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#JeSuisChinois

La fois où Éric a parti un mouvement de solidarité Sino-Québécois.

Par
Éric Duhaime
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« Un Chinois! Ben ça c’est l’boutte! »

-Elvis Gratton

Dimanche dernier, mon chum et moi sommes allés à notre restaurant préféré du quartier chinois de Montréal pour notre traditionnel dim sum.

À notre grande surprise, au lieu de l’habituel line-up à l’entrée, nous nous sommes retrouvés dans un restaurant pratiquement vide. Qu’est-ce qui se passe?

Ben oui, il semble y avoir des Québécois effrayés par le coronavirus qui ont ben ben peur de côtoyer des personnes d’origine chinoise.

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De « dangereux » Chinois généralement nés ici, qui n’ont jamais mis les pieds dans le pays d’origine de leurs parents ou grands-parents.

Et, malheureusement, la paranoïa ne s’arrête pas aux portes d’un resto du Chinatown ou de Brossard. Au cours des derniers jours, on a vu des parents réclamer que leur enfant change de place en classe pour ne pas qu’il se retrouve assis à côté d’un élève d’origine chinoise. Des garderies de la Rive-Sud ont aussi dû composer avec des parents anxieux à l’idée que leurs poupons ne côtoient des petits amis atteints du coronavirus.

Malheureusement, la paranoïa ne s’arrête pas aux portes d’un resto du Chinatown ou de Brossard.

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J’ai même un auditeur mi-blagueur (on le souhaite ardemment) qui m’a avoué avoir jeté son pâté chinois aux vidanges et une autre qui m’a confessé avoir mis plus de ketchup qu’à l’habitude sur son steak-blé d’Inde-patates « pour être ben certaine de noyer tous les microbes… »

Pour le fun, j’ai contacté six pharmacies à Québec et plus une seule n’avait de masques à vendre. Pas juste les deux femmes masquées dans un supermarché de Shawinigan qui s’énervent le poil des jambes, on dirait.

Les appels au calme du premier ministre François Legault ou du directeur de la santé publique Horacio Arruda ne parviennent pas à freiner l’épidémie de corona-anxiété.

Demandez à votre cassier au dépanneur qu’il vous confirme aussi que les ventes de Corona sont en chute libre. C’est triste, je sais. Le monde ferait présentement des liens entre la célèbre bière mexicaine et le virus du même nom qui fait des siennes 12 818 km plus loin. Même Air China n’avait pas pensé à cette liaison-là avant.

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Des cabochons partout dans le monde

Mais rassurez-vous, les Québécois ne sont pas les seuls cabochons dans cette histoire. Ailleurs dans le monde, la panique est la même. Les Chinois subissent présentement les foudres de tous, à peu près partout sur la planète, à Paris notamment.

À regarder ça, je comprends et je me désole. Évidemment que les gens veulent se protéger et s’isoler de l’épidémie. C’est humain. Ce qui est aussi humain, c’est de capoter pour rien. Je le rappelle, il n’y a, encore à ce jour, AUCUN cas recensé au Québec de personne infectée. Même en Chine, le nombre de morts n’est présentement qu’une fraction du nombre de vies que vient faucher la grippe au Québec tous les ans.

Les Québécois ne sont pas les seuls cabochons dans cette histoire. Ailleurs dans le monde, la panique est la même. Les Chinois subissent présentement les foudres de tous, à peu près partout sur la planète, à Paris notamment.

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S’il y a une communauté qui mérite pourtant toute notre compassion et notre appui, c’est bien celle les Québécois d’origine chinoise. Je les appelle affectueusement nos immigrants fantômes. Malgré leur nombre relativement élevé, vous ne pouvez probablement pas m’en nommer un seul comme personnalité publique bien en vue. À titre d’exemple, la communauté haïtienne compte plein de « vedettes », de Michaëlle Jean à Dany Laferrière, en passant par Jean Pascal, Dominique Anglade ou Bruni Surin.

La communauté chinoise, dont la diaspora s’élèvera à environ 80 000 ressortissants en 2006, semble plus discrète. Vous me direz qu’il y a la barrière linguistique. Ç’a été un facteur pendant une génération, mais ce n’est certes plus le cas.

Au service des Québécois d’origine chinoise

À regarder autour de nous, on voit plein de jeunes asiatiques qui parlent un français impeccable. On note ( et pardonnez le cliché ) qu’ils semblent cependant plus intéressés par la science ou les affaires que par l’activisme politique.

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J’ai bien l’impression qu’ils ont souvent une éthique de travail supérieur à la nôtre. On ne les retrouve pas au bureau de chômage. Ils ne revendiquent pas des jobs dans la fonction publique ni des accommodements religieux.

Leur culture est de bosser plutôt que de manifester. Tellement réservés qu’ils ne dénoncent même pas la stigmatisation dont ils sont présentement victimes.

Puisqu’ils ne le font pas, je vais mettre ma grande gueule et ma plume acide à leur service.

Puisqu’ils ne le font pas, je vais mettre ma grande gueule et ma plume acide à leur service.

Plutôt que d’écrire pour dénoncer l’imbécilité de mes contemporains, je lance plutôt une mode pour faire reculer les frontières de notre ignorance collective. Je pars, maintenant et ici, le mouvement #JeSuisChinois en solidarité avec les Sino-Québécois et j’invite tout le monde, à commencer par toi le (la) lecteur (trice) d’URBANIA, à fréquenter au moins un commerce détenu par une personne d’origine chinoise au cours de la prochaine semaine.

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Photographiez votre achat et partage-le sur les réseaux sociaux avec mon hashtag.

On va vaincre le racisme et l’abrutissement, un dim sum et une Corona à la fois.

Ganbei!