l’époque, mais que ça se transpose mal aujourd’hui.
C’est bien beau les réactions, mais pourquoi existe-t-il tant de contenu rétro et de retours?
Pour moi, les œuvres sont associées à des moments et des sentiments. Je les aime évidemment pour ce qu’elles sont, mais beaucoup pour ce petit plus qu’est ce contexte qui l’enveloppe.
On dit que les temps sont incertains (quand ont-ils déjà été certains?) et je me demande si cette insécurité et ces craintes par rapport à l’avenir ne participent pas à notre soif de nostalgie. Peut-être qu’il y a quelque chose de rassurant dans la certitude qu’on retrouve avec du contenu qu’on connaît.
Personnellement, je réécoute certains films et certaines séries télé annuellement. Du genre : « c’est le printemps, je vais me retaper Les Invincibles » pour aucune autre raison que parce que ça me fait du bien et que ça me remémore certains moments de ma vie. Je me souviens de ce que je faisais à ma première écoute ou à une autre. Quand j’écoute la saison 2 des Invincibles, par exemple, ça m’évoque l’une de mes fins de session universitaire. Je laissais rouler des épisodes du coffret DVD loué en bibliothèque pendant que je terminais mes travaux qui allaient être remis à une minute de la date limite. (Je suis une personne qui a besoin de CHAOS pour fonctionner. Peut-être que je me mens.) Pour moi, les œuvres sont associées à des moments et des sentiments. Je les aime évidemment pour ce qu’elles sont, mais beaucoup pour ce petit plus qu’est ce contexte qui l’enveloppe.
Autre chose. Il y a assurément une peur du risque de part et d’autre avec les revivals. Les diffuseurs préfèrent miser sur quelque chose qui a déjà du succès ou, du moins, qui est déjà connu. Et nous, par crainte de « perdre » une soirée avec un nouveau film qu’on va hypothétiquement détester, on finit par réécouter un vieux Buffy.
Les séries d’aujourd’hui qui se déroulent dans les décennies 1970 à 2000, en veux-tu, en v’là! Ça cartonne, on en redemande.
Il me semble toutefois que le risque est tout aussi grand avec un revival. Comme je l’écrivais plus haut, le grand public a des attentes. Selon mes humbles observations et mon propre vécu, ces attentes sont encore plus élevées lorsqu’il s’agit d’une œuvre qu’on aime ou qu’on a aimée. Beaucoup veulent le kit au complet, pareil comme dans l’temps. Mêmes acteurs, mêmes décors et couramment, mêmes blagues douteuses. Le genre de blagues qui ne vieillit pas comme du vin, à part du vin nature.
Risqué pour la production, donc, mais risqué également pour nous, le public. Ne pas prendre de risque, c’est prendre un risque : celui de passer à côté de petits bijoux méconnus ou bien celui de s’aiguiser l’esprit critique en écoutant un navet et pouvoir expliquer pourquoi ça l’est. On se prive de discussions, de partager nos points de vue et nos découvertes. C’est bien beau de se répéter qu’il faut passer à travers les pénibles premières saisons de toutes les séries de Star Trek, mais parlons aussi des nouvelles productions, bon sang!
Il n’y a pas que les revivals qui ont la cote. Le contenu rétro ne laisse pas sa place, lui non plus. Les séries d’aujourd’hui qui se déroulent dans les décennies 1970 à 2000, en veux-tu, en v’là! Ça cartonne, on en redemande. On aime l’esthétique, les références historiques et le regard critique contemporain sur les valeurs de l’époque.
Dans le cas des séries à contenu rétro et des revivals, ce serait comme une réexpérience, un accès à une réalité qui nous échappe aujourd’hui et qui nous semble beaucoup plus paisible, candide et simple.
Revenons aux bases. C’est quoi la nostalgie, au fond? Selon le bon vieux Larousse :
– Tristesse et état de langueur causés par l’éloignement du pays natal; mal du pays.
– Regret attendri ou désir vague accompagné de mélancolie.
Un regret attendri, un désir vague. Est-ce qu’on aime ce qui nous rappelle le passé parce qu’on a le mal du temps qui passe? Et les plus jeunes, ceux qui n’ont pas connu MSN Messenger, aiment-ils les séries rétro pour vivre ces époques par procuration? Cette ère pré-réseaux sociaux, pré-Zoom, où les mots « crise climatique » étaient presque inexistants. J’en parle et je suis moi-même envieuse de ce que j’ai vécu.
Ça me fait penser au philosophe Gadamer, que j’ai eu le plaisir (sans blague!) d’étudier à l’université. Selon lui, les œuvres d’art nous transforment, elles nous entraînent dans leur réalité. Elles sont vouées à être présentées, les spectateurs font donc partie des œuvres. Elles nécessitent un accueil et une réponse. Ce sont des expériences du réel.
Ce avant nous a tout de même menés à ce qui en est aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire.
Dans le cas des séries à contenu rétro et des revivals, ce serait comme une réexpérience, un accès à une réalité qui nous échappe aujourd’hui et qui nous semble beaucoup plus paisible, candide et simple. Vu de même, c’est pas complètement timbré d’apprécier ça. Peut-être qu’en y étant exposé, on cherche à retrouver ou à s’inspirer d’un mode de vie plus rudimentaire et moins anxiogène.
Ne vous méprenez pas, je suis loin de vouloir conclure en disant : « C’était mieux avant ». Ce avant nous a tout de même menés à ce qui en est aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire. Et on peut certainement apprécier le avant, mais on doit aussi s’intéresser au maintenant. Laissons donc la chance aux nouvelles idées d’émerger et de nous transformer.
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