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Fine observatrice, j’ai remarqué que pour bien des gens de ma génération, il n’est pas rare de croire que l’amour est équivalent à la légende de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours.
“Where is the loooove?!”, qu’on scande, telle une Fergie en perte de repères, circa 2003.
On devient vite blasés des relations amoureuses, trop tôt frappés par ce cercle vicieux: “Je ne crois pas en l’amour, donc j’me tourne vers des partenaires qui ne m’y font pas plus croire, parce que je n’y crois pas anyway…”.
Tant qu’à prendre ça au sérieux et risquer d’être déçu, pourquoi ne pas multiplier les chances de rencontres et de conquêtes en jouant un peu? Le “jeu de la séduction”, c’est ce qu’on dit, right?!
HELLLLOOOOO TINDER!
Une question se pose ici : est-ce que jouer avec les relations humaines est vraiment devenu une source de divertissement?
C’est qu’habituellement, les jeux de société viennent avec des règles quand même claires. Et se jouent avec une planche et des pions. En plastique. Et le plastique, ça n’a pas beaauuucoup d’émotions…
Quand on prend notre lit ou la vie comme planche de jeu et un être humain en guise de pion, on va se le dire, il y a quand même certaines chances que ça se complique.
Il se peut aussi que la partie soit génialissime, n’écartons pas cette éventualité. Avoir un one-night agréable avec une personne consentante qui n’a pas plus d’attentes que soi, ç’a un sens, oui. On a le droit d’aimer ça, les feux de Bengale! C’est éphémère, mais c’est beau, ça brille, c’est l’fun!
C’est juste que si on a frette en dedans, il ne faut pas s’attendre à ce qu’une tige qui pitch des flammèches nous réchauffe l’âme. Il est là le problème… C’est qu’il faudrait en allumer une trâlée de feux de Bengale pour avoir des résultats concluants en termes de chaleur. Et pendant que certains vont brûler, d’autres vont s’éteindre :
“Un match, une conversation entamée. Un match, une conversation en suspens. Un match. Rien. Un match, une rencontre. Ça ne clique pas. Un match, une conversation entamée. 3 rencontres. Ça ne clique pu. Un match.” [bis]
Beaucoup d’énergie pour peu de résultats.
Cue Annie Major-Matte: “Ce n’était qu’un feu d’paille, I never said I love you!” (avec sous-titres espagnols svp).
One hit wonder.
À force de jouer, de jouer et de rejouer sans savoir quelles sont les règles ni quand la partie s’arrêtera, il est possible qu’on se tanne. Et qu’on ne veuille plus jouer. Parce qu’on trouve qu’on a trop perdu. À un jeu dont on ne connaissait ni les règles ni le but.
Mais on a perdu pareil.
Et ça, ça craint.
C’est là qu’on se sent souvent désincarné et donc désenchanté… Voilà : je suis d’une génération désenchantée. Parce que oui, c’est souvent à ce moment que tout est chaos. Investir dans une baise pour se réchauffer le corps = ok. Investir dans une baise pour se réchauffer le cœur = souvent frustrant.
Alors on investit dans quoi pour se réchauffer l’dedans de façon durable?
Proposition de circonstance : substituer la baise par la braise. Avec un “R”.
Ça brûle longtemps, la braise! Ça peut sembler moins spectaculaire, c’est moins instantané, mais c’est plus durable. C’est sûr que pour arriver à la créer, il faut partir un feu. Et ça demande de la réflexion… Par exemple, si au départ on choisit du bois mouillé, on risque de rusher sur un moyen temps pour allumer la chose. Et si on s’attend à ce que la braise surgisse rapidement, là aussi, on va être déçu. Il se peut qu’on trouve ça long. Et ça ne trend pas fort, la patience, en 2015… Il est alors possible qu’on ait le goût de retourner aux flammèches.
Le truc c’est qu’à la fin, le résultat va être différent.Tout dépend de ce qu’on recherche… La pyromanie ou la combustion lente?
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Pour lire un autre texte sur les relations amoureuses: L’amour lucide de Brigitte des RoseMomz